Tyson Gay n’a qu’un objectif « make the team » à l’occasion des championnats US qui auront lieu ce week end à Eugene. Ce sera également l’objectif de son nouveau coach, John Smith, qui à 60 ans, se lance un nouveau défi.
Certes, il se cachait derrière les succès de Carmelita Jeter et Jason Richardson lors du Mondial de 2011 disputé cette année-là à Daegu. Mais John Smith ne captait plus la lumière comme ce fut le cas dans le passé avec Maurice Greene et Ato Bolton dans son groupe HSI, avec Marie José Pérec à Atlanta et bien avant encore avec Kevin Young et Quincy Watts à Barcelone.
A 60 ans, John Smith is back. L’entraîneur de sprint américain qui ne compte plus les succès avec ses ouailles, se retrouve à nouveau dans un rôle dont il est loin de rechigner. Parler, expliquer, se pavaner devant les cameras et les micros. Homme de paroles et de gestes que les chaînes de TV s’arrachaient avec gourmandise comme ce fut le cas de Canal +, jouant les toutous derrière le coach californien lorsque celui-ci prenait en charge la destinée de Marie José Pérec pour la conduire vers un doublé historique aux J.O. d’Atlanta.
Comme aujourd’hui avec l’affaire Salazar, tous les bruits ont couru à propos de cet entraîneur qui fut un excellent coureur de 400 au milieu des années 70 et membre du staff de l’UCLA. Mais celui-ci a traversé toutes les tempêtes, tous les orages, dont l’affaire Charlie Francis, sans se brûler les ailes. Son seul crédo pour expliquer les résultats de ces sprinters carrossés comme des obus à l’image de Carmelita Jeter : le travail, le travail et le travail. Le message est connu.
John Smith, avec 25 ans de carrière, connaît sur le bout des ongles tous les scénarios possibles en terme de préparation
A l’amorce des sélections américaines se déroulant ce week-end dans la Track Town de Eugene en Oregon, John Smith sera à la fois observateur et observé. Car depuis ce printemps, il est devenu officiellement le coach de Tyson Gay qui après avoir purgé sa suspension d’une année pour contrôle positif, a décidé de quitter la Floride pour Los Angeles. Dépouillé de sa médaille d’or des J.O. de Londres avec le relais 4 x 100, séparé de son ancien entraîneur, Jon Drummond qu’il « balançait « pour sauver sa peau, des confessions larmoyantes en batterie sur Youtube, Tyson Gay s’en est remis à John Smith, qui avec 25 ans de carrière, connaît sur le bout des ongles tous les scénarios possibles en terme de préparation, même les plus complexes, comme lorsqu’il faut remettre dans le bon couloir un athlète d’un tel standing frappé par une suspension.
Il a donc appris à connaître ce sprinter, vieux routier des lignes 4 et 5, en surpoids, naviguant entre deux eaux, entre revanche, mea culpa de raison et coups de blues.
Avec un temps de 9’’88, précisément à Eugene, lors du Prefontaine Classic, Tyson Gay s’est recalé dans les blocks. Lors des trials, le duel Gay – Gatlin n’aura pas lieu sur 100 mètres, Gatlin déjà qualifié pour Pékin, ne s’alignera que sur 200. La voie est donc libre pour le repenti et son coach. La lumière, avec ou sans filtre, est au bout du couloir. Les micros aussi.
> Texte et photo : Gilles Bertrand