Hamza Driouch a été suspendu pour deux ans, en raison d’irrégularité sur son passeport biologique. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. L’ex-Marocain représentait le Qatar depuis 2012, et il n’a que 20 ans !
Hamza Driouch faisait partie des très grands talents marocains, et dans son pays natal, on le présentait souvent comme le futur Hicham El Guerrouj. Mais le jeune athlète s’échappait pour répondre aux appels du Qatar, officiellement le pays où il résidait avec son frère après le décès de leur père.
Le Qatar accueillait l’un des plus talentueux athlètes mondiaux de sa génération, capable de courir en 3’33’’69 à seulement 17 ans et demi ! Un chrono qu’il réalisait en mai 2012 au meeting de Doha sous les yeux de ses nouveaux compatriotes.
La secousse était forte au Maroc de voir un tel talent s’envoler, et même Hicham El Guerrouj nous avait confié en juin 2012 sa déception de ce départ, évoquant même des « erreurs » de l’athlète et de son entourage.
Sous son maillot quatari, Hamza Driouch s’affirmait au championnat du monde junior de Barcelone, avec la victoire. Quelques semaines plus tard, il exhibait ses nouvelles couleurs aux Jeux Olympiques de Londres, où il se bloquait en demi-finale.
Hamza Driouch, conseillé par Jama Aden
Mais la suite de son parcours n’allait nullement se situer dans cette continuité, et les deux saisons suivantes, Hamza Driouch ne progressait plus, scotché en 3’39’’ en 2013 et 3’44’ l’année dernière.
Une évolution peu en adéquation avec le potentiel distingué dans ses jeunes années, et d’autant qu’il évoluait sous la houlette de Jama Aden, le coach somalien, une référence mondiale grâce à ses protégés, Genzebe Dibaba, ou encore Taoufik Makloufi. Il s’était aussi posé comme le conseiller de la Française Laïla Traby, quelques mois avant son contrôle positif.
Dans ce cadre, l’annonce de la suspension de Driouch prend d’autant plus d’envergure, qu’il s’agit d’une sanction effectuée au vu d’irrégularités sur son passeport biologique. Une décision très difficile à prendre comme l’avait souligné récemment Thomas Capdevielle, le nouveau boss de l’anti-dopage à l’IAAF, insistant sur les problèmes d’interprétation des graphiques conçus à partir des profils sanguins constituant les passeports biologiques.
Mais il est notable que par définition, ces irrégularités ne peuvent être constatées qu’après une observation sur une certaine durée, pour détecter des pratiques douteuses provoquant des décalages de courbes. En clair, cela signifie que les dérives d’Hamza Driouch remontent probablement dans le temps. Et comme il n’a qu’à peine plus de 20 ans, cela ne lasse pas d’inquiéter sur l’approche dopante d’un si jeune athlète.
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand