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Habib Mosbah suspendu 4 ans pour dopage à l’EPO

Habib Mosbah a été suspendu 4 ans par la FFA à la suite de son contrôle positif à l’EPO courant février. Le Perpignanais ne s’est pas présenté à la commission anti-dopage de la FFA le 24 avril. L’affaire Mosbah pourrait connaître des rebondissements, de l’EPO a été découverte à son domicile lors de la perquisition effectuée en mars dernier…
Par Odile Baudrier

 

habib mosbah Inter de cross Ales 2018

Quatre ans de suspension pour Habib Mosbah. C’est la décision prise par la commission anti-dopage de la FFA qui s’est réunie le 24 avril. En l’absence du Perpignanais, qui n’avait pas fait le déplacement, même s’il avait clamé à l’annonce de son contrôle positif qu’il fournirait ses explications devant cette commission. Ses membres, sous la houlette de Michel Marle, Monsieur Anti-Dopage à la FFA, n’ont pas eu beaucoup à débattre pour décider de sa sanction. La durée de quatre ans respecte le code mondial du dopage, et la présence d’EPO ne peut être justifiée par aucune circonstance médicale atténuante.  La seule possibilité de réduction aurait pu résulter d’une collaboration d’Habib Mosbah avec les autorités anti-dopage, pour fournir des informations sur des fournisseurs, athlètes, entraîneurs ou autres personnes impliquées dans le dopage.

Même si Habib Mosbah conserve la possibilité de faire appel de cette décision devant la commission d’appel de la FFA, c’est ainsi que devrait s’achever la carrière du Perpignanais, qui dominait les courses sur route de sa grande région du sud-ouest.

Une perquisition découvre de l’EPO

Cette affaire ne pouvait guère connaître une autre issue, mais un autre volet pourrait apparaître, après la découverte à son domicile d’ampoules d’EPO, suite à la perquisition menée le 21 mars 2018. Une découverte très embarrassante dont Habib Mosbah s’est bien gardée de faire état via les réseaux sociaux, alors même qu’il a su activer tout son réseau pour obtenir leur soutien après l’annonce de son contrôle positif.

Un contrôle qui l’a pris par surprise, à l’issue du Régional de cross du 4 février 2018. Il y était apparu inexistant, comme il allait l’être à Alès le 18 février pour l’interrégional de cross. Il y obtenait in-extremis sa qualification pour le Championnat de France de cross, mais n’effectuait pas le déplacement. Officiellement car son objectif était celui du Marathon de Montpellier du 25 mars 2018.

Toutefois à la lumière de son contrôle positif, plusieurs coureurs et observateurs ont ré-analysé ses courses des régionaux et inter de cross pour en conclure qu’il cherchait sans doute à finir très loin pour éviter les contrôles anti-dopage. Toutefois les très efficaces contrôleurs de l’AFLD ne l’entendaient pas de cette oreille, Habib Mosbah se voyait contrôlé à Vergèze malgré sa 51ème place. Le soir même, il se plaignait même sans vergogne sur son Facebook  d’avoir été contrôlé malgré sa piètre performance.

Habib Mosbah et Nicolas Fernandez à l'entraînement en début d'année

Habib Mosbah et Nicolas Fernandez à l’entraînement en début d’année

Ce n’était pas la première fois qu’Habib Mosbah prenait à témoin sa communauté sur Facebook pour se mettre en scène durant ses contrôles, avec photos à l’appui. C’est qu’après l’affaire Fernandez, Habib Mosbah était visiblement dans le collimateur de l’anti-dopage. Nicolas Fernandez et Habib Mosbah sont des amis proches, très souvent ensemble à l’entraînement, à Font Romeu, comme sur la piste du stade à Perpignan. C’est Habib Mosbah qui avait poussé Nicolas Fernandez à se licencier à ATHLE 66. Après le contrôle à l’EPO de Fernandez survenu début décembre 2016 au Cross de Carcassonne, Habib Mosbah se voyait à plusieurs reprises soumis à des contrôles anti-dopage, y compris inopinés.

Les contrôles se multiplient

Ainsi le 12 janvier 2017, il souligne via Facebook avoir été soumis à un contrôle anti-dopage à l’issue de son entraînement sur piste, justement mené avec Nicolas Fernandez. Le 5 février 2017, alors que l’information sur le contrôle positif de Fernandez circule de manière officieuse, Habib Mosbah est contrôlé lors de l’interrégion de cross à Saint Juéry, où il est présent seulement en spectateur, après avoir renoncé au dernier moment à participer, et à nouveau, il diffuse les photos sur FB.

Quelques semaines plus tard, le 2 mars 2017, un contrôle inopiné à son domicile au petit matin tourne court, le contrôleur se voit éconduit par le frère de Mosbah, qui lui affirme que celui-ci est déjà parti s’entraîner. Et Mosbah se répandra ensuite sur Facebook en soutenant qu’il court très tôt, à la kenyane, et il n’hésite pas à divulguer sur cette page le numéro de téléphone du contrôleur…

Ensuite les autres contrôles dont il fait état publiquement se déroulent à l’issue de ses compétitions. Le 30 avril 2017, à l’arrivée du Marathon d’Albi, qu’il a terminé 2ème. Le 21 mai 2017, aux 10 km de Toulouges, il termine 6ème. Le 24 juin 2017, à l’issue de l’Ekiden de Rodez, où avec son équipe de Team 12, il a pris la 2ème place. Mais à partir de cette épreuve, ses performances vont connaître un vrai tassement, il enchaîne ensuite les contre-performances et les abandons, comme récemment lors du semi-marathon de Barcelone, où il sortait après 2 kilomètres de course.

Cet hiver, il se limite à une nouvelle victoire à la Ronde Givrée de Castres, courue en équipe, la dernière de sa carrière sous les couleurs de l’ATHLE 66. Il évoluait depuis près de 15 ans dans ce club, d’abord dénommé ASU Perpignan, puis devenu Athlé 66.

La prison pour go fast

Habib Mosbah y signe en 2004, il a alors 25 ans et il court le 10 km en 32’48’’. Avant 2004, il n’apparaît dans aucun résultat. Quatre ans plus tard, en 2008, les donnes ont radicalement changé, les records sont tombés, le marathon en 2h23’, le semi en 1h05’57’’, le 10 km en 29’30’’. Mais la carrière d’Habib Mosbah s’interrompt brutalement lorsqu’il se voit incarcéré à la prison de Perpignan pour son implication dans un trafic de drogues, par un « go fast ». Ce n’est qu’en 2012 qu’il réapparaît après avoir purgé sa peine. Il aurait d’ailleurs remporté durant son séjour dans cette prison le cross organisé à l’époque par un éducateur sportif.

A sa sortie, Habib Mosbah ne retrouvera plus le niveau qui avait été le sien, mais ses performances lui ramènent de nombreuses victoires et podiums sur les épreuves régionales, et il se retrouve souvent mis à l’honneur dans la presse locale. Il connaîtra aussi son moment de gloire lors du Marathon de New York en novembre 2015 lorsqu’il se place dans le groupe de tête aux côtés des grands noms du marathon, durant 20 km.

35 courses en 2015, 29 en 2016

Sur la lancée, il connaîtra un début de saison 2016, tonitruant, lorsqu’il enchaîne le 5 mars à la Grande Motte trois courses dans la même journée, le 5 km (1er), le 10 km (3ème), le semi (2ème), ce qui sidère beaucoup d’observateurs incrédules. Une semaine plus tard, il termine 3ème du semi de Blagnac, et quinze jours plus tard, il remporte le Marathon de Kourou en Guyane.

Les enchaînements de compétitions ne l’effraient pas, ils accumulent les courses, 35 en 2015, 29 en 2016, tournant les semis autour de 1h07’-1h08’, les 10 bornes en 31’. Début 2017, cela s’accélère avec un chrono de 2h23’59’’ au marathon de Séville. A 37 ans, il ne se situe plus alors qu’à 30 secondes de son record établi près de 10 ans plus tôt.

Mais en ce début 2018, Habib Mosbah va être rattrapé par la patrouille… Enfin, a-t-on beaucoup entendu dans la communauté du running !

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand

La décision a été publiée sur le site de la FFA fin mai 2018

http://www.athle.fr/asp.net/main.pdf/pdf.aspx?path=/upload/pdf/dopage/Decision_MOSBAH.pdf