La jeune prodige kenyane du steeple, Celliphine Chespol, se retrouve au cœur d’une polémique après avoir manqué deux contrôles anti-dopage. Ce raté serait le résultat d’un litige entre deux managers, qui se disputent la gestion de la carrière de cette junior, avec en toile de fond, une nouvelle accusation de corruption.
Au Kenya, les polémiques se suivent et se ressemblent. Et elles dévoilent toutes une situation très sombre de l’athlétisme kenyan. Après les soupçons de corruption constatés dans le contrôle positif d’Asbel Kiprop, apparaissent maintenant d’autres dérives de corruption, autour des pratiques des managers dans ce pays prolixe en talents synonymes de dollars.
Au cœur de cette nouvelle affaire, révélée par « The Standard », une toute jeune athlète, Celliphine Chespol, qu’on avait identifiée depuis l’année dernière comme une prodige kenyane du steeple. Elle, qui comptait déjà un titre mondial cadettes, puis junior, avait marqué les esprits en emportant le meeting d’Eugene, alors qu’elle avait réenfilé en course sa chaussure perdue, et en produisant un exceptionnel chrono de 8’58’’70, correspondant à un nouveau record du monde junior.
Mais celle qui avait fait le buzz avec cet épisode de chaussure perdue, se retrouve maintenant sur la sellette, au cœur d’une nouvelle affaire de corruption. En jeu, deux contrôles anti-dopage ratés, et une dispute entre deux managers à son sujet. Selon elle, ce serait son agent de la société Golazo qui aurait fait une erreur de localisation dans le système ADAMS, conduisant les préleveurs à ne pas pouvoir la tester.
Un litige entre Marc Corstjens et Owen Anderson
Un manquement volontaire ou pas ?? La suite ne le dira certainement pas, mais il apparaît déjà qu’un litige serait né pour assurer la gestion de la carrière de ce gros talent, qui ne peut que susciter toutes les convoitises, entre le Belge Marc Corstjens de la société Golazo, l’un des leaders mondiaux du management, et l’Américain Owen Anderson, nouveau venu dans ce milieu, ancien entraîneur, et journaliste, qui n’a pour le moment signé qu’une seule athlète, Mercy Ngugi.
Et Celliphine Chespol n’a pas hésité à affirmer qu’un officiel de la fédération du Kenya aurait usé de chantage pour l’inciter à rester aux côtés de Marc Corstjens, en lui expliquant qu’elle serait ainsi autorisée à disputer les meetings de Doha et de Shangai.
Une autre forme de corruption qui éclate au grand jour, suite à la plainte devant le « Tribunal des Sports ». Celle-ci a finalement contraint la Fédération du Kenya de donner son quitus à la toute jeune athlète pour s’envoler pour le meeting de Rome le 31 mai. Et selon les informations figurant sur le site de l’IAAF, Celliphine Chespol y sera représentée par Marc Corstjens, l’un des plus gros managers actuels, avec environ 35 athlètes, et non des moindres, comme les deux athlètes du Bahrein, Rose Chelimo, championne du monde du marathon 2017, et Ruth Jebeth, championne olympique du 3000 mètres steeple à Rio, mais contrôlée positive ensuite.
Texte : Odile Baudrier
Photo : D.R.