Un triste décompte a été effectué par l’équipe britannique de « The Mail »pour recenser le nombre d’athlètes finalistes aux JO de Londres, et concernés par des faits de dopage. Le résultat est affligeant, avec 1/3 des sportifs concernés, en contrepoint complet aux affirmations de l’époque de Sebastian Coe, patron de l’organisation.
C’est un gros travail qu’a effectué l’équipe de journalistes de « The Mail On Sunday », pour évaluer à quel point les Jeux Olympiques de Londres ont été concernés par le dopage. Et leur conclusion est sans appel, avec 1/3 des finalistes liés à des faits de dopage.
Le trio formé de Rob Draper, Nick Harris, et Edmund Willison a analysé les résultats de tous les finalistes en athlétisme, (et le top 30 pour les marathons et épreuves de marche), pour rechercher s’ils avaient des liens avec des faits de dopage.
Ils se sont ainsi intéressés aux 656 finalistes, pour y recenser 87 noms qui ont été contrôlés positifs depuis les JO 2012 ou qui l’avaient été avant les JO 2012. Cela représente un pourcentage s’élevant à 13%.
Au-delà des cas positifs, ils intègrent aussi dans leur analyse les personnes qui présentent des liens avec le dopage, relaxés après un contrôle positif ou un contrôle manqué, ou en connexion avec un entraîneur, un membre de leur staff concernés par un problème de dopage. Ou encore qui figurent sur les listes diffués par les « Fancy Bears », avec des profils sanguins « douteux », ou avec la mention « Probablement dopés ».Et dans cette catégorie « élargie », ils décomptent 138 athlètes, soit 21%.
Soit un total de 1/3 des finalistes des JO de Londres connectés au dopage… Un nombre effrayant qui amène « The Mail On Sunday », à titrer « Les JO de Londres les plus sales de l’histoire », comme en écho aux affirmations de l’époque de Sebastian Coe, alors patron de l’organisation des JO, qu’il qualifiait à tout va de « Jeux les plus propres de l’histoire », promettant un déploiement technologique pour traquer les tricheurs.
La Russie, plus de 50% de finalistes dopés !
Car avec en perspective le Championnat du Monde de Londres se tenant à Londres tout juste 5 ans après les JO dans ce même stade, les journalistes britanniques s’activent pour dévoiler l’envers du décor, avec en filigrane, une certaine hostilité à l’encontre de Sebastian Coe, que ses détracteurs n’hésitent pas à mettre en cause pour la méconnaissance des dérives de l’IAAF de l’époque, qui allaient éclater au grand jour juste après son élection comme Président de l’IAAF.
En cinq ans, les péripéties n’ont pas manqué à l’IAAF et dans l’athlétisme, avec les révélations sur la corruption de Lamine Diack et son équipe, sur les manquements dans les contrôles au Kenya, en Jamaïque, en Ethiopie, et sur les programmes étatiques de la Russie.
Justement ce nombre élevé d’athlètes douteux doit beaucoup à la Russie, la plus grande pourvoyeuse, avec 29 finalistes sur 53 liés au dopage, et en particulier 4 médaillés d’or qui ont perdu leur titre olympique sur le retesting de leurs échantillons londoniens (Sergey Kirdyapkin au 50 km marche – Tatyana Lysenko au marteau – Mariya Savinova pour le 800 m et Yuliya Zaripova sur le steeple). Trois autres pays se distinguent : la Turquie avec 4 finalistes sur 9, la Jamaïque avec 8 sur 21, la Biélorussie avec 7 sur 14.
Ces chiffres sont accueillis sans grande surprise par Dick Pound, l’une des références mondiales de l’anti-dopage, qui rappelle qu’il estimait le pourcentage de dopés à 2 chiffres et que seulement 2% étaient attrapés, affirmant que selon lui, « le système de l’anti-dopage ne fonctionne pas parce que les gens ne veulent pas qu’il marche ! »
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand