Un Américain à la tête d’un énorme trafic de peptides avec des ramifications à travers le monde entier a été identifié par l’anti-dopage américain, mais n’a pas été poursuivi par la justice américaine. Il avait pourtant approvisionné 8000 personnes durant l’année 2016 !
Un fichier avec 8000 noms. Des sportifs du monde entier. Des professionnels de Baseball, de la Ligue de Football. Des lutteurs. Des haltérophiles. Des athlètes sélectionnés pour les Jeux Olympiques. Ce sont les éléments retrouvés par l’Agence Anti-Dopage Américaine dans les dossiers de Thomas Mann ou plutôt Michael A. Moorcones.
L’affaire n’est pas tout à fait récente, elle remonte à fin 2015, mais elle n’apparaît au grand jour qu’avec une enquête menée par Michael Powell pour « The New York Times », et qui lève le voile sur un impressionnant trafic de produits dopants mené depuis le cœur de l’Arizona. Et qui va, malgré tout, rester impuni…
Comme l’explique en détails le journaliste, l’affaire débute milieu 2015 en Suisse, avec un contrôle de routine mené par un inspecteur de la poste suisse et débouchant sur la découverte de deux paquets en provenance de l’Arizona, contenant des bouteilles de produits, qui seront identifiés comme des peptides, des composants interdits pour les sportifs. L’un capable d’accélérer la guérison des tendons et ligaments. L’autre d’aider à augmenter la masse musculaire. Un troisième à stimuler le corps pour brûler sa masse grasse.
L’enquête menée alors par l’USADA, l’agence anti-dopage américaine, révèle que les produits émanent de Thomas Mann. Il s’avèrera ensuite que ce nom est un faux, dissimulant en réalité Michael A. Moorcones, et qu’il est le big boss d’un très gros trafic orchestré depuis l’Arizona.
Plusieurs sportifs sanctionnés pour usage de peptides
La magie d’internet fait le reste. Michael A. Moorcones utilise un forum internet « DatBTrue » pour, sous un faux pseudo, conseiller les sportifs à la recherche de peptides et les envoyer vers son site de vente. Car ces fameux peptides apparaissent pour de nombreux sportifs comme la solution miracle pour améliorer leurs performances sans risquer d’apparaître dopé, leur détection étant très difficile.
Les recherches démontrent que les peptides peuvent reproduire des effets similaires à ceux des stéroïdes anabolisants, pour produire de l’hormone de croissance… Autant d’atouts que les athlètes ont identifiés depuis longtemps, avec l’avantage d’être quasi-indétectables.
Ce sont ces avantages que recherchaient les 8000 personnes présentes dans les fichiers de Moorcones analysés par les enquêteurs, avec à la clef, quelques suspensions. Deux joueurs de baseball. Un lutteur. Un Haltérophile. Jason Young, un lanceur de disque, présent aux JO 2012. Nick Mossberg, un perchiste à 5.60 m. Cody Bidlow, un sprinter en 10 »66. Tous non contrôlés positifs, mais sanctionnés suite à l’enquête.
Toutefois l’homme à la tête de ce grand trafic ne sera finalement pas poursuivi par les autorités judiciaires américaines, au motif qu’une procédure basée sur les peptides n’aurait pas de base légale, et qu’aucune agence officielle américaine spécialisée dans les stupéfiants, DEA ou FDA, n’a souhaité obtenir un procès. Et c’est ce « flou » qui va profiter à Michael A. Moorcones, malgré les preuves accumulées à son encontre. Cette affaire, concernant aussi des adeptes de l’anti-âge, lui avait pourtant rapporté 1 million de dollars en 2016…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.