Sofiane Selmouni se voit mis en cause pour le non respect des règles anti-dopage. L’athlète de Mulhouse, double champion de France en 2017, entraîné par Alain Lignier, n’a pas respecté l’obligation de se localiser au quotidien et n’a pu être trouvé par les préleveurs de l’Agence Anti- Dopage AFLD pour un contrôle inopiné. Soit trois « no shows » en 10 mois, correspondant à une sanction théorique de 2 ans de suspension.
Par Odile Baudrier
Trois no shows en 10 mois. Sofiane Selmouni pourrait payer une grosse note pour ses manquements dans sa localisation et son absence lors de visites des préleveurs de l’AFLD. Le Code Mondial prévoit 2 ans de suspension, réduits à une seule année en cas de circonstances atténuantes.
Que s’est-il passé pour Sofiane Selmouni ? Contacté par mes soins le dimanche 22 avril, après que l’information de ses no shows me soit parvenue, l’athlète avait accepté le principe d’un entretien avec moi, qu’il allait reporter à plusieurs reprises, pour finalement préférer se justifier sur son Facebook le lundi 23 avril à minuit…
La saison hivernale de Sofiane Selmouni avait été pour le moins étrange. Déjà, il avait consacré son hiver à la course sur route, avec les 10 km de la Wantzenau, la Corrida de Schweighouse, et aussi un trail, à Mulhouse.
Un choix surprenant pour celui qui pouvait se targuer d’avoir conquis deux titres de champion de France dans l’année 2017, d’abord en salle, en février, puis en plein air, en juillet, tout en amenant son record à 3’36’’14 lors du meeting de Monaco.
Deux titres qu’il avait obtenu sous la houlette de deux entraîneurs différents, Abdelkader Mahmoudi en février, et Alain Lignier en juillet. Sofiane Selmouni se révèle adepte des changements radicaux. Il a ainsi a tour à tour évolué sous la houlette de Claude Fuchs, El Houssein Taifour, Alain Benmokhtar, puis Alain Lignier, Abdelkader Mahmoudi, avant de retrouver Alain Lignier au printemps 2017, aux côtés de Pierre Amboise Bosse que l’entraîneur nordiste conseille depuis la fin 2016.
Alain Lignier avait entraîné Sofiane Selmouni, entre 2014 et 2016, et c’est avec lui qu’il avait effectué des progrès rapides, avec un record sur 800 mètres amené à 1’45’’94, et une première sélection, à 25 ans, lors des Europe 2014, sur 800 mètres, puis à nouveau aux Europe 2016. Juste après ce rendez-vous, Sofiane Selmouni lui avait tourné le dos. Comme il l’avait fait à Abdelkader Mahmoudi après le championnat d’Europe en salle 2017, où il avait terminé 6ème.
Les no shows, suspicion de tricheries
A 28 ans, l’avenir de Sofiane Selmouni apparaît désormais très compromis. La règle des « no shows » ne souffre guère d’exceptions, et plusieurs grands noms du sport l’ont appris à leurs dépens, Teddy Tamgho, bien sûr, suspendu un an pour cette raison, mais aussi Alizé Cornet, en tennis, Loïc Korval, au judo, Yohan Buget, au rugby, Grégory Baugé, en cyclisme, et tout récemment, le boxeur Tony Yoka (*).
Pourquoi une telle rigueur ? Pour contraindre les athlètes à respecter très strictement les obligations fixées par l’Agence Mondiale Anti-Dopage, avec la contrainte d’indiquer, via le système ADAMS, le lieu et l’heure à laquelle le sportif pourra être rencontré pour un contrôle anti-dopage inopiné.
En n’indiquant pas ce lieu, en l’indiquant trop tard, en ne se trouvant pas à l’endroit programmé, l’athlète se place en faute, dans le cas où un contrôleur se présente au mauvais endroit, ou ne sait où trouver le sportif. Ces manquements apparaissent évidemment synonymes de mensonges. Et ces dissimulations ne peuvent que laisser accroître l’idée d’une triche…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.
Sofiane Selmouni se justifie sur son FB
Sofiane Selmouni Officiel
7 hrs ·
Bonsoir à tous,
Je vous écris pour partager avec vous en toute transparence ma déception quant aux événements qui risquent de compromettre ma saison estivale 2018. En effet, je suis en attente d’une décision de ma fédération sur un devoir administratif imposé par mon statut de sportif de haut niveau. J’ai malheureusement manqué par trois fois à mes obligations de localisation (« no show ») entre mars 2017 et janvier 2018.
Je suis soumis à ces contrôles depuis 2015 et j’ai toujours coopéré pleinement avec les instances en charge de cette procédure.
Les deux premiers “no shows” en mars 2017 et juillet 2017 sont des retards d’enregistrement. En effet, je dois rentrer dans un logiciel, pour chaque journée du trimestre à venir, un horaire ainsi que le lieu où je me trouve. Au bout de trois « no shows » consécutifs sur 12 mois, j’encours une suspension de deux ans, pouvant être réduite de moitié en cas de circonstances atténuantes.
Lors de mon troisième “no show” j’étais en stage national demi-fond d’athlétisme au Portugal. Mon retour devant s’effectuer le 23 janvier 2018 en France, je me suis localisé le 23 janvier à mon domicile à Strasbourg alors que le contrôleur est venu à l’aube pour me signifier un contrôle anti dopage. Or j’étais en transit à ce moment là.
Je ne nie aucunement mon entière responsabilité dans cet incident. Le plus important, pour moi, est que mon intégrité ne soit pas mise en doute parce que je me suis toujours soumis avec assiduité à ces contrôles. J’autorise même systématiquement la conservation de mes échantillons urinaires et sanguins afin de contribuer à la recherche scientifique pour améliorer la lutte anti-dopage.
J’aurais pu choisir, comme le permet la procédure, de garder l’anonymat dans les faits qui me sont reprochés, mais j’ai choisi d’assumer entièrement les conséquences de ma négligence pour éviter toute ambiguïté.
J’attends donc avec sérénité la suite des événements, sur lesquels je ne manquerai pas de communiquer à nouveau. En attendant portez vous bien. Des bises Sofiane #2018 #motivationintacte
(*) Tony Yoka avait reçu de la Fédération de Boxe une suspension de 1 an avec sursis, qui lui a permis de continuer à boxer. Cette sanction ne respecte pas le code mondial anti-dopage. L’AFLD s’est saisie de l’affaire, et Tony Yoka sera entendu par l’AFLD le 20 juin.