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Dopage : Léa Plumecocq, suspendue six mois pour heptaminol

Léa Plumecocq a été suspendue pour six mois par la FFA à la suite d’un contrôle positif aux régionaux de cross, avec la présence d’heptaminol. La jeune athlète de 27 ans, 14ème au France de cross, a plaidé la négligence après la prise de « Ginkor Fort » pour des problèmes veineux. Mais l’heptaminol figure sur la liste des produits interdits, en raison de ses pouvoirs stimulants. Il y a un an, Christel Dewalle avait vécu la même mésaventure, avant d’être suspendue quatre mois.

 

Léa Plumecqocq

La situation est suffisamment rare pour être soulignée. Léa Plumecocq n’a pas hésité à communiquer publiquement sur sa sanction pour des faits de dopage. C’est le site de son club, l’Amiens UC, qui a diffusé l’information de sa suspension pour six mois décidée par la commission anti-dopage de la FFA. Une transparence voulue pour sensibiliser aux conséquences d’un manque de prudence.

Car Léa Plumecocq se voit sanctionnée pour un contrôle positif à l’heptaminol, découvert dans son échantillon à l’issue du régional de cross d’Auby le 4 février 2018, où elle avait terminé 2ème. Ce serait la conséquence d’une grosse négligence de la jeune athlète, qui aurait absorbé du « Ginkor Fort » en raison de problèmes veineux récurrents et sérieux. Une pathologie qui l’aurait incitée à utiliser ce médicament en vente libre en pharmacie, et qu’elle a cru naturel et à base de plantes.

Un produit interdit car stimulant

Mais ce produit contient aussi de l’heptaminol, et cette substance figure bel et bien sur la liste des produits interdits pour les sportifs. Pour quelle raison ?

Comme l’avait expliqué Pierre Sallet, spécialiste de l’anti-dopage, il y a un an, à propos du cas de Christel Dewalle : « L’Heptaminol apporte un effet «boost» sur une performance; c’est-à-dire un effet rapide mais sur une plage réduite dans le temps. Ce n’est pas comme l’EPO, où deux heures après une injection, il ne se passe pas grand-chose; les effets sont perceptibles plusieurs jours après. Là l’effet stimulant est rapide mais s’estompe très vite avec la demi-vie de la substance; à peine quelques heures le temps d’un match de football ou de tennis ».

Pourquoi est-elle efficace dans le sport ? « Le retour veineux est un mécanisme simple: le sang est envoyé par une pompe, le cœur mais sa remontée vers les poumons est passive. Plus vite le sang circule, plus vite le sang est oxygéné au niveau des poumons, et meilleure sera la capacité dans les sports d’endurance. »

Cependant, l’heptaminol comporte quelques limites sur le plan stimulation : « Certes c’est une substance qui possède un effet réel, mais dans la catégorie des stimulants, l’Heptaminol est loin d’être la plus efficace. Dans la palette des stimulants existants, il y a potentiellement beaucoup d’autres molécules plus efficaces qui pourraient être utilisées à des fins de dopage, plutôt que l’Heptaminol. »

Peu de suspensions sont prononcées pour heptaminol

En réalité, peu de sportifs sont sanctionnés suite à la présence de ce produit. Ainsi sur la liste actuelle diffusée par l’IAAF  comprenant environ 500 noms, l’heptaminol n’apparaît qu’une seule fois, pour Christel Dewalle (sa suspension s’est achevée en septembre 2017). La majorité des contrôles recensés portent sur du lourd et même du très lourd, EPO, hormone de croissance, stanozol…

Autre caractéristique de l’heptaminol  : elle peut être absorbée de manière involontaire. C’était déjà l’argument avancé par Christel Dewalle, qui avait, elle aussi, invoqué l’utilisation de Ginkor Fort. Comme le rappelle Pierre Sallet : « Sur le plan du dopage, il y a des substances pour lesquelles il n’est pas possible de parler d’erreur. Par exemple l’EPO ou la cocaïne ne peuvent pas être prises par inadvertance c’est toujours un acte foncièrement intentionnel donc de la triche. Par contre, l’Heptaminol est lui une substance dite «spécifiée» dont l’usage peut ne pas être «intentionnel». Il est présent dans plusieurs médicaments, voire dans des compléments alimentaires. »

Malgré tout, il demeure que l’heptaminol ne doit pas être absorbé par un sportif. A défaut, la sanction ne peut qu’être prononcée, comme l’a fait la FFA. Elle met sur la touche pour quelques mois Léa Plumecocq, qui, après ses titres de championne de France junior et espoir du 1500 m en 2010 et 2011, a connu une carrière plus timide, se limitant à des titres interrégionaux en cross, classée dans le top 20 au France de cross depuis 2015, excepté en 2017. Cet hiver, elle avait poursuivi dans la lignée, avec une place de 14ème au France de cross, et aussi une grosse progression sur le 10 km route, qu’elle avait bouclés en 37’13’’ fin décembre pour ses débuts, passant à 34’20’’ fin mars.

Toutefois ses deux performances du mois de mars ne devraient pas être gommées par la décision fédérale, avec un début de suspension placé à la fin avril, et une mise sur la touche jusqu’à l’automne.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand