La décision d’une sanction éventuelle suite au contrôle positif d’Asbel Kiprop a été reportée au mois d’avril. L’avocat du Kenyan a présenté un argumentaire qui fait vaciller les accusations contre le champion olympique et triple champion du monde du 1500 mètres.
Le cas d’Asbel Kiprop n’est toujours pas tranché. Le tribunal disciplinaire de l’IAAF n’a pas pris de décision suite à l’audience de ce vendredi 22 mars, et a préféré reporter son verdict au 11 avril. Un élément évidemment interprété comme un signe en faveur du Kenyan à la fois par son avocat, Katwa Kigen, et par la presse du Kenya, très ambivalente sur les questions du dopage.
Or justement, Asbel Kiprop compte parmi les fleurons de l’athlétisme du Kenya, avec son titre olympique, ses trois titres de champion du monde, et l’annonce de son contrôle positif à l’EPO en mai dernier avait beaucoup heurté la communauté de l’athlétisme kenyan.
D’autant que les circonstances de l’affaire Kiprop ternissaient encore un peu plus l’image du Kenya, avec ces contrôleurs annonçant à l’avance leur venue, et ces paiements rimant avec corruption.
Mais dès le départ, Asbel Kiprop n’a eu que de cesse que de clamer son innocence, affirmant que son échantillon avait été souillé par les contrôleurs, mécontents d’avoir reçu un pot de vin trop faible.
Le Kenyan avait d’entrée opté pour le statut de victime, affirmant même qu’il était dans l’incapacité de se défendre, faute de pouvoir payer un avocat. Visiblement, sa situation financière s’est brusquement améliorée, pour lui permettre de recruter Katwa Kigen…
Et l’avocat a bien travaillé son sujet, comme le révèle Ayumba Ayodi dans « The Nation », auquel il a soutenu que les tests des échantillons A et B auraient abouti à des résultats différents. Une affirmation étonnante à considérer que l’IAAF a entamé une procédure disciplinaire en invoquant la présence d’EPO dans les échantillons, tous les deux positifs.
Mais les éléments formulés par l’avocat s’appuient sur le fait que l’IAAF aurait refusé les tests ADN, que les tests ont été effectués dans des laboratoires différents, et que l’intégrité du processus anti-dopage ne peut qu’être remise en cause, compte tenu justement que Kiprop avait été informé à l’avance.
Les juristes de l’IAAF sont confiants
Un argument de poids, les deux préleveurs fautifs ont été ensuite suspendus par l’IAAF. Alors comment éliminer l’idée que les échantillons ont pu être manipulés ? Selon nos informations, les juristes de l’IAAF demeuraient confiants que malgré tout, ces échantillons puissent être considérés comme valides, et donc aboutir à une sanction pour Kiprop.
Pour les contrer, son avocat n’a pas manqué aussi d’aller chercher d’autres arguments, comme la possibilité que l’EPO détectée dans les urines de l’athlète soit naturelle et non pas artificielle. Avec pour appuyer son propos, les cas précédents de Bernard Lagat, de la cycliste espagnole Virginia Luna et du triathlète espagnol Rodriquez Martinez, tous relaxés.
Dans son argumentaire, l’avocat d’Asbel Kiprop a fait aussi valoir que deux autres prélèvements effectués le 22 novembre, soit 5 jours avant le test positif, et le 29 novembre, se sont révélés négatifs. D’où sa conclusion à une erreur pour le prélèvement du 27 novembre.
Mais au contraire, on pourrait rétorquer qu’après le contrôle du 22 novembre, l’athlète se soit cru à l’abri d’un deuxième contrôle à la suite, d’autant qu’il est bien connu que l’EPO en micro doses s’évacue très rapidement de l’organisme…
Les commentaires sur le verdict du mois d’avril s’annoncent énormes, que la décision soit favorable ou non à Asbel Kiprop. S’il se voit relaxé, la communauté de l’anti-dopage ne pourra qu’être frustrée de la suprématie du juridique. A contrario, s’il est sanctionné, la théorie du complot prévaudra…
- Texte : Odile Baudrier – Photo: Gilles Bertrand