La FFA a pris la décision de suspendre Anouar Assila pour 4 ans, à la suite de la constatation d’irrégularités sur son passeport biologique, amenant les experts de l’IAAF à la conclusion qu’elles révélaient l’utilisation de produits dopants et/ou de méthodes interdites. Anouar Assila a fait appel de cette sanction.
Texte : Odile Baudrier
La sanction est tombée pour Anouar Assila, avec une suspension pour 4 ans prononcée par la commission disciplinaire de la FFA, statuant à la demande de l’IAAF après que des taux anormaux soient apparus sur le passeport biologique du coureur. Et les experts mandatés par l’IAAF, Monsieur d’Onofrio et Schumacher, avaient conclu que ces irrégularités révélaient l’utilisation de produits dopants et/ou de méthodes interdites par Anouar Assila.
C’est le 28 novembre que la commission disciplinaire de la FFA s’est réunie pour entendre Anouar Assila et son avocat Adrien Bouvet. Celui-ci m’avait contactée quelques jours plus tôt pour m’expliquer les arguments qu’il entendait présenter à la FFA pour obtenir la relaxe de son client. Le principal était celui de la non compétence de l’organe disciplinaire au motif qu’Anouar Assila n’était plus licencié en Club FFA depuis le 1er septembre 2017, puisque le coureur n’avait pas renouvelé sa licence à Sarthe Running. Dans ce contexte, Adrien Bouvet arguait que les règlements de la FFA et de l’IAAF ne pouvaient s’appliquer qu’à un athlète en possession d’une licence valide.
Mais la FFA n’a pas retenu cet argument, en soutenant que la délégation de compétence transmise par l’IAAF lui permet de sanctionner tout pratiquant, qu’il soit licencié ou pas.
L’argument d’un combat inégal
Lors de ce long entretien, Adrien Bouvet avait expliqué que le temps lui manquait pour préparer une défense plus étayée de son client, Anouar Assila. Celui-ci avait bien été informé dès le mois de juillet par la FFA des accusations formulées à son encontre par le collège des experts de l’IAAF, lui demandant de justifier les valeurs anormales de son passeport biologique. Mais le coureur avait répondu seul à l’IAAF, sans informer son avocat, qui allait découvrir seulement fin octobre sur notre site spe15.fr qu’Anouar Assila avait fait l’objet d’une mesure de suspension conservatoire par l’IAAF. C’est alors qu’Adrien Bouvet reprenait contact avec le coureur, pour l’inciter à se défendre face à ces accusations.
L’avocat du Mans bâtissait alors un argumentaire s’appuyant sur le concept d’un combat inégal entre les deux parties, insistant que la production de contre expertises en faveur d’Anouar Assila est délicate et onéreuse alors que l’IAAF a les moyens de payer un collège d’experts pour établir un profil longitudinal.
En résumé, l’idée conçue par Adrien Bouvet reprenait une partie des éléments développés par maître Nicoleau lors de la défense de Riad Guerfi devant le Tribunal Arbitral du Sport, qui avait fait valoir le manque d’indépendance du collège d’experts, payé par la fédération internationale, et l’inégalité des armes dans la procédure du passeport biologique.
Un argument qu’on peut estimer pertinent, mais que la FFA n’a pu prendre en compte, retenant les avis émis par les experts de l’IAAF, D’Onifrio et Schumacher, qui ont jugé que les éléments biologiques d’Anouar Assila révélaient un usage de produits dopants et/ou de méthode dopante.
Michel Marle, le président de l’organe disciplinaire, a également balayé le point relatif au coût des contre-expertises des échantillons d’Anouar Assila, en expliquant à son avocat qu’il s’élèverait seulement à environ 300 euros.
Un appel immédiat
Enfin, le dernier argument avancé par Maître Bouvet devant la commission présidée par Michel Marle n’a pas eu plus de portée, à savoir le fait qu’Anouar Assila avait de toute façon décidé d’interrompre sa carrière sportive. Mais ce point a été gommé par Michel Marle, soulignant être peu convaincu par une simple déclaration effectuée dans la presse, n’apportant aucune garantie réelle sur le futur.
C’est donc une suspension de 4 ans qui a été prononcée contre Anouar Assila, qui a immédiatement fait appel de cette décision auprès de la FFA, qui devrait demander l’avis de sa commission d’appel. Mais Maître Bouvet l’avoue sans détour, il espère que la commission d’appel de la FFA ne se saisira pas du dossier, en laissant écouler le délai de 1 mois, comme cela avait été le cas lors de la première affaire Assila, le refus de contrôle anti-dopage. Avec en conséquence, un appel qui serait transféré devant l’AFLD. Maître Bouvet espère pouvoir ainsi faire jouer un article du Code du Sport, permettant à Anouar Assila de bénéficier d’une contre-expertise des analyses de son passeport biologique aux frais de l’Agence Française Anti-Dopage. Avec l’espoir que cette contre-expertise fournisse des éléments s’opposant au verdict des deux experts de l’IAAF… ?
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.
Dopage : Anouar Assila, mis en cause pour passeport biologique douteux