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Deux pharmacies du Kenya impliquées dans le dopage

La lutte contre le dopage au Kenya a franchi un cap avec la mise en cause de deux pharmacies à Iten et Kapsabet dans la vente de produits dopants. La confirmation que le trafic s’appuie sur des pharmaciens et médecins locaux. L’agence anti-dopage du Kenya leur a lancé un avertissement. Désormais, ce ne sont plus que les athlètes qui seront pénalisés ! 

La pression de l’anti-dopage a encore monté d’un cran au Kenya avec l’annonce de deux opérations organisées auprès d’une pharmacie à Iten et d’une autre à Kapsabet. Avec des résultats plus que convaincants : à Iten, les policiers ont carrément découvert le pharmacien en train de procéder à une injection à un athlète. Et à Kapsabet, c’est un « arsenal » de produits interdits, qui a été découvert.

Cela ne fait que confirmer les informations circulant depuis plusieurs années de l’implication forte des professionnels de santé kenyans, pharmaciens, médecins, dans le dopage. Le documentaire réalisé par Hajjo Seppelt en 2011 dévoilait déjà l’arrière-boutique d’une pharmacie d’Eldoret, où le pharmacien n’hésitait pas à enchaîner les injections d’EPO et autres.

Depuis, il y avait déjà eu l’arrestation d’un pharmacien d’Eldoret, en 2018, mais ce sont exclusivement les athlètes qui avaient été sanctionnés pour dopage. Le rythme s’était accéléré en 2023, avec à la fin de l’année, 70 athlètes suspendus, plus une dizaine dans l’attente de leur sanction.

Mais les engagements pris par le Gouvernement du Kenya envers l’Athletic Integrity Unit exigeaient une lutte très large, puisqu’ils avaient permis en novembre 2022 au pays d’éviter d’être mis au ban et exclu de compétitions internationales.

Les fonds dégagés visaient aussi à renforcer la collaboration entre les divers services susceptibles d’agir contre le dopage, et l’opération menée sur la pharmacie Kapsabet Riverview a résulté d’un travail en commun entre l’ADAK, l’agence anti-dopage du Kenya, la direction des investigations criminelles, le bureau réglementant la pharmacie et les poisons.

Une union sacrée menée à partir d’informations reçues par ces services pour démanteler le réseau organisé autour de trois hommes, accusés de stocker et diffuser des produits interdits, dans cette ville de Kapsabet où Jemima Sumgong, la championne olympique de marathon, avait été contrôlée positive à l’EPO en août 2017, et plus récemment en août 2022, un autre cas positif y était détecté, celui de Marius Kipserem, également à l’EPO.

A Iten, le coup est dur puisque la pharmacie Kerich se situait au plein cœur de cette ville d’accueil pour des centaines d’athlètes du Kenya et du monde entier.

Sarah Shibutse, la patronne de l’anti-dopage kenyan, n’a pas manqué de lancer un avertissement fort à tous les professionnels de santé, pour les inciter à stopper la fourniture de produits dopants aux athlètes, compte tenu aussi des graves risques sur leur santé. Elle évoque même un athlète qui aurait échappé de peu à la mort après l’utilisation de produits interdits.

En parallèle, le terrain est également visé par des opérations de contrôle en grand nombre. Ainsi ce mardi 23 janvier, les préleveurs de l’ADAK ont débarqué au Kipchoge Stadium en vue de procéder à 200 prélèvements ! Sur les compétitions organisées au Kenya, les contrôles sont également nombreux : sur les 70 athlètes actuellement suspendus, 26 se sont vus sanctionnés suite à des résultats positifs sur des prélèvements effectués au Kenya, durant une compétition, ou en-dehors.

Avec tout de même un petit bémol, certains teams de grosses sociétés européennes de management pointaient aux abonnés absents ce jour-là sur le stade Kipchoge, comme lors du semi-marathon d’Eldoret en juillet. Comme si certaines informations circulaient aussi dans le mauvais sens en amont…

  • Analyse : Odile Baudrier
  • Photos : D.R.
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