Deux marathoniens espagnols, Abdelaziz Merzougui et Hamid Ben Daoud ont été suspendus pour des irrégularités de leur passeport biologique. Les faits remontent à plusieurs années en arrière, mais ne sont révélés officiellement que maintenant suite à la pression mise sur l’agence anti-dopage espagnole, accusée d’avoir dissimulé plusieurs cas de dopage.
Près de 5 ans de tricheries, couverts par l’agence anti-dopage espagnole. C’est le triste bilan des deux cas des marathoniens Abdelaziz Merzougui et Hamid Ben Daoud, mis en cause pour des irrégularités de leur passeport biologique.
Pour Abdelaziz Merzougui, selon les éléments diffusés par le journal MARCA.Com, les experts avaient constaté dès la fin novembre 2019 que ses valeurs hématologiques avaient été artificiellement modifiées. Pour sa défense, il avait invoqué une pathologie d’excès de fer et de médicaments. L’enquête s’était conclue en juillet 2023 mais la décision d’une suspension de 4 ans n’a été prise qu’en ce début 2024.
Entre temps, Abdelaziz Merzouqui a poursuivi tranquillement sa carrière sur la route. Ce spécialiste du 3000 m steeple avait été sacré champion du monde espoir, en 2011, et il a ensuite représenté à deux reprises aux Jeux Olympiques, en 2012 et 2016, l’Espagne, son pays d’adoption depuis 2009, après qu’il ait quitté le Maroc. Après avoir couru le semi-marathon en 1h02’ à ses débuts, en 2018, il a ensuite oscillé autour de 1h05’, sur marathon, son record s’établissait en 2h08’, à Valence en 2022, et il avait remporté avec l’Espagne la médaille de bronze par équipe sur marathon au Championnat d’Europe. L’année 2023, il n’avait réalisé qu’un très modeste 2h22’, au marathon de Taipei, mais il savait déjà qu’il était sous la menace d’une suspension pour son problème de passeport biologique.
Hamid Ben Daoud, un record à 2h06’35 », établi avec déjà des valeurs sanguines anormales
Le cas de Hamid Ben Daoud est encore plus significatif, puisque le marathonien a été détenteur du record d’Espagne pendant quelques mois. A la fin 2021, il boucle Valence en 2h06’35’’, mais il se fera griller la politesse quelques mois plus tard, pour 10 secondes, par Ayad Lamdassem,
Hamid Ben Daoud a abandonné le Maroc pour l’Espagne à 21 ans, en 2018, année où ses performances font un vrai bond en avant, passant de 1h04’ à 1h02’ sur semi, et de 2h12’ à 2h10 sur marathon. Les chronos connaîtront une nouvelle progression brusque, en 2021, avec ce record sur marathon. Mais en réalité, le jeune athlète de 27 ans, installé à Zamudio (Vizcaya) se distinguait par ses valeurs anormales depuis février 2020…
Une justice espagnole hostile au passeport biologique
Deux histoires qui n’ont émergé qu’à la faveur des révélations de plusieurs médias espagnols, pointant du doigt les manquements de la CELAD, l’agence espagnole anti-dopage, mise en cause pour des contrôles positifs dissimulés et des lenteurs à traiter les cas de passeport biologique. D’autres passeports anormaux seraient dans les « tuyaux » pour une future sanction, il est question de 6 à 8 cas, dont celui d’un marcheur.
Les turbulences autour de José Luis Terreros, le patron de la CELAD, remis en cause par plusieurs politiques espagnols, n’ont pour le moment abouti à aucune sanction à son égard. A sa décharge, concernant les passeports biologiques, la justice espagnole a considérablement compliqué la situation, avec sa décision pour le cas du cycliste Ibai Salas.
Celui-ci avait en effet eu gain de cause, au motif que les juges espagnols estiment que cette méthode basée sur un calcul de probabilités ne peut être utilisée pour sanctionner des sportifs. Et déjà, il est question que les deux marathoniens Merzougui et Ben Daoud suivent la même voie, et se voient finalement disculpés !
- Analyse : Odile Baudrier
- Photo : D.R.