Depuis janvier 2015, la première suspension pour dopage vient de passer à 4 ans au lieu de 2 ans. Mais est-ce suffisant ? Non, estiment beaucoup d’observateurs partisans des exclusions à vie dès le premier contrôle positif.
Ces adeptes de l’interdiction permanente s’appuient sur une étude réalisée sur des souris à l’Université d’Oslo. Celle-ci démontre que les muscles peuvent conserver les avantages donnés par les stéroïdes anabolisants pendant plusieurs décades après leur absorption.
Le responsable de cette étude, Kristian Gundersen, a insisté sur le fait que les effets positifs des produits pourraient agir à vie, ou a minima pendant plusieurs décades. Et de faire valoir que l’exclusion de 2 ans en vigueur au moment de cette analyse était manifestement trop courte, et que même l’allongement à 4 ans n’est pas satisfaisant.
Ce travail avait été réalisé dès octobre 2013, et avait déjà bénéficié d’une forte visibilité médiatique, mais le come back exceptionnel de trois sprinters, Dwain Chambers, Tyson Gay et surtout de Justin Gatlin, ont alimenté son ampleur.
Plus facile de gagner de la masse musculaire
Dans l’étude réalisée, il est affirmé que les mesures effectuées sur les souris révèlent qu’en cas de prise de stéroïdes anabolisants, les cellules musculaires augmentent de même que les muscles, et qu’à l’arrêt des produits interdits, la masse musculaire se perd, mais que les cellules musculaires demeurent à l’intérieur des fibres, permettant ainsi une capacité accrue à regagner de la masse musculaire.
Le WADA, l’agence mondiale de lutte contre le dopage, a financé l’étude, mais sa position officielle est très prudente quant à un nouvel allongement des sanctions, soulignant que la duplication souris/humains doit être strictement validée. Pour les scientifiques norvégiens, cette question ne se pose pas, la biologie musculaire des souris et des humains obéit aux mêmes règles. En conclusion, ces observations sur les rongeurs seraient donc valables pour les hommes.
Autant d’arguments en faveur de la suspension à vie qui pourraient alimenter au préalable un large débat passionnel sur une telle mesure hautement répressive.
Texte : Odile Baudrier