Le Conseil d’Etat a rejeté l’appel présenté par Clémence Calvin et Samir Dahmani, en vue de la levée de leur suspension de 4 ans pour s’être soustraite à un contrôle anti-dopage à Marrakech au printemps 2019. Cet ultime recours du couple évanoui, Clémence Calvin sera suspendue jusqu’en décembre 2023.
Justice partiale, c’est ainsi que Clémence Calvin n’avait pas hésité à qualifier la Commission des Sanctions de l’AFLD qui lui avait asséné une sanction de quatre ans après une journée d’audience de témoins divers en novembre dernier. Et elle ne dissimulait pas qu’elle espérait que le Conseil d’Etat soit sensible à ses arguments, et réfute l’argumentaire d’une fuite présenté par les contrôleurs AFLD, Damien Ressiot, alors Directeur des contrôles en tête. Lui qu’elle n’avait pas hésité à souiller de la pire espèce, à travers les médias, au point qu’il l’avait attaqué en diffamation dans une plainte qui sera jugée en janvier 2021.
Encore ce printemps, Samir Dahmani n’hésitait pas à clamer à son entourage que la sanction serait annulée, avec l’espoir que sa compagne puisse ainsi être présente aux JO de Tokyo reportés en 2021. Toutefois cette belle assurance s’est envolée en cette fin septembre 2020, et c’est bien jusqu’en décembre 2023 que le couple se voit interdit de toute compétition. La suspension s’est en effet vue allongée en n’intégrant pas la période de suspension provisoire, ce qui est extrêmement rare.
Violation de sa suspension provisoire
Mais durant cette période, Clémence Calvin n’avait pas hésité à bafouer les règles notifiées par l’AFLD. D’abord à Font Romeu, en août 2019, où elle accédait aux installations du Centre National de Haut Niveau, sans que cette infraction n’ait alors pu être officiellement constatée. Puis en septembre 2019, où elle revenait en toute liberté s’entraîner sur la piste du stade de Martigues, où son président de club a mis très longtemps à prendre ses distances avec elle. L’AFLD, informée par un témoin direct, avait rétorqué par un constat d’huissier. Et cette ultime provocation lui amène neuf mois supplémentaires de suspension, avec par ricochet une fin de suspension à seulement six mois des JO de Paris 2024. Mais Clémence n’aura alors qu’à peine 34 ans et encore quelques mois pour tenter de s’y qualifier…
En aura-t-elle encore l’envie ? Le message qu’elle a posté sur les réseaux sociaux en fin d’année 2019 donne le doute, tant elle assène que sa « nouvelle » vie, sans les contraintes de l’entraînement et de la compétition, la comble par la liberté qu’elle lui apporte. Mais son côté battant qu’elle a si bien démontré durant cette longue bagarre judiciaire pourrait la ramener dans le giron de l’athlétisme, qui a représenté le centre de sa vie depuis son adolescence et ses débuts à Vichy.
Samir Dahmani, défenseur acharné de sa compagne
Samir Dahmani, lui aussi, n’a jamais dévié de sa conviction que l’affaire se terminerait à leur avantage. Même s’il n’est jamais apparu dans les médias, il a constamment agi dans l’ombre, en défenseur vindicatif de sa compagne, Clémence, qu’il a protégée des contrôleurs anti-dopage à Marrakech, et d’ailleurs condamné à ce titre, également à 4 ans de suspension.
Après cet incident, il ne s’était d’ailleurs pas attardé au Maroc. Dès le lendemain du contrôle avorté, il avait remis le cap sur Martigues, avec leur enfant Zakaria, en laissant Clémence poursuivre sa préparation pour le marathon de Paris. A Ouarzazate, a-t-elle affirmé par la suite. Même si cette ville aux portes du désert marocain apparaît inappropriée pour l’entraînement d’une marathonienne, et que, selon nos informations, elle aurait fourni une adresse inexistante à Ouarzazate.
Une défense bâtie avec Ghani Yalouz ?
Samir Dahmani n’avait pas perdu de temps pour tenter de préparer une défense qui tienne la route, et laisse espérer au couple que l’allégation d’une fuite de la jeune femme face aux contrôleurs de l’AFLD puisse se voir torpiller par un bon avocat. Et ce serait du côté de Ghani Yalouz, ex-DTN de la FFA, patron de l’INSEP, et très proche du couple qui l’appelle « Tonton », que Samir Dahmani se serait tourné pour bâtir une contre-attaque, épaulé par un avocat très médiatique, Maître Péricard, à la renommée bien établie de par son mandat de maire de St Germain en Laye, et de ses actions aux côtés de sportifs, comme cela avait été le cas pour Tony Yoka.
Au fil des mois, les rebondissements n’ont pas manqué depuis cette fin mars 2019, où explose en fracas l’information de ce contrôle avorté. Avec un premier exploit, celui d’obtenir un quitus du Conseil d’Etat pour que Clémence Calvin soit autorisée à courir le marathon de Paris. Et un second exploit, que si peu de personnes pronostiquaient encore la veille de la course, que la jeune femme soit présente au départ malgré les journées sous pression qu’elle avait affrontées, et qu’elle franchisse l’arrivée, avec à la clef un record de France, qui allait demeurer en attente d’homologation jusqu’à ce printemps 2020, lorsque l’AFLD lui délivre sa suspension de quatre ans. Les tablettes peuvent même maintenant être « nettoyées ».
Game over.
- Texte : Odile Baudrier
- Photos : Gilles Bertrand