La suspension de Clémence Calvin pour dopage s’achèvera le 17 décembre 2023. Mais la marathonienne demeure dans les radars de l’Agence Française de Lutte contre le dopage. Elle a été réintégrée dans le groupe cible depuis septembre 2022, et a reçu récemment la visite des contrôleurs anti-dopage.
Une suspension pour dopage n’interrompt nullement la possibilité pour un athlète d’être soumis à des contrôles anti-dopage. A la condition toutefois d’être inclus dans le groupe cible de son agence anti-dopage.
La règle avait été rappelée il y a quelques mois par l’USADA, l’agence américaine, à propos de Shelby Houliban. La liste des athlètes soumis à contrôle en 2022 faisait en effet apparaître en deuxième position, la recordwoman US du 1500 m et 5000 m, qui est suspendue pour nandrolone, pour quatre ans, jusqu’en janvier 2025.
Les Américains s’étaient alors fendus d’une explication très précise : « C’est important de continuer à tester des athlètes suspendus en raison de la possibilité d’un effet de longue durée des produits. A défaut, ce serait accepter un « Laisser Passer » où les athlètes pourraient s’engager librement dans des pratiques dopantes pendant une sanction, et donc bafouer les droits des athlètes propres à leur retour à la compétition. »
Mais comme en témoignait le forum du site Lets’Run, cette justification n’avait pas été du goût des nombreux fans de Shelby Houliban, qui croient envers et contre tout à son explication d’un burrito « contaminé » et l’estiment victime d’une erreur.
Clémence Calvin enfreint sa suspension provisoire, et prend 6 mois de plus
Une situation qui n’est pas très différente de celle de Clémence Calvin. Son « cas » a divisé la communauté de l’athlétisme, certains remettant en cause sa fuite pour éviter son contrôle à Marrakech, malgré toutes les preuves…
Ce fameux contrôle marocain a eu lieu en mars 2019, mais sa sanction de quatre années l’a stoppée jusqu’en décembre 2023. Une suspension allongée de 6 mois car il avait été pris en compte la violation de sa suspension provisoire : Clémence Calvin avait en effet continué à s’entraîner avec son club de Martigues sur le stade de Martigues en septembre 2019, et alors qu’elle était suspendue provisoirement depuis le mois d’avril 2019, comme l’avait constaté un agent assermenté diligenté par l’AFLD. C’est donc une décision très rare qu’avait pris la Commission des Sanctions de ne pas déduire les six mois de suspension provisoire de la suspension définitive.
Malgré sa suspension, l’AFLD l’avait réintégrée dans le groupe cible en juillet 2020, qui oblige à se localiser chaque jour à un horaire précis, fixé à l’avance. Clémence Calvin avait ainsi reçu la visite d’un contrôleur de l’AFLD durant sa grossesse pour son deuxième enfant…
Mais elle avait ensuite été sortie du groupe cible, jusqu’à ce que cet été 2022, et là encore, selon les règles en vigueur, l’AFLD l’informe de sa volonté de la réintégrer. La réponse de Clémence Calvin avait alors été qu’elle ne s’entraînait plus et se consacrait à sa famille et son travail. L’entourage de Samir Dahmani avait véhiculé la même idée d’un arrêt sportif de la marathonienne.
Clémence Calvin, à nouveau dans les radars de l’anti-dopage
Toutefois, Clémence Calvin avait été vue en footing cet été à Font Romeu, où le couple possède un appartement. Puis en octobre, une photo avait circulé sur les Réseaux Sociaux, dévoilant une Clémence Calvin affûtée, en tenue d’athlète, au coeur de la Salle Altifit de Font Romeu, aux côtés de Samira Mezeghrane, Fatiha Sanchez, toutes les deux vétéranes très performantes et Nora Vicancos-Boudhiaf, 50 ans, ancienne internationale sur 800 m, présente dans quelques compétitions en 2021.
Des éléments probablement perçus comme contradictoires avec l’idée d’une retraite sportive par le département des contrôles de l’AFLD. C’est ainsi que Clémence Calvin est réapparue dans la liste publiée le 10 octobre 2022 des sportifs soumis à localisation, qui recense 241 noms, de 28 sports différents. Et par ricochet, elle a reçu en ce début janvier 2023 la visite d’un contrôleur anti-dopage de l’AFLD.
Ophélie Claude Boxberger et Susan Jeptooo n’ont pas quitté le groupe cible
Parmi les 46 athlètes du groupe cible, (le sport le plus représenté, devant le cyclisme avec 22 personnes), deux autres sont également suspendues pour des faits de dopage : Ophélie Claude Boxberger, inscrite dans le groupe depuis janvier 2017 et demeurée dans le groupe depuis sa suspension de novembre 2021, même durant sa grossesse, et Susan Jeptooo Kipsang, intégrée depuis janvier 2021, et encore présente depuis sa suspension de 18 mois datant de juillet 2022.
Un trio qui pourrait prétendre à la sélection sur marathon pour les JO 2024, et c’est évidemment l’une des raisons pour les conserver sous surveillance. Même si l’annonce du minima olympique a considérablement restreint cette possibilité : il faudra courir sous les 2h26’50 entre le 1er novembre 2022 et le 30 avril 2024 ou bien être classée dans le Top 65 du ranking mondial.
Avec une reprise possible à partir du 8 décembre 2023 pour Susan Jeptooo, au 17 décembre 2023 pour Clémence Calvin, et 26 avril 2024 pour Ophélie Claude Boxberger, le challenge s’annonce énorme. Sans oublier que Clémence Calvin avait réalisé 2h26’28 en août 2014, puis le monstrueux 2h23’41, au marathon de Paris, gommé par sa suspension.
Analyse : Odile Baudrier
Photo : D.R.