Christian Coleman se retrouve à nouveau mis en cause pour un problème de test anti-dopage manqué, le troisième en 11 mois. L’Américain avait connu la même situation en septembre dernier, mais avait été exonéré de sanction quelques semaines avant d’empocher le titre de champion du monde du 100 mètres. Le sprinter hurle au scandale.
9 décembre 2019. C’est ce jour-là à 19h15 que Christian Coleman a reçu la visite d’un contrôleur anti-dopage à Lexington dans le Kentucky, à l’adresse indiquée sur sa localisation enregistrée par l’USADA, l’agence américaine. Mais le préleveur a trouvé porte close, et même en patientant pendant une heure, il lui a été impossible de rencontrer Christian Coleman pour effectuer le prélèvement attendu. Une absence qui devrait lui coûter une sanction de deux ans.
A l’automne dernier, Christian Coleman avait réussi à échapper à cette règle des no shows. Il avait alors bénéficié de règles complexes autour des dates des tests. Le test du 6 juin 2018 avait finalement anti daté au 1er avril 2018, et il disparaissait donc de cette fameuse fenêtre des 12 mois. Il s’en sortait alors haut la main juste à temps pour partir à Doha rafler le titre de champion du monde du 100 mètres.
Toutefois, il conservait deux tests manqués. Celui du 16 janvier 2019, et du 26 avril 2019. Ce nouveau manquement du 9 décembre est donc son 3ème en 11 mois ! Cette fois, l’affaire apparaît mal engagée pour l’Américain de 24 ans, qui l’a lui-même annoncée sur Twitter ce 17 juin.
Une attaque en règle contre l’AIU
Sa réaction est pour le moins vindicative. Il se livre à une attaque en règle contre l’Athletics Integrity Unit. Il accuse : « Je pense que l’essai du 9 décembre était une tentative délibérée pour me faire louper un test ». En clair, l’AIU aurait orchestré ce contrôle pour obtenir un 3ème no show en 12 mois !
Et Christian Coleman soutient que le préleveur ne s’est pas en réalité présenté à la bonne adresse, qu’il ne l’a pas joint au téléphone pour l’informer du contrôle, qu’il faisait du shopping dans un centre commercial voisin, et qu’il était revenu chez lui à l’heure prévue pour la localisation.
Autant d’éléments qu’il convient de prendre avec beaucoup de précautions, car littéralement invérifiables à ce stade. Si au moment de l’annonce faite par Christian Coleman, aucune suspension provisoire n’avait encore été prononcée officiellement par l’AIU contre le sprinter, cela était rectifié dès le début de la matinée du 7 juin avec un Tweet d’AIU. Et au sein de l’instance, on ne dissimule pas que Coleman a peu de chances d’obtenir gain de cause en criant à l’injustice pour n’avoir pas été joint par téléphone. Cette idée d’un appel téléphonique s’inscrit même à l’opposé de toutes les règles sur les contrôles.
Coleman après Salwa Eid Naser, 2ème champion du monde !
Cette nouvelle affaire de no show intervient deux semaines seulement après celle de Salwa Eid Naser, du Bahrein. La championne du monde du 400 mètres, accusée elle aussi de 3 manquements, et sanctionnée par une suspension provisoire début juin. Voilà donc deux champions du monde 2019 mis en cause !
Avec à chaque fois, les mêmes réactions indignées des athlètes, qui se présentent comme des victimes, et n’hésitent pas à mettre en cause les préleveurs, accusés de manquements. L’affaire de l’année passée avait pourtant démontré que Christian Coleman jouait avec les règles sur la localisation, capable de communiquer pour une même journée deux adresses situées dans deux Etats différents, et finalement présent dans un troisième Etat.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R