Aller au contenu

Cédric Thomas, l’innovant coach de Christelle Daunay

Cédric Thomas, l’entraîneur de Christelle Daunay n’a jamais été confronté à un tel scénario, préparer son athlète en un temps record afin qu’elle puisse réussir un temps minima pour les J.O.de Rio. Explications du coach.

 

daunay photo daegu a

Lumières tamisées, le bar de l’Hilton. Une serveuse va et vient. Elle insiste sur le nom de cette boisson gazeuse : « Vous voulez un verre avec votre Perrrrrieeer ? »

Cédric Thomas s’est installé entre Christelle Daunay, son athlète et René Auguin le manager. A moins de 48 heures du marathon de New York, le coach est fébrile. Les phrases sont courtes. Il ne répond qu’à l’essentiel. Mais dans ce phrasé, le questionnement, les interrogations sont palpables. Le coach est sur le grill.

 

« L’an passé tout paraissait simple, mais là, ce fut dur ». Il regarde Christelle qui approuve en hochant de la tête : « Là, elle devait bosser, faire le boulot ».

 

Ce n’est qu’en avril que la championne d’Europe de marathon sacrée à Zurich reprend la marche. Quant aux séances de 30″-30″, ce n’est que fin mai que Cédric Thomas donne le feu vert pour envisager une vraie préparation marathon fin août. Il explique : « Cette fois, nous n’avions pas de recul. Habituellement, Christele a une saison sur piste ou sur route derrière elle. Cette fois, elle n’avait pas ce background de vitesse pour débuter sa préparation ».

 

L’an passé, dans l’avant Zurich, Christelle déroule les séances en donnant le vertige à son entraîneur. Ses temps sur 3000, indicateurs de performances sur 42 km, n’ont jamais été aussi excellents. Une année plus tard, dans les lambris d’une vilaine blessure survenue en janvier, le travail de VMA s’excute dans le labeur. La marge de sécurité n’existe pas. « Habituellement, sur les 10 semaines d’une prépa marathon, il y a 3 semaines de mise en route puis tout roule. Là, elle a du bosser chaque séance en développant quelque chose ». Les 400 en 1’07 » – 1’08 » sont à oublier. Il faut recentrer en trouvant le bon tempo pour ne pas « cramer » la séance marathon.

 

Ainsi, les instants de relâche n’ont jamais existé, même de simples footings sont ainsi devenus de vraies séances qualitatives. Pour retrouver du pied, pour mémoriser la fréquence. Quant à la puissance, sur l’expérience positive de Zurich, des séances en côte ont été ajoutées, pour compenser, tout en jouant sur des équilibres très fragiles « car dès que tu ajoutes du travail en côte, tu développes de la fatigue ».

 

Ainsi Christelle Daunay entre sensations personnelles, craintes de la blessure et nécessité abolsue de s’approcher d’un temps minima pour les J.O., a navigué jusqu’à cette fin d’automne, dans les eaux troubles d’une préparation à risque. Une prise de risque maximale dictée par un calendrier qui n’attend ni les absents ni les retardataires. « On a toujours besoin de repères pour quantifier, pour savoir où elle en est » explique Cédric Thomas. Mais à déplacer légèrement le curseur, le coach et Christelle en duo averti ont joué fin pour déjouer l’imprévisible.

 

A écouter l’entraîneur, une certitude s’impose, le marathon n’est pas tout à fait une science. Un travail d’horloger où l’intuition et le sensitif l’emportent. A Zurich, Christelle sonnait à l’heure. A New York, qu’en sera-t-il ??

  • Texte et photo : Gilles Bertrand