Brice Leroy est devenu champion de France du 800 mètres en salle, devant Leo Morgana et Paul Renaudie. Le sociétaire de Martigues, nouvellement installé dans le sud, renoue avec le succès.
L’arène Pellez est pleine à craquer, et sur toutes les portes, un gros panneau est affiché. COMPLET. La jauge des 3200 spectateurs est atteinte. Renaud Lavillenie et son virtuel record du monde n’y sont pas pour rien.
Les coureurs du 800 mètres débarquent dans une ambiance bouillonnante. Brice Leroy au couloir 2. Paul Renaudie au 3. Leo Morgana au couloir 4.
Le Montpelliérain rêve de jouer les trouble-fêtes. Sa série de la veille a été prometteuse. Sa marque de la saison est en retrait sur ses deux rivaux, 1’48’’81 contre 1’47’’88 à Brice Leroy et 1’47’’96 pour Paul Renaudie.
Mais Leo Morgana est très très gourmand. Après sa 2ème place, il ne dissimule pas sa déception, et Gilles Garcia, son entraîneur, en est presque inquiet : « Il venait pour gagner. C’est un mec qui ne veut pas perdre. Cela ne va pas être facile à gérer ! »
On sent le coach inquiet de la réaction de son élève. Il répète plusieurs fois : « Il sera déçu. » Depuis quatre ans qu’il le conseiller, il a appris à le connaître. L’appétit de l’ancien footballeur a grandi à vitesse grand V, au rythme de sa forte progression, il tombe les chronos comme un bûcheron, passant de 1’55’’ à 1’46’’98 en quatre saisons seulement, grâce à des qualités de vitesse et de résistance lactique très exceptionnelles.
Sur la piste d’Aubière, Leo a confirmé qu’il faudrait compter avec lui dans l’avenir. Il n’a que 20 ans, mais il n’a pas failli à prendre ses responsabilités. Et ça, Gilles Garcia l’a beaucoup apprécié : « Ca me plaît. Dommage il s’est fait surprendre par la droite. »
Brice Leroy, une nouvelle vie à Istres, avec le club de Martigues
Par Brice Leroy, qui place une accélération soutenue à 300 mètres de l’arrivée, et ne faiblit pas. Il en rit lui-même après l’arrivée : « J’ai vu que les jambes répondaient. J’ai fait un long sprint. Et les derniers 50 mètres à fond. J’ai adoré ça ! »
Pourtant, ce n’est pas ce type de course qu’il attendait pour ce France, misant plutôt pour une finale au train, avec le premier 400 mètres en 53’’-54’’. Mais en voyant le chrono affichant 49’’, il a compris que le scénario serait tout autre, et qu’il fallait y croire. Et il s’est répété : « Une finale, ça ne se réfléchit pas, ça se court. »
Il l’avoue, il s’est surpris lui-même, et il y a pris beaucoup de plaisir. Ce titre cautionne ainsi le virage à 180 degrés qu’il a voulu donner à sa vie à l’automne dernier. Brice a souhaité tourner le dos à la vie trop fêtarde qu’il menait à Amiens. Il s’est dit : « A 25 ans, c’est maintenant ou jamais qu’il faut changer les choses ». Out donc ses incartades, l’alcool, les soirées en boîte de nuit, la chicha, les sorties tardives avec les copains du club d’Amiens, les passages trop fréquents au Mac Do…
Il met le cap sur Istres, pour se rapprocher de Roger Milhau, son entraîneur qui le suivait jusqu’alors à distance. Conclusion : « Tout a changé ! » L’entraînement, avec plus de musculation, d’endurance, une technique de course plus économe, et l’œil du coach au quotidien pour analyser. La vie personnelle, plus saine, avec un travail à temps partiel au Décathlon d’Istres, facilité par un directeur très compréhensif.
La proximité avec le coach l’a relancé, et l’intégration au club de Martigues lui a également été très bénéfique. Brice n’est pas soutenu par sa famille, pour l’athlétisme, et ne peut compter que sur lui-même pour son budget.
La signature à Martigues lui apporte une sécurité financière déterminante : « Le contrat m’a sauvé la vie. » Et il apprécie aussi dans ce club la mission auprès des jeunes qu’il a pris en charge. Dans la continuité d’un travail d’éducateur de foot qu’il assumait à Amiens, et qu’il aimait beaucoup.
Dans le sud, Brice s’est bâti une autre vie, et sa progression a repris. Même si la veille de sa finale, il n’a pas pu s’empêcher de faire un petit tour au Mac Do !
Texte : Odile Baudrier
Photos : Gilles Bertrand