Le marathon de Richmond aux Etats-Unis n’a pas hésité à disqualifier son vainqueur, le Kenyan Julius Koskei, ainsi que la vainqueuse du semi-marathon, l’Ethiopienne Firegenet Mandefiro, et sa compatriote, 3ème. Le motif ? Leur collaboration avec leur agent Larisa Mikhaylova, mise en cause pour ses liens avec des athlètes coupables de dopage, Kenyans et Ethiopiens, et aussi dans le passé, Aïssa Dghoughi.
La règle a été appliquée de manière impitoyable à Richmond. La disqualification du Kenya Julius Koskei, vainqueur du marathon, en 2h19′, de l’Ethiopienne Firegenet Mandefiro, vainqueuse du semi-marathon, et de sa compatriote, Gadise Megersa, 3ème du semi a été prononcée.
Pourquoi une telle décision prise quelques jours après la course ? En raison de leurs liens avec Larisa Mikhaylova, une manager mise à l’index aux Etats-Unis, et qui a effectué leurs inscriptions sous un faux nom… Mais en découvrant que l’intermédiaire à la venue de ce trio n’était autre que cette femme Russe installée à Kentucky, près de Cincinatti, les organisateurs ont choisi une solution radicale.
Larisa Mikhaylova a été en effet reliée avec plusieurs Kenyans et Ethiopiens accusés de dopage, et l’agence Associated Press lui avait consacré au printemps 2016 un long sujet levant le voile sur les accusations à son encontre, à la suite des contrôles positifs en 2012 de Jynocel Basweri, et Nixon Kiplagat Cherutich, tous les deux aux stéroïdes, et de Lilian Mariita, deux fois positive en 8 mois, à l’EPO puis aux stéroïdes.
Larisa Mikhaylova, mise en cause par l’IAAF
Cette dernière, suspendue en 2015 pour 8 ans, avait témoigné à charge contre son ancienne manager, l’accusant de lui avoir fait avaler chaque jour et avant chaque course, plusieurs comprimés, présentés comme des vitamines. Des affirmations évidemment contestées par Larisa Mikhaylova, mais prises au sérieux jusqu’à l’IAAF, avec une déclaration très offensive de Kyle Barber, responsable des investigations anti-dopage, qui soutenait que l’instance internationale souhaitait la mettre sur la touche.
Cette Russe spécialiste de 800 mètres, avec un record à 1’57’’70’’, victorieuse de la Coupe d’Europe en 1998, avait transformé sa maison de Hebron, dans le Kentucky, en lieu d’accueil pour des coureurs du Kenya et d’Ethiopie qu’elle inscrivait dans des épreuves de taille moyenne, offrant des primes modestes, et non soumises à des contrôles anti-dopage. Le système était plus que lucratif, Lilian Mariita, accumulant les victoires à travers tous le pays, avait ainsi empoché 24.000 dollars en 2014, et Larisa Mikhaylova recevait évidemment un pourcentage sur tous les gains.
Mais de telles dérives ont incité certains organisateurs à fixer des règles strictes pour la distribution des primes, comme pour ceux du Marathon et semi de Richmond, avec l’interdiction pour les athlètes d’être représentés par des agents ou entraîneurs qui auraient eu deux coureurs ou plus soumis à des contrôles positifs.
En réalité, selon l’Agence AP, Larisa aurait un passé très chargé dans ce domaine, avec déjà la collaboration avec l’Ethiopienne Shitaye Gemechu, positive à l’EPO en 2009, et de retour en compétition maintenant, mais aussi celle d’Aïssa Dghoughi,suspendu trois ans en 2006 pour s’être soustrait à un contrôle.
Aïssa Dghoughi, un come back éphémère au semi de Nice
Mais le Marocain, bien connu en France pour ses révélations sur le dopage dans le demi-fond en 2007, condamné à de la prison avec sursis pour trafic d’EPO, ne souhaite pas évoquer ses liens avec la manager russe, et à mes questions posées par « Messenger », il me répond depuis les Etats-Unis où il vit : « Non merci. Je cours plus. J’ai arrêté l’athlé. STP ne me contacte pas à propos de cette histoire. » Deux jours plus tard, Aïssa Dghoughi livrera sa version sur cette collaboration, elle se serait limitée à un contrat sur deux courses, en 2012, Aïssa, en difficulté pour trouver un manager après sa suspension pour dopage, se serait tourné vers Larisa Mikhyalova, qui l’aurait engagé sur ces courses, et l’aurait de suite mentionné sur son site internet, comme faisant partie de son groupe.
Paradoxalement, c’est en France qu’Aïssa Dghoughi a effectué sa dernière course, lors du semi-marathon d’avril à Nice, sanctionné par la 5ème place en 1h05’55’’. Il venait juste de renouer avec la compétition, au semi de San Sebastien, après près de trois années d’interruption, depuis 2014. Il m’avait alors affirmé, également par Messenger, que c’est parce qu’il était de passage à côté de Nice pour voir un médecin pour un problème au pied qu’il se serait aligné au semi. Mais finalement, ce come-back n’aura été que de courte durée, et depuis, Aïssa Dghoughi a disparu des tablettes.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.