Aurélie Chaboudez s’affirme comme ultra favorite pour le titre de Championne d’Europe espoirs du 400 mètres haies, pour lequel elle arrivait à Tallin en tête du bilan européen. A Tallin, sa série se déroule à la perfection, en accord avec la tactique fixée avec Bruno Gajer, son entraîneur.
Le verdoyant stade Kadriorg n’a pas de secrets pour Aurélie Chaboudez. La hurdleuse y a déjà brillé, il y a quatre ans, en 2011, avec la médaille d’argent du Championnat d’Europe juniors Elle confirmait alors son gros talent sur les haies déjà mis en évidence lors de sa victoire aux premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse à Singapour à l’été 2010. Et elle poursuivait sur cette lancée avec à nouveau de l’argent, cette fois au Mondial juniors de Barcelone en 2012.
Mais à l’époque, Aurélie Chaboudez n’était encore qu’une heptathlonienne faisant une incursion sur le 400 mètres haies pour les gros championnats, et elle explique : « Je m’entraînais deux mois pour les haies. Je prenais des risques face à mes adversaires, qui ne faisaient que du 400 haies. » La décision s’imposait toute seule à elle, l’abandon des épreuves combinées pour se consacrer aux haies : « Cela fait deux ans, et ça ne me manque pas du tout ! Cela s’est fait logiquement. Cela ne m’a pas perturbée.» Un choix que Bertrand Valcin, son entraîneur de l’époque au Pôle des épreuves combinées de Montpellier, encourageait vivement. Même s’il signifiait le départ de Montpellier pour l’INSEP à Paris, où elle rejoignait le groupe de Bruno Gajer.
Un nouveau changement radical qu’elle assumait sans difficulté. Cette jeune fille volontaire et ambitieuse souligne : « Une fois que j’ai fait mon choix, je m’adapte très facilement. » Elle n’avait ainsi que 17 ans lorsqu’elle avait quitté sa ville de Montbéliard pour Montpellier, où elle a obtenu sa licence STAPS en Management du Sport. Elle a suivi ensuite à l’INSEP avec un Master 2 en Management des entreprises de Luxe, qui l’a passionnée.
Elle mène en parallèle sans difficulté son entraînement dans le groupe Gajer, tourné 400 m-800 m, selon un scénario particulier. Les entraînements spécifiques menés seule. Les autres entraînements dans le groupe des filles spécialistes du 800 mètres. Et même si elle se trouve un peu plus isolée depuis que Muriel Hurtis a stoppé sa carrière et ne partage plus ses entraînements du 400 mètres, elle s’avoue très satisfaite : « J’aime bien concilier les deux. C’est une autre méthode d’entraînement. Je m’y suis bien adaptée. »
55 »51, une performance attendue depuis 2014
Les résultats l’ont confirmé. Et surtout cette saison, avec son gros chrono du meeting de Marseille, 55’’51, qui la place en tête du bilan européen espoirs, et lui donne son ticket pour le Mondial de Pékin. Elle souligne : «J’ai franchi un cap. J’attendais cette étape depuis 2014. Mais pour cette saison, je ne l’attendais pas aussi tôt ! »
Une performance propice à renforcer sa confiance, même si elle l’avoue, elle n’en manque pas… Pour ce Championnat d’Europe espoirs, son objectif ne se déclinera pas autour du chrono, elle ne vise qu’une seule chose, un podium, et de préférence la première marche : « Je veux le plus haut. C’est normal. J’ai travaillé pour ça. »
Sa série a donné le ton, en accord parfait avec la tactique fixée avec son entraîneur : « J’ai fait ma course sur 200 mètres. J’ai déroulé sur la fin de course, tout en regardant où étaient les autres. ». Une très belle démonstration de force, confirmant sa position de leader européenne, qu’elle voudra renouveler pour la demi-finale.
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand