Asbel Kiprop ne cherchera pas à se défendre face à l’IAAF de l’accusation de dopage suite à son contrôle positif à l’EPO survenu fin novembre. Le Kenyan se justifie par l’absence de moyens financiers pour assumer les frais d’avocat et d’experts. Il met aussi en cause le manque de soutien de son manager. Les détails de cette sinistre affaire demeureront ainsi bien protégés…
Asbel Kiprop a choisi Facebook pour diffuser un communiqué annonçant qu’il renonçait à se défendre de l’accusation de dopage à l’EPO. Une commission disciplinaire de l’IAAF est programmée pour le 28 juin à Londres, et elle devrait ainsi lui signifier sa suspension pour 4 ans pour ce contrôle positif.
Pourquoi cette décision ? Pour des raisons financières… Le Kenyan affirme qu’il ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour payer les frais d’avocats et d’experts nécessaires pour sa défense. Sa carrière compte pourtant le titre olympique de Pékin, trois titres de champion du monde, et une multitude victoires dans des meetings. Ainsi entre juillet 2015 et juillet 2016, il avait enchaîné 8 victoires consécutives, incluant Monaco, Zürich, Birmingham, Doha, et le championnat du monde de Pékin. Autant de rendez-vous synonymes de beaucoup de dollars… La médaille d’or du Mondial 2015 valait ainsi 60.000 dollars.
L’argument de la « pauvreté » ne peut qu’interpeller et incite à se demander si Asbel Kiprop a été spolié de son argent ? Ou bien a-t-il choisi ce très vilain mensonge pour justifier de stopper le combat contre l’IAAF ???
Lâché par sa fédération, son gouvernement… et son manager
Asbel Kiprop n’a pas hésité aussi à ajouter une accusation forte, celle du « manque de soutien de ses managers, de sa fédération et de son gouvernement ». Le plus reprenant dans cette mise en cause est qu’il pointe du doigt son manager, Federico Rosa, qu’il avait soutenu avec force lorsque l’Italien avait été interpellé en juillet 2016 par la justice kenyane suite à des accusations de dopage, avant d’être disculpé quelques mois plus tard.
En tout cas, Asbel Kiprop n’avoue rien. Au contraire, il se déclare à nouveau innocent dans son commentaire Facebook par ces mots : « Je ne me suis pas injecté moi-même de l’EPO consciemment ou inconsciemment ». Une formulation intéressante puisqu’elle laisse ouverte la porte à une injection qui aurait été effectuée par une autre personne…
Asbel Kiprop ne veut pas se battre pour défendre, certain que de toute façon, il ne pourra retrouver sa crédibilité. Il fêtera ses 29 ans dans quelques jours et sa carrière apparaît bel et bien terminée, avec en ligne de mire, une suspension de 4 années pour ce test positif à l’EPO.
Son absence de la procédure permettra qu’il conserve tous ses secrets, sans obligation de dévoiler tous les détails de cet épisode où il a accusé de manipulation les préleveurs mandatés par l’IAAF et révélé les habitudes d’informer en amont des contrôles. Quel dommage, on aurait aimé en savoir beaucoup plus. Et à l’opposé, quel soulagement pour un certain nombre de protagonistes de cette sinistre affaire de dopage….
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand