Alors qu’Usain Bolt dispute son ultime championnat du monde, c’est l’occasion d’observer une dernière fois son immense foulée, et de l’analyser pour tenter de mieux comprendre l’exceptionnel niveau de performances atteint par le Jamaïcain. Et une nouvelle étude l’explique par l’asymétrie de sa foulée, avec une jambe gauche plus forte que la jambe droite. Un décalage résultant de sa forte scoliose, mais qui était traditionnellement considéré comme un handicap pour un sprinter…
Les derniers tours de piste d’Usain Bolt suscitent excitation et enthousiasme, et il pourrait aussi y avoir quelques larmes chez certains, comme si la fin de carrière du Jamaïcain marquait une petite mort pour l’athlétisme…
C’est aussi le temps des analyses pour tenter de mieux comprendre ce phénomène qu’il a été. Les Américains de la Southern Methodist University au Texas sont les derniers à s’être attaqués au décortiquage de la foulée du Jamaïcain. Pour aboutir à une conclusion curieuse : les performances exceptionnelles de Bolt seraient le résultat du déséquilibre entre ses deux jambes, suite à sa forte scoliose.
Selon l’étude menée par le chercheur Andrew Udofa, la jambe droite de Bolt semble frapper la piste avec 13% de force en plus que sa jambe gauche, et à chaque foulée, sa jambe gauche resterait sur le sol 14% plus longtemps que sa jambe droite.
Un constat que l’équipe du SMU trouve surprenant à considérer qu’il était plutôt admis jusqu’alors qu’une foulée déséquilibrée avait tendance à ralentir un coureur.
Et pour ces chercheurs, l’explication qu’ils ont présentée lors d’une conférence internationale sur la biomécanique à Cologne en Allemagne, serait à trouver du côté des problèmes de scoliose d’Usain Bolt, qui l’aurait amené à adapter naturellement sa foulée pour contrer cette pathologie qui incline sa colonne vertébrale vers la droite et qui lui provoque une jambe droite plus courte d’environ 1 pouce, soit 25 mm.
Leurs conclusions ont été reçues de manière mitigée par la communauté scientifique, comme l’explique le New York Times, qui a ainsi interrogé d’autres experts surpris de découvrir un écart aussi important entre la force des deux jambes.
Selon le Finlandais Antti Mero, physiologiste à l’Université de Jyvaskyla, la différence entre les deux jambes s’établit en général entre 1 à 3% et ce chiffre de 13% lui apparaît trop élevé. Même son de cloche du côté de Ralph Mann, un chercheur en biomécanique américain, consultant pour la Fédération US, lui-même ancien athlète de 400 haies, et sceptique face à ce nombre alors que ses mesures s’établissent entre 0 et 7% chez les sprinters d’élite.
Mais c’est Ricky Simms, le manager du Jamaïcain, qui a mis tout le monde d’accord, en clamant qu’Usain Bolt ne s’intéresse nullement à de telles études…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand