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Analyse : Pourquoi un 2ème club d’athlétisme à Alès ?

Alès compte désormais deux clubs d’athlétisme, avec  un nouveau venu, AATAC, aux côtés du précurseur, l’Alès Cévennes Athlétisme. Une petite révolution pour la ville, que l’ACA a souvent mise en avant par la réussite de ses élites. Justement, le projet impulsé par Vincent Boucena Badon, et Thierry Pantel, deux anciens athlètes de l’AC2A, a délibérément choisi une toute autre orientation, celle d’un club dédié à la formation des jeunes athlètes.

pantel alès a

« J’allais me mettre à la retraite. Et me voilà relancé dans une nouveau club ». La voix de Thierry Pantel bouillonne d’excitation, pour raconter les détails de la création de ce nouveau club à Alès, l’AATAC.

Pourquoi un tel projet ? Thierry Pantel, et Vincent Boucena Badon, président d’AATAC, parlent d’une même voix : pour bâtir une structure axée sur la formation des jeunes, et des nouveaux coureurs. Une orientation s’inscrivant ainsi en contrepied de l’Alès Cévennes Athlétisme, connue depuis des années pour sa politique de haut niveau, avec une équipe d’élite très performante, et encore sur le podium du France de cross cette année, pour un total de 10 titres de champion de France en 20 ans !

Paradoxalement, Vincent Boucena Badon, comme Thierry Pantel, ont bénéficié de cette orientation vers l’élite. Le parcours de Thierry Pantel, débuté à l’AC Alès en cadets, l’y avait ramené après qu’il se soit tourné Marignane, où les conditions favorables allaient lui permettre de réussir la plus belle partie de sa carrière avec le record de France du 10.000 m. Son retour à Alès en 1992 visait justement à bâtir la première équipe de haut niveau, avec aussi Luis Soarès, sélectionné cette année-là aux JO de Barcelone. Quant à Vincent Boucena-Badon, d’abord formé à Bagnols sur Cèze, il s’était tourné, lui, en 2008 vers l’AC Alès, où il allait obtenir des résultats de qualité, une sélection au Mondial de cross en 2009, plusieurs titres de champion de France du 5000 m en junior et espoir.

Un club pour l’élite, un club pour les jeunes

Mais l’orientation vers le haut niveau a valu quelques déboires à l’AC Alès, avec plusieurs athlètes contrôlés positifs, comme Khalid Zoubaa, Abraham Kiprotich, Othmane El Goumri, qui ont terni l’image du club. Vincent Boucena Badon a vécu ces problèmes de l’intérieur, et il l’avoue, cela a été souvent rude : « On nous en parlait, on était montrés du doigt ». Et même s’il a apprécié de voir le club se décider en 2017 à stopper les recrutements d’athlètes étrangers, pour se concentrer sur de jeunes talents français, il aurait souhaité pouvoir aller encore plus loin, en s’investissant dans un axe dédié aux jeunes et aux coureurs locaux. Mais l’idée n’a pas séduit à l’AC Alès, et Vincent Boucena Badon s’est alors décidé à prendre son envol, en créant son propre projet, avec une équipe d’amis.

vincent boucena
Thierry Pantel  a de suite adhéré. Même s’il tient à ne pas épiloguer sur ses relations, parfois délicates, avec l’AC Alès, qu’il avait retrouvé il y a deux ans pour entraîner les jeunes, comme son fils Eliott, il admet que sans ce nouveau club, il aurait certainement stoppé son investissement, faute d’intérêt des dirigeants de l’AC. Et il explique laconiquement : « Je connais ces gens-là depuis longtemps. Ils vibrent pour l’élite. Moi, je vibre pour les jeunes. Et je veux arriver à bâtir une élite formée par des jeunes d’ici. »

Le couple Albaladejo incarne depuis deux décennies le club d’Alès, avec le paradoxe que Marie Claude Albaladejo  est depuis quatre ans l’élue aux sports de la ville d’Alès, et donc décisionnaire des budgets sports. Certes, Marie Claude Albaladejo n’assume plus de fonction officielle au club, que son mari Yves dirige de main de maître, mais elle en demeure une vibrante supportrice, encore présente ce printemps au France de cross avec le maillot du club.

Une situation inconfortable pour le nouveau club de l’AATAC, que Vincent Boucena Badon aborde avec philosophie : « J’apprécie beaucoup Madame Albaladejo. C’est avant tout une passionnée d’athlétisme ! Je l’ai rencontrée pour lui présenter le projet, pour expliquer que la création ne se fait pas contre l’ACA, mais pour une vision différente ». Le jeune homme, il n’a que 28 ans, à la tête du magasin « Instant Running » d’Alès, fait preuve de réalisme, il sait que le financement du club passera principalement par les partenariats privés. Et dans ce domaine, il se réjouit de voir que les signaux sont au vert, avec beaucoup de contacts intéressés par cette démarche inédite. L’enthousiasme apparaît général, avec un accueil très positif, localement et sur les réseaux sociaux. Thierry Pantel s’enthousiasme : « J’ai 54 ans. Je suis surpris de voir autant d’envies autour de moi. C’est pur. C’est sain. On me parle d’une bouffée d’oxygène pour Alès. »

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand

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