Un deuxième semi-marathon en 1h06’58’’. C’est la performance très déroutante qu’a réalisé Mary Keitany pour remporter son 4ème marathon de New York, dans le chrono final de 2h22’48’’. Les spécialistes sont médusés par les chronos incroyables produits par la Kenyane de 37 ans dans les derniers kilomètres de l’épreuve.
Une litanie de chiffres tous plus impressionnants les uns que les autres, et qui laissent sans voix les spécialistes. Comme le Sud Africain Ross Tucker, habitué à disséquer via twitter les chronos des leaders des grands marathons internationaux, et qui, immédiatement après l’arrivée victorieuse de Mary Keitany, n’a pas caché sa surprise en constatant les temps réalisés par la Kenyane sur le parcours de New York : « Elle a couru les deux semis en 1h15’50’’ et 1h06’58’’. Je dois contrôler mes calculs, car cela me semble impossible de courir aussi vite dans le deuxième semi, qui inclut les montées dans le Parc. »
Mais la double vérification ne va que confirmer cette distorsion incroyable entre les deux parties de courses. Mary Keitany devient la première femme à réaliser un tel negative split, de près de 9 minutes, et à être capable de courir aussi vite dans une fin de marathon.
D’autres spécialistes ne dissimulent pas leur ébahissement, et leurs comparaisons successives font frémir. Ainsi en 2018, seulement 21 femmes ont couru sur semi-marathon plus vite que Mary Keitany a pu le faire sur son deuxième semi-marathon. Et si l’on regarde du côté des bilans tous temps, cette marque de 1h06’58’’ n’a été gommée que par 44 semi-marathoniennes…
Autres éléments qui choquent, son temps sur la section entre le 25ème et le 30ème, courue en 15’19’’, soit un rythme de 2h09’15’’… La samba se poursuit jusqu’au 35ème km, elle boucle cette portion de 10 km en 30’53’’. Avec en repère, le record de 30’52’’ de Shahane Flanagan, qui lui avait permis de remporter le titre américain sur 10 km il y a deux ans. En clair, ses rivales ne pouvaient qu’être torpillées, avec également face à elle, Molly Huddle, dont le record sur semi dépasse les 1h07’.
Circuleront également ses chronos successifs sur les treize derniers miles successifs : 5 :15-5 :08-5 :09-4 :55-4 :58-4 :55-5 :01-5 :01-5 :06-5 :13-5 :20-5 :09-5 :19, avec un emballement impressionnant sur trois miles, entre le 17ème et le 19ème, courus sous les 5 minutes.
7ème chrono au scratch sur le deuxième semi !
Même face aux hommes, Mary Keitany soutient largement la comparaison : le classement effectué par le site Lets’ Run sur les chronos du deuxième semi de New York la fait apparaître en 7ème position ! Le top 3 masculin termine autour des 1h02’, mais elle devance l’Américain Jared Ward, qui termine en final 7ème.
Enfin, dernier point très intéressant, la tactique de course en negative split de Mary Keitany se situe en contrepied complet de celle déployée lors de sa victoire en 2011, où elle avait effectué alors un départ en boulet de canon, avec un chrono de 1h07’56’’. C’est ainsi que la Kenyane peut maintenant se targuer du record sur la première moitié, et du record sur la deuxième moitié, sans pour autant, avoir pu s’approprier le record de la course, encore détenu depuis 2003 par Margaret Okayo, en 2h22’31’’.
Autre comparaison, celle avec Paula Radcliffe, qui pour son record du monde, avait couru les deux semis en 1h07’23’’ et 1h08’02’’. Certes, la Britannique se situe ainsi très loin de Mary Keitany sur cette deuxième moitié. Mais pour autant, Mary Keitany compte encore un débours de près de sept minutes sur la Britannique, toujours auréolée d’un record stratosphérique…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand