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Alexis Miellet, Fabien Palcau, le DUC dans le sang

A quelques jours des Europe de cross, séance de 30-30 pour Alexis Miellet et Fabien Palcau, têtes de liste du DUC

A quelques jours des Europe de cross, séance de 30-30 pour Alexis Miellet et Fabien Palcau, têtes de liste du DUC

 

Le DUC est un club formateur. Pour preuve, une nouvelle fois, ce club place deux coureurs en équipe de France pour les Europe de cross. Rencontre un soir de 30-30 avec Alexis Miellet, l’espoir coureur de 15 et Fabien Palcau, le junior, plus crossman et coureur de 5000, deux enfants du DUC,  tous les deux entraînés par Rémy Geoffroy.

 

La séance ? Pas trop mal. Dans un air froid mais sec. Sans ce vent mordant qui habituellement balaye sans merci le stade Colette Besson. Deux par douze par 30’’-30’’…Alexis a géré, belle foulée, bien en ligne, aérien. Fabien…hummmm…Il se touche le mollet…petit grippage…des petits restes de la sélection qui le taquinent, à épousseter pour faire place nette.  Le coach est formel, on ne prend aucun risque pour rejoindre Hyères, cœur d’Europe, l’esprit libéré. Alexis ajoute : « On ne voulait pas louper ça. D’autant plus que ces Europe, ils devaient avoir lieu à Paray, chez nous en Bourgogne».

Ils se sont vite changés de chaud et de sec. Quelques mots échangés avec le coach, juste une confirmation, la grosse séance du vendredi, ce sera bien 1500 + 1000 + 1500 + 1000 ? Alexis saute sur le dos de l’un de ses copains qui le porte sur quelques mètres. En cercle et petits comités, les entraîneurs ont les mains plongées dans les poches. Le froid devient pénétrant. Une réunion les attend. Une de plus, une longue soirée à débattre sur les futures orientations du club. Alain Bullot le président ne cache plus ses inquiétudes : « Avec nos valeurs associatives, nous sommes sans doute au bout d’un système ».

Au DUC, les résultats d’Alexis Miellet et de Fabien Palcau sont arrivés comme une providence. A un moment de doute. Leur entraîneur, Rémy Geoffroy ne le nie pas. Rencontré peu avant cet entraînement, il disait : « On sait qu’en vingt ans, on va en passer des jeunes. Mais c’est vrai qu’avant eux deux, nous avons eu un coup de moins bien, une petite traversée du désert ».

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Alexis était le fils de Christophe, un ancien du DUC, un copain de Rémy, ils jouaient ensemble, à dribbler, dans le même quartier. Rémi d’expliquer avec une pointe de dépit : « Christophe est passé à côté d’une grande carrière, il perdait ses moyens en compétition ».  Quant à Fabien, il est le fils de Marie Violène, elle aussi, une ancienne du DUC, qui en son temps se classa trentième à un France de cross. Rémy d’ajouter : « Trentième, à cette époque, ça signifiait quelque chose ».  Ce qui fait dire au coach : « La chance, il faut la provoquer ».

De la chance ? Le destin de chacun ? Une part de hasard ou le libre-arbitre ? Alexis et Fabien ont tous les deux une petite histoire qui pourrait être le point de départ d’une…grande histoire. Qui peut savoir ? Ils sont l’un en face de l’autre, dans l’une de ces salles vitrées surplombant les tribunes du stade. Fabien se lance le premier : « J’étais en CM1, nous devions écrire une lettre à nos parents pour raconter ce que nous souhaitions faire à l’avenir. Je me souviens, j’avais été très lucide pour exposer mes arguments. J’ai simplement dit que je voulais devenir coureur». «J’aime bien courir et surtout, je suis assez fort dans ce domaine » avait-il écrit le 22 mars 2007. Il n’avait que 10 ans. Le 22 mars, la date anniversaire de Rémy Geoffroy, tiens tiens…un signe du destin ?

Alexis connaissait l’anecdote. Sans aucune timidité, il y a même une pointe de fierté, pour raconter à son tour : « Mon arrière grand-mère est décédée l’an passé. C’est elle qui m’avait offert les paroles de la Marseillaise ».  Sur le podium de son premier titre, c’est en pensant à la vieille dame qu’Alexis chanta, droit comme un piquet, le premier couplet écrit par Rouget de Lisle.

Il y a de la tendresse dans ces deux histoires. Le coach a écouté, il ajoute : « Il y a quelque chose qui les ressemble ». Il y a quelque chose qui les rassemble, qui les unit plus que tout au sein de ce club, socle armé pour accueillir celui ou celle s’y amarrant, s’y aventurant.

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Ce qu’ils entendent au club, les mêmes consignes, les mêmes phrases, Alexis et Fabien les ont écoutées dans le cercle fermé de la famille. Ils ont sans doute rétorqué plus d’une fois : « Oui, c’est bon, j’ai pigé… » Mais l’essentiel était compris : patience et prudence, deux mots répétés en boucle, en apesanteur, Alexis le répète : Mon père a connu le haut-niveau, il sait de quoi il parle ». En écho, Fabien ajoute : « Mes parents, ils m’ont tout apporté ». « Pour faire ce qui est juste » ajoute Rémy Geoffroy. Même s’il n’y a aucune certitude, aucune projection, aucune affirmation en ces temps troublés, blessés, meurtris même. Sans jeter un œil au coach qui écoute l’entretien, ils commentent cette relation entraîneur – entraîné avec cette fois un soupçon de timidité. Alexis le premier : « Le coach a une expérience, c’est quelque chose qu’il a vécu au niveau des sensations. Il a le ressenti ». Fabien poursuit : « Il est à l’écoute de nous. Tout l’entraînement est mesuré, réfléchi ».  L’un cherche cependant à comprendre, c‘est Alexis étudiant en DUST animation et gestion : « De par ma formation, je dois comprendre ce que je fais de moi-même ». Fabien, c’est l’inverse : « Au début, je voulais comprendre, maintenant, je veux juste courir ». Courir pour sentir, courir pour frémir, ce qu’ils aiment dans l’entraînement : « La séance SPE15, comme 3 fois 500» précise Alexis le pistard, avec un brun de malice au coin des lèvres. Fabien lui est plus cross, plus nature, plus fartleck. Peut-être des vieux restes d’une enfance à suivre ses parents, orienteurs confirmés chassant la balise dans les forêts de Plombières et de Marsannay ? Il a une pointe d’autorité dans la voix lorsqu’il précise : « J’aime bien les footings en nature avec variations  d’allure, je fais ce que je veux ».

Dudu, comprenez Fabrice Dubuisson n’est jamais loin de ces deux cercles, famille et club, qui se croisent et se confondent comme une éclipse permanente. Dans ce croissant fermé où tout se lie et tout se noue, il est entraîneur, organisateur, homme à tout faire, à tout donner. Il chapeaute. Il chaperonne. Il était à Hyères pour accompagner Fabien et le junior Aurélien Jem un autre surdoué, 14’44’’94 sur 5000  cette année  mais happé par le triathlon. Il a vu grandir Fabien, le bambin pas plus épais qu’une crevette : « Il était nain. Il n’avançait pas. Ca faisait bizarre de le voir courir. C’était son complexe. Un jour, il me dit : « Mais je suis petit ». Je lui ai répondu : « Il faut que tu manges de la soupe ». Il lui connaît ce côté frondeur, bagarreur en compétition, comme à Hyères, où il ne respectait rien des consignes données. Fabien confirme : « En compétition, j’ai cette vision de me transcender ».  Alexis Miellet, le moins crossman des deux mais le plus sensitif  de livrer : « Moi, en course j’aime quand tu imposes ta tactique, quand c’est toi qui décides. J’aime cette sensation de vitesse ».

Au club, on leur parle de rigueur, de valeurs défendues bec et ongles comme s’il s’agissait d’une survie, d’un bouclier vertueux. Ces enfants du DUC, ils ont leurs propres codes, leurs cercles à eux, des amis virtuels ou non qui rentrent, qui sortent et qui « like », des sponsors qui leur font de l’oeil. De façon plus intime, des obsessions, des frustrations, le dopage qui bousille tout. Des doutes comme cette peur de l’échec sous jacente, là, bien présente. Dans les études, Fabien, sur le fil du rasoir, est le plus concerné. Pour les Europe de cross ? « Il faut d’abord réussir les séances, le reste va tomber » Alexis se tourne alors vers Rémy Geoffroy : « C’est bien ça coach ? ».

> Texte et photos : Gilles Bertrand

> A Lire l’article : Rémy Geoffroy, le DUC pour toujours

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ALEXIS MIELLET

. 3’42’’47 sur 1500 m, RP et MPF 2015

. Champion de France cadet (2012), junior (2013), espoir (2015) sur 1500 m

. 3ème au France de cross 2015

. 14ème (junior – 2013) et 24ème (espoir – 2014) aux Europe de cross

. 9ème aux Europe espoirs à Tallin (2015) sur 1500 m

FABIEN PALCAU

. 3’53’’94 sur 1500 m et 14’26’41’’ sur 5000 m en 2015 (RP)

. Champion de France de cross cadet en 2014

. Vice champion de France de cross junior en 2015

. Champion de France junior sur 5000 en 2015-12-04.

. 12ème aux Europe de cross (2014)  et 62ème au Mondial de cross (2015)

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Rémy Geoffroy en compagnie d'Alexie Miellet

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Tout le DUC se mobilisera  pour encourager Alexis Miellet et Fabien Palcau qualifiés pour les Europe de cross

Tout le DUC se mobilisera pour encourager Alexis Miellet et Fabien Palcau qualifiés pour les Europe de cross

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