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Christelle Daunay, la sérénité retrouvée à New York

Christelle Daunay a choisi le marathon de New York pour son retour sur la distance après un long arrêt sur blessure, qui l’a éloignée plusieurs mois de la compétition. Elle retrouve ainsi les 42 km pour la 1ère fois depuis son titre de championne d’Europe d’août 2014, avec l’ambition d’un chrono autour des 2h28, pour se qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio.

 

Christelle Daunay
Christelle Daunay

 

Te voilà de retour à New York, pour la 4ème fois. Avec d’abord une envie de retrouver l’épreuve, et son ambiance que tu aimes bien ?
Tout à fait. C’est un marathon où j’ai toujours très bien couru, j’y ai toujours fait de belles perf. Même une 4ème place était vraiment une belle perf au vu du plateau très relevé cette année-là. Je suis très contente de revenir ici. Ca veut dire que j’ai pu faire une préparation après la blessure. Reprendre la compétition est un grand plaisir, et ici encore plus.

Avec quels objectifs ?

Ce sera d’aller chercher le minima olympique, et ensuite de faire la plus belle course possible, en fonction de l’adversité. Je vais essayer de jouer mon va tout pour essayer d’aller chercher une aussi belle place que les fois précédentes.

On te sent très détendue. Parce que tu as bien réussi ici dans le passé et que c’est un repère positif ?
Oui, car le travail est fait, l’entraînement s’est bien passé. J’ai tout fait pour arriver en forme ici, pour ne pas me soucier. Après, le jour J reste le jour J. Les jambes peuvent être absentes, ou moins fortes que prévu. En tout cas, j’ai le mental et le physique.

A quel moment as-tu décidé de courir ici ?
J’avais vraiment envie de faire un marathon. La blessure a fait qu’il fallait que je retrouve d’abord un minimum de forme, et ensuite que je passe le cap du haut niveau, qui est une autre étape. Donc il fallait quelques semaines et mois pour y arriver. J’ai retardé au maximum le délai. Donc c’était soit Chicago, soit New York. Si j’échoue dans la quête des minimas, il faudra refaire un marathon. Et il faut que les délais soient suffisants pour la récupération et la préparation. Puis entre Chicago, et New York, cela me laissait trois semaines de plus pour travailler, et c’est toujours bon à prendre. Même si on sait que le parcours n’est pas facile, mais j’ai déjà fait 2h28’ à New York.

Quel sera le minima à atteindre ici pour la qualification aux JO ?

Ils ne sont toujours pas fixés. Cela devrait être autour de 2h28. On attend l’officialisation. Après, moi, je vais essayer de faire ma course, me repérer sur mes sensations.

Tu as repris la compétition début juillet par un 10 km route à Atlanta. Cette course arrivait après 6 à 7 mois d’arrêt suite à ta blessure. Cette période d’attente a-t-elle été difficile à vivre pour toi ?
Bien sûr. Pour un sportif, une telle période n’est jamais simple. Moi, après le titre européen, j’avais envie de rebondir sur de belles courses, j’avais envie de faire le marathon de Londres que je n’ai jamais fait, d’aller chercher le record de France. Quand la blessure est arrivée, tout s’est écroulé. On m’a dit tu en prends pour 3 mois sans courir. Après, il y a eu la ré-athlétisation. C’est un gros coup dur. Après, on prend son mal en patience, on relativise. J’ai bien fait ma rééducation, j’ai pu revenir à mon niveau. Pas si facilement car aussi avec l’âge, c’est compliqué de retrouver ses performances antérieures. Voilà, j’ai bossé dur pour y arriver. Après, les délais ont été à peu près respectés. On s’était fixés une compétition en juillet, mais le calendrier n’est pas très favorable. C’est pour cela que j’ai choisi le 10 km d’Atlanta, le concept était sympa, l’Europe contre l’Afrique contre les Etats-Unis. J’ai fait 33’, ce n’était pas un parcours à chrono. Cela ne m’a pas forcément donné de références sur ma forme. Si ce n’est que 33’, c’était déjà bien pour une reprise.

Le chrono de fin août à Arras (32’23’’) est-il un meilleur repère ?

Oui, après Atlanta, je suis allée à Font Romeu, pour un stage de remise en forme. Ce n’était pas intensif. C’était surtout pour retrouver un niveau de forme. Je voulais faire une compétition de reprise fin août, pour un bilan. Ce 10 km d’Arras est relativement plat. Le chrono était celui estimé à l’entraînement, et cela m’a rassurée. J’ai eu une bonne adversité avec Chipchir, elle m’a poussée dans mes derniers retranchements. Ensuite j’ai couru à Copenhague, où les conditions étaient compliquées. J’espérais quelques secondes de mieux (1h09’57 »). Mais cela correspondait à ma stratégie, de monter en puissance pour arriver à New York en pleine possession de mes moyens. Il restait 7 semaines entre Copenhague et New York.

As-tu eu des séances repères qui t’ont confirmé ta forme ?

Au fil des semaines, on voit que l’entraînement accumulé paie, ça va de mieux en mieux. On a toujours avec Cédric des séances repères, c’est lui qui voit si je suis bien dans le bon tempo.

Tu te retrouves dans une compétition au plateau exceptionnel. Cela ajoute du stress ou plutôt de la satisfaction de voir que cela va te booster ?

C’est tout de même un stress. On se dit qu’il va falloir aller chercher les places devant. Il y a 9 filles sous les 2h25, la vainqueuse de Boston, de New York… C’est du très lourd. Cela ajoute du stress, on se dit que le top 5 dans lequel je pointe souvent sera très compliqué à aller chercher cette année. Mais on est sur la ligne de départ, on ne sait pas ce qu’elles ont fait avant , on ne connaît pas leur niveau de forme, elles peuvent s’être blessées ou se présenter hors de forme. Après, il ne faut pas douter de ses propres compétences. Tout est possible. En 2013, j’avais battu la championne du monde, la vice-championne du monde.

Sur ce parcours, quelle est la partie que tu préfères et la partie que tu redoutes ?
C’est l’ambiance générale. New York, c’est particulier. Nous, les filles, on ouvre la course, on a les encouragements de tout le monde. Il y a les longues lignes droites, sur la 1ère, sur la 5ème qui peuvent devenir monotones, surtout quand les jambes s’alourdissent et qu’on manque de lucidité. Et les 5 derniers kilomètres dans Central Park sont très difficiles. Les allées se rétrécissent. On est moins lucide, il faut serrer des dents…

La partie que je préfère est celle de la sortie du point. Il est entièrement interdit aux spectateurs. Sur le pont, il n’y a pas les spectateurs, on entend juste le bruit des marches, pendant près de 2 kilomètres. Et puis dès qu’on sort du pont, il y a un bruit immense, on est acclamés, et c’est presque trop de bruit d’un coup tellement on sort du silence ! On prend ça en pleine figure, et ça nous donne des ailes….

 Interview réalisée par Odile Baudrier
 Photo : D.R.

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