Caster Semenya s’est qualifiée in extremis pour le Championnat du Monde de Pékin. La Sud-Africaine spécialiste du 800 mètres retrouve ainsi le Mondial après plusieurs années difficiles suite à son titre conquis à Berlin et aux turbulences dues à son hyperandrogénie.
Le calendrier comporte parfois quelques hasards surprenants. Quelques jours seulement séparent une décision surprenante du Tribunal Arbitral du Sport en faveur des athlètes hyper androgynes et la qualification in-extremis pour Pékin de Caster Semenya, l’athlète hyper androgyne certainement la plus connue au monde.
Caster Semenya était apparue sur le devant de la scène brutalement durant l’été 2009, et avec elle, la problématique de l’hyperandrogénie. Femme ou homme ? Les avis divergeaient. Après moult analyses, l’IAAF la qualifiait de « sexe incertain », et l’autorisait à reprendre la compétition avec les femmes. Après son titre mondial de 2009, elle retrouvait l’argent au Mondial de 2011 et aux JO de Londres, avant de disparaître quasi-complètement. Très certainement incapable de retrouver son niveau après le traitement hormonal qu’elle aurait suivi pour contrer sa production anormale de testostérone.
Les hyperandrogynes autorisés à côté des femmes, quel paradoxe…
Ce cas avait été à l’origine de la fixation de règles par l’AAF, fixant un seuil précis aux taux de testostérone maximal accepté pour que les athlètes soient acceptées comme femmes. Mais la sprinteuse indienne Dutee Chand allait mettre le feu aux poudres, en refusant ces règles, et en portant l’affaire devant le Tribunal Arbitral du Sport.
Et ce Tribunal allait renvoyer l’IAAF dans ses cordes pour contester ce taux de testostérone supérieur à 10 nmol/litre, et décider fin juillet que ces règles devaient être suspendues pendant deux ans jusqu’à qu’un argumentaire scientifique plus précis soit bâtie.
Dans l’attente, les athlètes hyper androgynes peuvent donc continuer à concourir avec les femmes, sans aucune obligation de traitement pour diminuer leur taux de testostérone.
Une décision désavantageant ainsi les athlètes féminines, et lourde de conséquences pour les futurs Jeux Olympiques et Mondiaux, avec cet atout donné aux hyperandrogynes. Par étrange hasard, Caster Semenya se retrouvait quelques jours plus tard capable de courir en 2’00’’72, un chrono certes éloigné de ses 1’55’’45, mais qu’elle n’avait plus atteint depuis deux ans.
Alors, aboutissement du travail avec son nouvel entraîneur, Jean Verster, ou conséquence d’un traitement allégé ou supprimé après cette décision pro androgyne ??? Les performances à venir nous le diront…
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand