La relation entre Mo Farah et Alberto Salazar fait l’objet d’une enquête de la Fédération Britannique, lancée suite aux révélations sur les pratiques douteuses d’Alberto Salazar. L’UK Athletics veut ainsi répondre aux questions posées autour de cette collaboration avec son athlète phare.
La fédération britannique ne pouvait rester sans agir après la mise en cause dans le documentaire de la BBC d’Alberto Salazar, entraîneur de la plus grande star de son athlétisme. Mo Farah n’y est mis en cause par aucun témoignage, mais certains éléments ont tourné en sa défaveur.
Son forfait de dernière minute au meeting de Birmingham a joué le rôle de détonateur auprès de spectateurs venus spécialement pour le voir courir. S’en est suivi un grand déballage dans la presse britannique, révélant le manque de popularité dont souffrirait en réalité le double champion olympique dans son pays. Mais « The Guardian » a donné le coup de grâce, en dévoilant le mensonge de Mo Farah au sujet de ce documentaire, qu’il prétendait avoir découvert 4 à 5 jours seulement avant sa diffusion le 3 juin, alors qu’il avait en réalité été approché dès le début mai par l’équipe de journalistes pour y réagir.
Avec son retour précipité vers l’Oregon et son entraîneur, Mo Farah a laissé le champ libre à moult questions, et obligé la Fédération Britannique à prendre les choses en main. L’UK Athletics ne pouvait, elle non plus, prétendre à échapper à quelques interrogations sur cette collaboration liant son leader à un entraîneur accusé par plusieurs athlètes de les inciter à utiliser des médicaments anti-asthmatiques, et thyroïdiens.
Une commission de 3 membres
Ed Warner, le Président, constituait à la hâte une commission formée de trois membres, chargés de cette investigation. Jason Gardener, Dr Sarah Rowell et Anne-Wafula Strike, trois anciens athlètes, auront la lourde tâche de s’assurer que la confiance placée par la Fédération UK envers l’ « Oregon Nike Project » est bien fondée au regard du programme d’entraînement de Mo Farah, et du programme d’endurance défini par la Fédé britannique. Mais pour ce qui concerne d’éventuels éléments liés au dopage, le trio aura une seule mission : transmettre les infos à l’agence anti-dopage UK ou à l’AMA, l’agence mondiale.
Que peut vraiment découvrir une telle commission ? L’avenir le dira. Mais seulement début août, date limite fixée pour restituer leur rapport. On peut prédire que d’ici là, les révélations se seront succédées, avec déjà de nouvelles accusations d’anciens athlètes proférées à l’égard d’Alberto Salazar auprès de l’équipe de journalistes de la BBC et ProPublica. Et en parallèle également les témoignages de soutiens d’athlètes actuellement entraînés par le boss US, comme Cam Lewis, Mary Cain, Shannon Rowbury, contestant formellement cette version d’un coach incitant au dopage.
La Fédération Britannique peu regardante au départ de Mo Farah en 2011
La situation demeure confuse. La Fédération Britannique sait qu’elle joue gros pour dégager toute responsabilité dans le cas d’une dérive constatée de Mo Farah. Déjà, se trouve pointé du doigt son manque de clairvoyance lors du départ du Britannique début 2011 vers l’Oregon.
Une enquête aurait été menée à l’époque, pour s’assurer de la fiabilité d’Alberto Salazar, mais Ed Warner a dû admettre auprès du « Guardian » que certains éléments ont visiblement été négligés, en particulier le contrôle positif de Mary Slaney Decker survenu en 1996, alors qu’elle était entraînée par Alberto Salazar.
Toutefois le coach conteste maintenant cette collaboration, un moyen habile qu’il aurait utilisé pour se justifier auprès de Mo Farah. Et tout ce petit monde n’a demandé qu’à croire à ce joli mensonge…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand