Le problème de jugement reste récurrent dans la marche, surtout sur les petites distances, du 5 km au 20 km, où les marcheurs flirtent avec l’interdit. Jusqu’à quand ?
Le 5000 mètres marche pointe parfois le bout de sa chaussure dans certains meetings estivaux et même hivernaux. Cette discipline reste d’ailleurs « médaillable » dans le cadre des France Indoor même si les grands championnats l’ont supprimée de leurs programmes. Au niveau Européen, introduit en 1980, le 5000 marche fut éjecté en 1996. Quant aux Mondiaux en salle, ils suivront la même directive. Créés en 1985, ces championnats intègrent également cette distance, la première édition voit d’ailleurs la victoire du Français Gérard Lelièvre, mais en 1995, les marcheurs sont également rayés de la scène indoor.
Les raisons de cette éjection ? A de telles vitesses, les marcheurs sont inévitablement « hors la loi ». Ils flirtent avec le 17 km/heure sur une telle distance avec une moyenne de 3’37’’ au kilomètre pour le record du monde établi en 1995 par le russe Shchennikovavec un temps de 18’07’’08.
Mister Yo chaleureusement porté par un public conquis
Le meeting de Marseille intégrait dans son programme un 5000 mètres. En soi l’initiative est louable car cela offre une belle visibilité médiatique à la marche d’autant plus que son leader, Yoann Diniz avait répondu présent pour animer cette ronde avec à ses basques de valeureux fantassins bien incapables de suivre un Mister Yo chaleureusement porté par un public conquis.
Mais de toute évidence, comme l’hydroptère s’affranchissant de l’apesanteur pour voler sur l’eau, ces marcheurs ne respectèrent nullement les règles strictes de cette discipline, tous en suspension, sur toute ou partie de la course. Sans que cela ne soit sanctionné ! Le règlement de la marche est simple. Il repose sur deux principes qui ont généré tant et tant de polémiques, jambe tendue et contact au sol permanent d’au moins un pied.
Sont-ils responsables ? Non, pas seulement. C’est le système en lui-même qui doit être revu pour éviter une bonne fois pour toute les faux semblants.
Le ralenti offre aux juges une qualité de jugement imparable
Yoann Diniz a fait renaître la marche. Les quolibets se sont tus et l’intérêt médiatique braqué sur un athlète au fort pouvoir charismatique a relégué au second plan les problèmes de jugement qui empoisonnent cette discipline depuis toujours.
Mais le « mal » est encore bien là. Pourtant, les solutions existent avec le recours à la vidéo lorsqu’une épreuve est filmée sur l’intégralité du parcours et ce quelque soit la distance (du 5 km au 50 km). Le ralenti offre aux juges une qualité de jugement imparable et incontestable. Et comme le radar posé sur la bas côté de la chaussée, ce mode de contrôle limite naturellement la vitesse des marcheurs contraints de rester dans la « légalité ».
Les officiels de la marche restent arc-boutés sur des schémas obsolètes et désuets. Mais qu’attendent-t-ils pour conduire une petite révolution qui serait pourtant nécessaire pour savourer un tel spectacle… sans arrière pensée !
> Texte et photos Gilles Bertrand