Haile Gebrselassie sortira de sa demi-retraite mi-mai pour disputer la Great Manchester Run, qu’il courra même deux fois avec l’élite et les populaires. Encore une très belle opération de communication pour l’Ethiopien, et pour cette épreuve, orchestrée par Brendan Foster, figure du business de l’athlé en Angleterre.
Haile Gebrselassie ne court plus beaucoup mais l’Ethiopien sait cocher les bons évènements sur son agenda. La Great Manchester Run compte parmi les rendez-vous qu’il affectionne depuis sa création en 2005, et il y a compté cinq victoires. Pour cette mi-mai 2015, Gebre a déjà bloqué son vol jusqu’à Manchester. Ce compétiteur pugnace sait bien qu’il n’est plus tout à fait en lice pour la première place, et il a trouvé un très joli moyen pour stimuler l’intérêt autour de sa présence.
Au menu, ce sera donc 10 km puissance deux. Un premier départ avec l’élite. Et un deuxième départ au milieu des 40.000 compétiteurs. Haile adore cette course et rêve de s’immerger aux côtés de ses fans. Un joli coup que la presse et télé britannique ne manqueront pas de relayer. L’Ethiopien a beaucoup fait pour la notoriété de l’épreuve, créé par une autre légende, Brendan Foster.
En Grande Bretagne, l’ex-athlète compte parmi les hommes influents de la course à pied déclinée sous toutes ses formes. Route, cross, piste, le champ d’action de « Nova International », sa société événementielle, est multiple. Brendan Foster possède une méthode bien rôdée, le succès grâce à une médiatisation très orchestrée.
Brendan Foster, en bronze aux JO
L’homme n’est pas tombé dans la marmite médiatique tout à fait par hasard. Sa médaille de bronze des Jeux Olympiques en 1976 l’avait propulsé sur le devant de la scène pour avoir été le seul médaillé britannique à Montréal. Et déjà en 1974, il était au cœur d’une véritable mise en scène, avec un record du monde du 3000 mètres mené sur la piste du tout nouveau stade de Gateshead.
Il apprend vite à capitaliser sur cet intérêt et dès la fin de sa carrière aux Jeux Olympiques de Moscou, il crée la « Great North Run » à Newcastle, reprenant à son compte l’épreuve australienne « Round the Bays », qui l’a beaucoup impressionné avec ses 70.000 participants.
La réussite est une nouvelle fois au rendez vous, le semi devient le plus gros du monde, avec ses 50.000 coureurs, et Brendan Foster poursuit sa success story avec une belle carrière chez Nike, qu’il quitte sur un poste de vice-président pour l’Europe, pour créer sa propre marque « View From », avec en parallèle le montage d’un circuit de « Great Run » à travers toute l’Angleterre. Avec toujours comme base, une mise en scène médiatique des épreuves en y attirant des stars du show biz, des médias, de la politique, mêlées à des milliers de populaires.
A Manchester, ce commentateur pour la BBC y ajoute aussi un concept très original, de l’athlétisme en ville, avec une piste posée en plein cœur de Manchester, où les plus grandes stars ont défilé, comme Usain Bolt, pour le lancement en 2009 pour un inédit 150 mètres. Cette année, le plateau s’orchestrera autour des meilleures heptathloniennes anglaises, il tire ainsi partie du come back très attendu de Jessica Ennis, aiguillonnée par les nouvelles coqueluches, les jeunes Katarina Johnson-Thompson et Morgan Lake.
Brendan Foster a su à nouveau convaincre pour que la confrontation soit exceptionnelle dans cette arène spécialement construite au cœur du Square Albert, où s’exhibent sprinters, hurdlers, perchistes, triés sur le volet, sous l’œil d’un public enthousiaste.
Innover, surprendre, ce fut le credo permanent de Brendan Foster, avec l’ambition de populariser son sport à tout va. A Manchester, le charismatique Haile Gebrselassie fut son fidèle complice, et il le démontre à nouveau avec cet original double engagement.
> Texte : Odile Baudrier
> Photo : Gilles Bertrand