L’athlétisme vit des moments difficiles au Kenya. Après la suspension des deux sociétés de management, Rosa et Volare, les athlètes de ces groupes s’insurgent sur cette sanction, alors que le Secrétaire du Cabinet des sports se place en soutien à la décision de la Fédération du Kenya.
Un séisme est en cours au Kenya. La situation se complique de jour en jour, les informations relayées par la presse du Kenya en témoignent.
La décision de la Fédération du Kenya de suspendre pour six mois les deux managers, Rosa et Volare, suscite des réactions violentes. Avec en première ligne, les athlètes gérés par ces deux sociétés, ils seraient environ 250, à s’insurger contre cette sanction lourde de conséquences pour eux, en plein début de saison estivale.
Wilson Kipsang a été promu comme leader de ce mouvement. L’ex-recordman du monde du marathon (2h03’23’’ en septembre 2013) compte parmi les coureurs managés par le Hollandais Gérard Van de Veen au sein de Volare, aux côtés de Denis Kimetto, l’actuel détenteur du record du monde (2h02’57’’ en septembre 2014), et de quelques-uns des leaders actuels de la discipline.
Wilson Kipsang s’en fait le porte parole de ses compagnons d’infortune, pour évoquer l’inquiétude engendrée par une telle décision prise brutalement et sans que des preuves justificatives soient révélées. Et de souligner combien cette méthode est non-professionnelle, provoquant une détérioration de l’image de marque du pays alors même que les négociations pour les engagements des coureurs dans les marathons internationaux et meetings sont en cours.
Dans l’écurie Rosa, les sentiments sont identiques, relayés cette fois par Asbel Kiprop, le double champion du monde du 1500 mètres, indigné que son manager ne puisse plus le représenter face aux patrons des divers meetings estivaux.
Hassan Wario, en soutien à la Fédération
Mais pour le moment, les protestations des athlètes n’ont eu pour seule conséquence du côté de l’Etat qu’un fort soutien à la Fédération du Kenya, affiché par le Secrétaire du Cabinet des Sports, Hassan Wario.
Celui-ci s’est exprimé auprès des journalistes de « Capital Sports » en marge de l’annonce du choix de la société « Britam » pour réaménager le stade national Nyayo. Et c’est de manière ferme que cet officiel a livré à « FeverPitch » le sentiment du Ministère des Sports, se situant totalement en phase avec la Fédération d’athlétisme.
Les propos d’Hassan Wario ont été très offensifs, pointant du doigt les protestations des coureurs des deux teams pour rétorquer : « On s’en fiche ! Que ces deux sociétés représentent beaucoup de monde n’a pas d’importance. Nous voulons que les athlètes courent propres. » Et d’ajouter même que ces deux suspensions pourraient être le prélude à de futures décisions à l’encontre d’autres managers.
Un engagement vigoureux à saluer, avec tout de même le regret que le retard dans cette guerre contre le dopage ait amené l’athlétisme du Kenya au bord du précipice… Car comme le soulignait Absel Kiprop, les athlètes propres paient les pots cassés des agissements des athlètes douteux.
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand