Le mondial de cross de mars dernier a été le théâtre de deux affaires sordides, avec des menaces de mort proférées à l’égard d’athlètes de l’équipe du Kenya et d’Ouganda. Concernant Moses Kipsiro, le voile a été levé ensuite sur une très sombre histoire de viols perpétrés par un entraîneur ougandais…
La défaite ou la mort. C’est le message téléphonique reçu par une toute jeune athlète de l’Equipe junior du Kenya constituée pour le Mondial de cross de Guiyang. L’affaire n’est sortie que tardivement, une nouvelle fois dévoilée par la presse kenyane. L’entraîneur en chef de l’équipe nationale a préféré conserver cette triste information secrète pour éviter de déstabiliser tout le team en lice en Chine avec l’ambition de nombreuses victoires.
Durant le stage préparatoire pour le Mondial organisé comme à l’accoutumée, à Embu, Winfred Nzisa Mbithe aurait reçu un appel téléphonique très inquiétant, avec la menace qu’en cas de victoire, elle ne rentrerait pas chez elle vivante….
Un choc très fort pour la jeune fille, elle aura 18 ans fin mai, et que l’encadrement kenyan n’a pas pris à la légère, demandant aux autorités une enquête pour connaître l’origine de cette menace. Découvrira-t-on qu’elle émane de ses rivales kenyanes ?? Winfred Mbithe a finalement terminé 10ème au Mondial, où le podium a été totalement dominé par les Ethiopiennes.
Moses Kipsiro, en guerre contre un coach douteux
L’affaire autour de l’Ougandais Moses Kipsiro a pris une toute autre ampleur au fil des jours, débouchant sur une très sordide histoire de viols perpétrés par un entraîneur ougandais sur de toutes jeunes filles. Moses Kipsiro avait, lui, refusé sa sélection pour le Mondial de cross, arguant de menaces de mort également reçues par téléphone.
Mais Moses Kipsiro allait, lui, clairement désigner l’auteur de ces menaces, à savoir le coach Peter Wemali, avec lequel les tensions avaient grandi crescendo depuis que Moses Kipsiro avait reçu les confessions de trois jeunes athlètes accusant l’entraîneur de viols durant un stage de l’année dernière.
Moses Kipsiro choisissait comme moyen d’action ce retrait de l’équipe nationale, la privant de son très grand talent, il est monté deux fois sur le podium au Mondial de cross, et aussi 4ème en 2013, et aux JO de Pékin sur 5000 mètres. Mais le meilleur athlète du pays prenait le risque d’une sanction comme l’en menaçait dans un premier temps sa fédération.
Pourtant le jeune homme de 28 ans campait sur sa position, pour protester contre l’immobilisme de la fédération et de la police ougandaise face aux plaintes déposées par les jeunes filles. La situation s’éclaire d’un jour nouveau à considérer que l’homme ainsi accusé exerce la profession de policier…
La presse ougandaise donnait un focus fort à cette sordide affaire, provoquant de graves remous dans le pays avec en première rétorsion, l’éviction par les responsables de l’athlétisme de la région Sebei de Peter Wemali, l’entraîneur accusé de ces viols.
Il s’agit d’un début, que Moses Kipsiro peut être fier d’avoir permis de provoquer. Mais les terribles faits révélés par les trois athlètes concernés méritent de véritables sanctions judiciaires…
Texte : Odile Baudrier
Photo : Gilles Bertrand