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La déception américaine au championnat du Monde de cross

Le Championnat du Monde de cross n’a pas souri aux Américains. Leur chef de file, Chris Derrick termine 24ème seulement alors que le clan US espérait un podium.

 

Chris Derrick, 24ème au Mondial après avoir terminé 10ème en 2013

Chris Derrick, 24ème au Mondial après avoir terminé 10ème en 2013

10ème au Mondial 2013. 24ème au Mondial 2015. Chris Derrick se situe bien en deçà des espoirs reposant sur lui. Le clan américain s’était trop rapidement pris à rêver du meilleur pour lui, et même d’un podium… La déception n’a pas fait perdre son sourire à Chris Derrick. Il s’est bien battu pendant cette course, qu’il a jugée très dure.

A l’analyse à froid, les Américains du site « Lets’Run » constatent qu’il est en réalité le premier athlète non né Africain. En utilisant le principe très douteux du lieu de naissance. Ce même concept a ainsi conduit il y a peu l’Espagnol Fabien Roncero à remettre en cause la nationalité réelle de Mo Farah, et à considérer que son record d’Europe du semi-marathon est en réalité le record de Somalie…

De tels raisonnements font froid dans le dos, mais il est certain que la situation observée au Mondial de cross ne se situe pas tout à fait dans la même veine. La médaille de bronze revenant au Bahrein a été conquise par cinq athlètes recrutés par cet Etat en Ethiopie et Kenya, leur pays natal où ils vivent encore en permanence, n’arborant les maillots bleus que pour les rendez-vous internationaux. Et la 22ème place revient à Polat Arikan également naturalisé pour la Turquie, dans sa récente période de renforcement à tout va de son équipe d’athlétisme. Tout cela ne ressemble en rien à l’histoire d’un Mo Farah exilé en Grande Bretagne à l’âge de 8 ans.

Sous ses réserves, Chris Derrick s’affirme bien comme le premier non Africain. Est-ce vraiment une consolation ? Oui car l’Afrique de l’Est demeure invincible désormais sur les terrains de cross. Non puisqu’il était attendu sur le podium. La confiance du clan US s’était encore amplifiée à mesure que le jour du championnat se rapprochait avec des prévisions météos pronostiquant de la pluie. Et tous les pseudo-spécialistes de répéter en chœur que les Kenyans n’aiment pas courir dans ces conditions.

Mais la réalité est que les Kenyans, comme les Ethiopiens, savent courir vite et bien dans tous les contextes, et même dans la pluie. Car oui, il pleut aussi au Kenya et en Ethiopie !

Sara Hall, une belle 20ème

Chris Derrick OUT par sa petite prestation, les regards se tournent vers Sara Hall, créatrice d’une belle surprise, avec la 20ème place, seule représentante de l’équipe US à finir dans le TOP 20.

Tous les radars paraissaient pourtant au négatif pour Sara Hall, se lançant dans ce Mondial deux semaines seulement après son marathon de Los Angeles. Et elle y avait réalisé de très modestes débuts sur cette distance, avec un chrono de 2h48’02.

Cette piètre performance couplée à la désillusion de son mari, Ryan Hall, abandonnant une nouvelle fois, l’avait un moment amenée à reconsidérer sa participation pour ce Mondial de cross. Et elle n’était pas la seule à douter…

Mais ce Mondial lui a permis de démontrer l’état de forme qu’elle connaissait à l’entraînement avant son marathon, et qu’elle n’avait pu déployer dans les rues de Los Angeles.

Sur ce parcours verdoyant de Giuyang, Sara se relance et propulse l’équipe féminine à la 5ème place, le meilleur résultat collectif pour les USA.

Et il est certain que la 7ème place conquise par les Américains ne manque pas d’allure, précédés par six pays d’Afrique de l’Est plus le Bahrein. La géopolitique du cross a parlé…

 

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand