4ème au France de cross, Timothée Bommier réalise une belle saison de cross qui s’achèvera samedi prochain par sa participation au Mondial disputé à Guiyang en Chine. Puis il peaufinera sa préparation en vue de son premier marathon, à Paris le 12 avril.
Mars, c’est le mois des subventions, les associations pleurent, il faut confirmer au non les aides allouées par le département. Alors cette semaine, Timothée Bommier a forcé sur les heures pour boucler ses dossiers. Pas une minute à perdre dans un emploi du temps chargé au sein de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Puy de Dôme où il occupe un poste de conseiller en animation sportive.
Pas le temps d’acheter un petit dictionnaire comportant les phrases usuelles en mandarin, mais apprendre à dire bonjour et merci en Chinois, oui il fera l’effort. Car lundi 23 mars, Timothée sera dans le vol Paris – Pékin puis en transit pour un vol intérieur destination Guiyang, la capitale de la province du Guizhou qui accueillera les 41èmes championnats du monde de cross.
Après sa très belle place de 10ème lors des derniers championnats d’Europe de cross, le clermontois ajoute une carte maîtresse dans son jeu de crossman. Une sélection pour un Mondial, il en rêvait : « Oui bien sûr cela fait rêver, de courir avec les coureurs africains, de se retrouver dans le peloton. Et puis de faire une place honorable. C’est un honneur, ça dépasse tout».
Cette sélection, elle est arrivée comme une lettre écrite à la main sur un velin d’une finesse et d’une blancheur de cire. Un hiver studieux et une chronologie de faits qui s’emboîtent sans forcer sur les coins, la performance de Samokov en Bulgarie lors des Europe, puis un stage à Iten orienté marathon, les Mureaux et cette place de 4, le semi de Paris en 1h 06’26’’ et enfin cette missive qui lui signifie son envol pour la Chine, Timothée Bommier a touché le ventre du Boudha.
Timothée Bommier, depuis quelques saisons, son nom était en embuscade dans les résultats de cross et sur piste, sur steeple notamment et sur 5000 mètres. Le décompte est plus qu’honorable avec onze sélections en équipe de France depuis la première, Grosseto 2004 chez les juniors et sur steeple. Mais les années passent et le compteur se bloque avec un record à 8’37’’90 sur les barrières et 13’51’’64 sur 5000. Son analyse est lucide : «La piste, j’en est fait le tour, avec des saisons à peu près identiques autour de 13’50’’ au 5000. Mais sur le plan international, ce n’est pas suffisant».
La Chine, c’est le pays où tout vous dépasse
Cet hiver, il apostrophe son entraîneur Jean François Pontier : « Je n’ai plus envie d’attendre. Je sais que j’ai une foulée qui n’est pas très économique. Je sais qu’il faut une certaine adaptation pour être performant mais je veux monter sur marathon. Bon peut être que je vais me planter et que je reviendrai à la piste». Jef l’a surpris, il a dit « OK, ça peut le faire ». Il ajoute : « Avec mes entraîneurs successifs, j’ai toujours eu de la chance, j’ai toujours trouvé la personne qu’il me fallait » pour être entendu, compris, pour être suivi et surveillé, pour comprendre aussi bien les silences que les interrogations qui se bousculent lorsque les chronos ne tombent pas. Auprès de Xavier Verhee et Marcel Cavatz, ceux qui lui ont mis le pied à l’étrier puis Bruno Gajer à l’Insep avec lequel il travaille la caisse et le moteur. Et désormais Jef Pontier dans un club formateur qui aux Mureaux a démontré sa puissance collective avec trois titres (juniors, cross court hommes, Elite hommes) et la médaille d’argent pour les cadets. Le Clermontois Athlétisme Auvergne haut perché dans les cieux du cross français.
Timothée s’est ainsi calé dans la foulée de Zioini Badre, celui que l’on surnomme au club, « le capitaine » auréolé de ses 24 sélections pour les France de cross. Inséparables, ils se sont préparés en mixant specross et spe42. Objectif final, Paris et 2h 15’. Délicate alchimie, dans le questionnement permanent pour savoir où mettre le curseur entre le volume et l’intensité ! La dernière séance avant la Chine, ils étaient encore foulée dans foulée pour enchaîner 10 x 1000 en 3’ et 1’ de récup. Son commentaire, « une bonne séance, avec les jambes lourdes mais dans la facilité ». La séance grand écart entre La Chine et les Champs Elysées.
Ainsi le prof de sport s’est préparé à ce voyage initiatique, Timothée au Pays du Lotus Bleu : « La Chine…La Chine… ? » Timothée Bommier prend sa respiration pour réfléchir. Un long silence, il répète une nouvelle fois « La Chine… » et précise : «C’est un pays qui m’attire. Tout y est grand, comme les Etats Unis. Politiquement, c’est un pays marqué par ses excès mais il a cette capacité à organiser. La Chine, c’est le pays où tout vous dépasse ».
> Texte et photo Gilles Bertrand