La présence dans la course élite du Championnat de France de cross d’Hassan Hirt, non qualifié, a créé un épisode affligeant, avec l’élimination avec violence de l’athlète. A peine de retour de sa suspension pour dopage, l’ex-Sottevillais se retrouve à nouveau sur le devant de la scène d’une manière dramatique.
La scène est surréaliste. Dans la ligne droite du parcours, à deux pas de la plage en croissant de lune, un officiel se dégage, ouvre les bras et hurle sur Hassan Hirt. A son passage, il place un croche pied, l’athlète chute lourdement. Les photos en témoignent. Hassan Hirt est vautré à terre, roulé en boule, choqué par ce geste brutal qu’il n’attendait pas.
Mais que pouvait vraiment escompter Hassan Hirt de cette course en s’invitant de la sorte ? Un acte de désespoir, la démonstration de l’injustice qui le frappe, celle de n’avoir pu trouver un club d’accueil pour son retour après sa suspension de deux ans pour dopage.
Et ce terme d’injustice s’est mué en obsession depuis qu’il s’est vu expulser du village olympique de Londres en août 2012 au soir de sa demi-finale sur 5000 mètres après la notification de sa positivité à l’EPO constatée après deux contrôles les 3 et 5 août 2012. Le rêve s’effondre.
Hassan Hirt en a conçu un ressentiment contre les médias et dès le mois de février 2013, il avait ainsi évoqué dans un mail à Gilles Bertrand les « mensonges dits dans la presse ». Et sa plus forte animosité s’adressait à la Fédération Française d’Athlétisme, qu’il ne dissimule pas dans les rares interviews qu’il accepte de donner. Il frappe fort en lâchant par exemple sur le site de Picardie Infos Demi fond : « Je suis un simple sportif et j’ai été traité pire qu’un criminel »… Et il menace d’attaquer la FFA pour obtenir des dommages et intérêts dès que le Tribunal Arbitral du Sport de Lausanne aura rendu son jugement dans le recours qu’il y a déposé pour contester la non-analyse de son échantillon B.
Hassan Hirt, hostile à Israël
Au fil de ses mois d’absence, le Facebook d’Hassan Hirt témoigne de son abattement, puis de son inimité extrême contre le système, et progressivement ses propos se politisent pour se teinter d’un soutien à la cause palestinienne et d’une hostilité affichée contre Israël.
Un virage radical s’opère mi-janvier 2015, juste après l’attentat contre Charlie Hebdo. Hassan Hirt se crée un nouveau profil Facebook, celui-ci porte un sous-titre « ET MOI LULU ». Pourquoi ce nom ? L’histoire est partie d’un message de soutien de la chanteuse Afida Turner, qui avait relié Charlie à Lulu, le célèbre duo du Hit Machine des années 80 sur M6.
Cette erreur de l’Américaine s’est vue récupérer par des « Anti Charlie », jouant ainsi sur cette confusion ridicule. C’est dans cet esprit qu’Hassan Hirt crée ce nouveau profil, où il libère sa pensée. Il y reprend la photo de Dieudonné exécutant l’affligeant geste de la « quenelle », sous le titre de « Antisémitisme », qu’il oppose à la fameuse couverture de Charlie Hebdo, sous le titre de « Liberté d’expression ».
Hassan Hirt revendique « Je ne suis pas Charlie »
Hassan Hirt affiche également le carré « Je ne suis pas Charlie » décliné en lettres noires et rouges. Il se situe dans un courant clair regroupant une frange importante de la population musulmane s’offusquant contre « l’islamophobe Charlie qui a insulté ma religion, mon livre sacré et insulté mon prophète Allah ».
Sur son Facebook d’origine, Hassan Hirt se révèle plus soft et se limite depuis juillet 2014 à des messages strictement sportifs. Il n’y dissimule pas sa volonté de revenir au plus haut niveau, dès sa suspension purgée. Une fin de sanction fixée à décembre 2014 par la FFA, mais que lui-même estime prendre effet dès le mois d’août 2014, par le jeu des suspensions conservatoires qui lui avaient été infligées.
C’est ainsi que dès le mois de novembre, on le retrouve au départ du National de cross de l’Armée de Terre, à Saumur, où il termine second derrière Ahmed Ezzobayri qui le bat au sprint. Déjà ce jour-là, le 6 novembre, Hassan Hirt s’est placé dans l’illégalité. Est-ce par méconnaissance de cette règle ? Il n’a pas suivi la procédure fixée par la réglementation de la FFA, qui impose à un athlète suspendu de se soumettre à une visite médicale avant sa reprise.
Hassan Hirt a repris sans suivre les règles fédérales
Interrogé sur ce point par nos soins à Aubière, lors du Championnat de France en salle, Bernard Amsalem, le président de la Fédération, expliquait ce point du règlement, transgressé par Hassan Hirt. Cela provoquait un rappel de la part de la FFA à l’attention du responsable des sports de l’Armée de Terre, invoquant son ignorance de l’obligation d’un contrôle médical.(*)
En évoquant avec le Président de la Fédération la volonté affichée haut et fort par Hassan Hirt de disputer le Championnat de France de cross, celui-ci avait eu cette réponse : «Il n’est pas licencié dans un club. Et la licence individuelle n’existe plus. »
Une semaine plus tard, Hassan Hirt roule à terre, la scène est forte de symbolique, révélant l’immensité d’un désespoir entretenu par les animosités et les occasions ratées.
> Texte : Odile Baudrier
> Photos : Gilles Bertrand
(*) Suite à la publication de cet article, Hassan Hirt a diffusé via son Facebook une attestation établie par l’Antenne Médicale de Prévention du dopage de Champagne Ardenne et attestant qu’il a été reçu à cette antenne le 21 août 2014. Il s’agirait donc du certificat médical exigé en préalable à la reprise de la compétition après suspension.