A Nairobi, vient de débuter le procès pour déterminer les causes du décès de Samuel Wanjiru qui fut sacré champion olympique du marathon en 2008.
Allons nous connaître la vérité sur le décès de Samuel Wanjiru décédé dans la nuit du 14 au 15 mai 2011 ?
Près de quatre années auront donc été nécessaires pour l’ouverture du procès qui se tient actuellement au tribunal de Nairobi, un procès à la demande de la mère du champion olympique qui a toujours défendu la thèse du meurtre.
Crime passionnel, simple accident ou suicide ? Lors des premières constatations qui ont lieu au domicile du marathonien , c’est la thèse du suicide qui filtre auprès des services de police qui font preuve lors des investigations d’un manque total de professionnalisme. La police locale se révèle incompétente pour mener l’enquête en souillant ce qui pourrait être une scène de crime. Rien n’est réalisé selon les critères d’une vraie enquête de terrain en pareilles circonstances tant au niveau des indices négligemment prélevés que des premiers témoignages recueillis. Pire, lorsque l’on ordonne l’autopsie, le corps qui a séjourné près d’un mois à la morgue a déjà été embaumé, faussant les analyses.
Samuel Wanjiru n’était pas préparé à affronter les vraies difficultés d’une vie d’homme
Dans cette nuit chaude du mois de mai, Samuel Wanjiru rentre tard à son domicile, une belle demeure des quartiers périphériques de Nyahururu, petite ville agricole connue pour avoir accueilli le premier centre d’entraînement créé sur des fonds privés par Moses Kiptanui, le triple champion olympique du steeple.
Le marathonien sacré à Pékin vire mal. Alcool, femmes, disputes, paranoïa, querelles et bagarres, possession d’armes, des affaires qui tournent mal, les escrocs qui rôdent, Samuel Wanjiru n’était pas préparé à affronter les vraies difficultés d’une vie d’homme qui s’est soudainement enrichi.
Ce soir, c’est au bras d’une rencontre d’un soir, une serveuse de bar au nom de Jane Nduta, qu’il franchit le portail de son domicile. Tous les deux sont éméchés selon la version des serveurs du Kawa Falls et du Jimrock, deux bars où rodent les assoiffés, les hommes seuls et les filles faciles.
Ces faits avérés ont fait naître deux autres théories, le crime passionnel ou bien l’accident. Car dans la nuit alors que ce couple illégitime batifole dans le lit conjugal, Tereza Njeri l’épouse du mari volage, rentre et découvre l’adultère. Première hypothèse, la femme trompée renferme le coureur de jupon qui tente alors de s’échapper par le balcon. Sous l’effet de la colère et de l’alcool, il mesure mal le danger, sa chute est mortelle. Seconde hypothèse, celle que défend Hannah, la mère du petit marathonien prodige, une dispute aurait eu lieu entre le couple déchiré d’autant plus que Samuel entretient également une seconde vie avec Wacera, son « second bureau » selon l’expression consommée pour désigner la maîtresse attitrée. La dispute tourne mal et Samuel reçoit plusieurs coups derrière la tête, provoquant la mort. Le corps serait alors jeté du balcon pour simuler soit une chute soit un suicide.
Il aurait été frappé par un objet contondant
Le procès s’est donc ouvert pou tenter de faire la lumière sur cette affaire passionnelle et dès le premier jour, le juge appelait à la barre un expert, le docteur Moses Njue, ancien chef pathologiste qui avec son équipe de quatre médecins tirait des conclusions sans équivoques. Pour l’homme de science, le défunt aurait bien sauté du balcon mais ce n’est qu’ensuite qu’il aurait été frappé par un objet contondant provoquant des blessures qu’une telle chute ne pouvait occasionner compte tenu de sa position lorsqu’il touchait le sol recroquevillé sur lui-même, les genoux et la paume des mains frappant en premier le sol.
Pour ce procès, trente témoins ont été appelés à la barre dont les deux autres médecins légistes qui ont également procédé à deux autres expertises et qui avançaient quant à eux des conclusions différentes. Nul ne sait si la vérité sortira du prétoire. Des larmes vont encore couler pour alimenter ce ruisseau de chagrin qui ne cesse de couler depuis le décès de celui qui ne restera qu’un enfant gâté par la vie. A jamais.
> Texte Gilles Bertrand. Photo Jiro Moshizuki