Médaillé d’argent aux J.O. de Pékin, le néo-zéalandais Nick Willis a ensuite marqué le pas. 2014 signait son grand retour. Désormais installé à Flagstaff, il le confirme cet hiver en signant 3’51 »61 à Boston sur le mile.
La séance est filmée par l’un des vidéastes de Flotrack. Les athlètes se présentent. Le plus gradé d’entre eux, c’est Nick Willis médaillé aux J.O. de Pékin sur 1500 mètres, en bronze sur le podium puis d’argent lorsque Rachid Ramzi fut déboulonné, condamné voleur et dopé. A ses côtés le barbu Will Leer et son look à la Rob Krar. D’ailleurs, les deux loustics sont de la même ville, Flagstaff en Arizona. Et plus timide, Maverick Darling, inconnu sur le circuit international. Un crosseux qui a encore besoin de limer ses pointes pour émerger sur la scène athlétique.
La séance se déroule sous le magnifique dôme de l’Université Northern Arizona. Altitude 7000 pieds. Un large panneau l’indique. Au programme 4 x 1 mile puis 6 fois 600 m et pour finir 4 x 200. Les hommes se dépouillent. Ils se rangent sur la ligne de départ. Ca enchaîne. Ca chauffe. Ca enchaîne. Ca chauffe. Nick Willis quitte son tee shirt. Il est affûté, sec comme une baguette de trois jours. Will Lee en fait de même et mène la danse. Les prises de chronos donnent : 5’08» – 5’04» – 4’59» – 4’56» puis 10 minutes au ralenti. A peine le temps de se raconter les sensations. Les 600, ils sont exécutés en 1’39» – 1’38» – 1’37» – 1’35» – 1’32» et 1’31» et les 200 en 27»6 et là aussi le chrono descend à chaque tour de piste pour finir en 25»9.
« mon envie de chocolat a décuplé »
Moins connue que Boulder dans le Colorado et Albuquerque dans le New Mexico, Flagstaff est l’une des places fortes de l’entraînement en altitude aux Etats Unis. Une petite communauté de milers et de trailers qui se serre les coudes. C’est bien cela qu’est venu chercher le Néo-Zélandais Nick Willis qui avec femme et enfants s’est installé dans cette charmante ville de l’Arizona où il fait bon vivre, où il fait bon courir, à deux pas des montagnes et des grands parcs nationaux.
Premiers pas, premières foulées en altitude pour ce spécialiste du 1500 qui jusqu’alors n’était pas un adepte des stages de gavage en oxygène. Commentaires perso sur son compte twitter : « sur le plat, aucun problème, en côte, on a l’impression d’être collé à la pente, enchaîner des 100, c’est comme de courir face à un vent fort et surtout ne courez pas aussi vite. Il ajoute, côté petit pêché mignon : « mon envie de chocolat a décuplé ».
De la génération Kingston, 4ème au Mondial junior en 2002, Nick Willis est aujourd’hui le seul coureur non africain à pourvoir tenir tête à toute cette tribu de milers issue des hauts plateaux de la Rift Valley.
3’29 »91 l’an passé dans ce 1500 diabolique que fut celui de Monaco, ses premiers tours de piste ont confirmé cet hiver qu’il était déjà très fort, s’imposant à Boston en 3’51 »61, record personnel battu sur le mile.
Adepte du Speedgolf, le Néo Z, âgé de 32 ans, a donc trouvé la bonne niche, le bon green, pour une seconde moitié de carrière. En attendant le nid d’oiseau de Pékin pour une finale mondiale cette fois réglo, sans voleurs de médailles comme ce fut le cas en 2008. On peut toujours espérer.
> Texte et photos Gilles Bertrand