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L’Espagnol Mo Katir, vice-champion du monde, suspendu pour des contrôles ratés

C’est une grosse pointure du demi-fond mondial qui se voit mis en cause pour une infraction aux règles anti-dopage. Mo Katir avait empoché ces deux dernières années titres et records, grâce à une progression qui ne pouvait que surprendre les initiés. L’Athletics Integrity Unit a prononcé une suspension provisoire pour son absence lors de trois contrôles anti-dopage. L’Espagnol crie son innocence.

Un avertissement fort avait été lancé il y a plusieurs mois par l’Agence Mondiale Anti-dopage. Les investigations menées par ses enquêteurs prouvaient qu’au Maroc, des athlètes s’organisaient pour éviter les contrôles. Il s’agissait des conclusions tirées de l’opération Fennec lancée au printemps 2022 pour faire le jour sur ces mauvaises pratiques, imputées à des athlètes nés au Maroc et évoluant pour d’autres pays.

Gunter Younger, le directeur de l’Agence Mondiale n’hésitait pas à soutenir que ces athlètes de double nationalité s’entraînaient dans des zones isolées du pays pour éviter les tests hors compétitions, et communiquaient également de fausses informations de localisation.

Le communiqué de presse diffusé le 6 octobre 2023 se révélait sans ambiguïté : ces dérives ne seraient plus tolérées, grâce au changement de la loi marocaine, qui imposait jusqu’alors des restrictions sur les contrôles des étrangers au Maroc.

Et il était également clairement souligné que les noms des athlètes qui avaient fait l’objet d’investigations par les enquêteurs de l’opération Fennec ne seraient pas révélés, car susceptibles d’être officiellement mis en cause par des procédures anti-dopage.

A peine quelques mois plus tard, l’illustration semble parfaite avec l’annonce de la suspension provisoire prononcée par l’AIU à l’encontre de Katir. Justement pour trois absences lors de contrôles anti-dopage. Le Marocain de 25 ans avait opté pour la nationalité espagnole en 2019, et il a porté les couleurs de l’Espagne au plus haut niveau.

Les secondes tombent, et les titres s’empochent

Sa progression n’avait pas manqué de surprendre, lorsqu’à l’été 2021, il abaisse brutalement son record sur 1500 mètres à 3’28’’76 à Monaco, tombant 8 secondes sur sa marque précédente. Ce bond en avant étonne énormément d’autant qu’il vient aussi de réaliser 12’50’’ sur 5000 mètres. Quelques semaines plus tard, il termine 8ème aux JO 2021. En 2022, il passe un cap avec l’argent aux Europe sur 5000 m, le bronze aux Monde sur 1500 m et en 2023, il devient vice-champion du monde sur 5000 mètres. Une année 2023, où les chronos descendent à nouveau avec 3’28’’89 et 12’45’’01.

Les initiés toussent, mais Mo Katir n’en a cure. En témoigne un tweet qui est réapparu à l’annonce de sa suspension : il s’y moque d’un athlète britannique, qui persifle sur son dopage en lui assénant : « Je suis sûr que ta femme préfèrerait être avec moi, un gagnant, qu’avec un looser comme toi ! »

A peine l’annonce de cette suspension, que Mo Katir réagissait avec force. Avec un premier tweet vengeur : « J’ai choisi de représenter l’Espagne et maintenant, on me traite de dopé. Vous me détruisez. Vous allez me faire aller dans un pays qui ne m’a jamais aimé (le Maroc) et courir avec eux. » Les réactions hostiles n’ont pas manqué, et très vite, Mo Katir supprimait ce tweet.

Mais il réfutait totalement les accusations de trois contrôles ratés portées par l’AIU, préférant soutenir qu’il s’agissait de simples erreurs dans le système de localisation qui auraient généré des erreurs de lieux. Un argument souvent développé par les athlètes sanctionnés sur des manquements aux règles de localisation. Et il s’avère parfois gagnant et parfois perdant…

  • Analyse : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.
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