Le voile s’est levé sur les raisons qui ont motivé la suspension à vie d’Alberto Salazar, prononcée par « Safe Sport ». Le New York Times a révélé que l’entraîneur vedette du Nike Oregon Project était accusé d’agressions sexuelles, commises pendant un massage. Le nom de la victime n’a pas été révélé. Alberto Salazar s’estime injustement accusé. Tout comme il avait réfuté les accusations de dopage, qui lui ont valu une suspension en athlétisme de 4 ans.
C’est en juillet 2021 que la suspension à vie d’Alberto Salazar avait été prononcée par « SAFEPORT », un organisme créé aux Etats-Unis par le Sénat pour garantir un sport moins dévoyé de dérives douteuses, dans la foulée de l’énorme scandale autour de la gymnastique, avec des centaines de jeunes filles victimes du médecin Larry Nasser
Trois accusations de violences sexuelles retenues contre Alberto Salazar
Mais ce n’est qu’en ce début d’année 2022 qu’apparaissent au grand jour les raisons d’une telle sanction. Le New York Times révèle que le coach a été accusé de violences sexuelles, avec en particulier, à deux reprises la pénétration de l’athlète avec un doigt pendant un massage, acte qualifiable de viol.
Kevin Draper et Matthew Futterman, les deux journalistes, ont pu consulter le rapport rendu en décembre suite à l’appel demandé par Alberto Salazar, et qui avait confirmé sa suspension à vie. Il apparaît que quatre faits de violations sexuelles ont été opposés à l’entraîneur, qu’il a toutes contestées, arguant en particulier qu’il n’avait pas vu l’athlète les jours concernés.
Trois qualifications de violences ont finalement été retenues, les deux pénétrations, ainsi que des remarques et gestes sexuels inappropriés. Par contre, n’ont pas été retenus contre lui les commentaire inappropriés à propos du poids d’un autre athlète.
Mary Cain, première athlète à accuser Alberto Salazar d’harcèlement moral
Ces remarques humiliantes avaient été d’abord rapportées par Mary Cain, talentueuse athlète précoce entraînée par Alberto Salazar, et qui avait révélé en novembre 2019 le harcèlement subi durant ces années sur le campus de Beaverton, essentiellement pour des problèmes de poids, et qui l’avait amenée à des idées suicidaires.
A cette période, la surprise avait été grande de découvrir une autre facette très sombre d’Alberto Salazar, coach vedette du Nike Oregon Project. L’entraîneur de Mo Farah et Galen Rupp venait juste de se voir suspendu quatre ans par l’USADA, sur l’accusation de possession de testostérone, complicité pour l’administration d’une méthode interdite, falsification du processus anti-dopage.
L’affaire Salazar couvait en réalité depuis des années, depuis les révélations de la BBC et « Pro Republica » en juin 2015, qui le présentait en adepte des dérives dopantes, entre l’utilisation de pommade à base de testostérone, le recours à des hormones thyroïdiennes, aux perfusions d’eau salée pour Galen Rupp lors de deux mondiaux.
Mais les très longues procédures lui ont permis de poursuivre en toute impunité son activité jusqu’au Mondial d’athlétisme de septembre 2019. Il était présent au Qatar comme entraîneur de Sifan Hassan, qui allait réaliser le doublé 1500-10000 m.
Alberto Salazar avait été contraint de quitter précipitamment le Qatar. Il se faisait fort alors d’obtenir une levée de sa sanction auprès du Tribunal Arbitral du Sport. Mais en septembre 2021, la décision tombait, avec le maintien de sa suspension.
La suspension de l’AIU s’achève en septembre 2023
Et au fil des mois, les faits à charge contre Albert Salazar ont évolué dans un tout autre domaine, celui des violences morales à l’encontre de plusieurs athlètes féminines, confirmant le témoignage de Mary Cain.
Alberto Salazar se voit maintenant propulsé dans le très glauque, avec ces violences sexuelles, qu’il réfute. La suspension à vie qu’il a reçue émane de « SAFESPORT » ne lui interdit pas complètement de revenir dans l’entraînement en athlétisme, une fois sa sanction sportive de 4 ans achevée, en septembre 2023. Le champ d’action de « Safesport » le bloque dans toutes les structures « officielles », universités, clubs… En théorie, il pourrait donc redevenir coach « privé ». Mais quel athlète prendrait le risque de se voir ainsi relier à un homme reconnu pour être capable de doper, et d’abuser ses athlètes ??
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand