Ismail Bedel comptait parmi les jeunes talents sur 200 m, double champion de France Espoir ensalle en 2018 et 2019, avant de disparaître des pistes depuis juin 2019. A cette date, le sprinter licencié à Cergy Pontoise est contrôlé positif au stanozolol et la methyltestosterone, des produits de la famille des anabolisants. Sa suspension pour quatre ans vient seulement d’être publiée par l’Athletics Integrity Unit. Une triste affaire pour un si jeune athlète.
Voilà déjà près de deux ans que la carrière prometteuse d’Ismail Bedel s’est interrompue, à la fin du mois de juin 2019. Ce jour-là, il dispute la finale du 200 mètres, des championnats de France espoir, où il termine 4ème. Quelques mois plus tôt, il a été sacré champion de France en salle, comme il l’avait déjà été en 2018. Il confirmait alors son gros potentiel en sprint, déjà validé chez les juniors avec un titre de champion de France en 2016.
Et les chronos aussi ont suivi. Il est passé de 21’’48 en 2017 à 21’’22 en 2018, et il a descendu son record officiel sur 200 mètres à 21’’15, le 2 juin 2019, au meeting de Montgeron.
Mais cette envolée va se stopper de la pire des manières, avec un contrôle positif qui survient juste quelques jours après ce nouveau record personnel. C’est à l’issue du Meeting de Cergy Pontoise, le 10 juin, qu’il est soumis à un contrôle. Et le résultat est édifiant, avec la détection de stanozolol et la methyltestosterone…
Deux produits « lourds », de la famille des stéroïdes anabolisants, rarement détectés en France dans l’athlétisme, et encore plus rarement chez un très jeune athlète. Ismaïl Bedel n’a alors que 22 ans, et il est vrai que les cas de dopage dans l’athlétisme ont plus souvent concerné des sportifs plus âgés.
Une sale affaire qui, même si une petite rumeur très imprécise m’était parvenue, ne fait nullement les gros titres. Jusqu’à cette fin mars 2021, où l’Athletics Integrity Unit annonce, comme elle le fait très régulièrement, par un tweet la publication d’une nouvelle liste d’athlètes sanctionnés, incluant les sanctions prises par les agences anti-dopage nationales. Et la vérification habituelle que je fais de ces listes me dévoile le nom d’Ismail Bedel…
C’est donc une suspension de quatre ans qui a été prononcée à son encontre par l’AFLD, qui, après vérifications et sauf erreur, ne figure pas, à ce jour, sur le site de l’agence française. La nouvelle de cette sanction n’a pas plus circulé du côté de la FFA, ou de son club de Cergy Pontoise, qui était pourtant l’organisateur du meeting national où Ismail Bedel a été contrôlé. Un club que le jeune athlète avait intégré depuis le début de la saison 2018-2019, en mutation depuis l’Entente Nîmes Athlétisme, où il avait évolué depuis 2014, et jusqu’en octobre 2018, et sous les conseils de Bouopda Zock Victor Depeskidoux, coach du groupe des sprinters pour le club. A son départ pour Cergy, Ismail Bedel quittait le giron de cet ancien sprinter, et ancien légionnaire, pour collaborer avec Guillaume Guiloineau, entraîneur de l’Entente Cergy Pontoise, et CTS pour la FFA.
Et les questionnements sur les dessous de cette affaire manquent pas sur cette sinistre histoire, où Ismail Bedel a le plus mauvais rôle…
Texte : Odile Baudrier
Photo : FB Ismail Bedel
Le club de Nîmes en émoi suite à la suspension d’Ismail Bedel, ancien athlète du club
La publication de la suspension de quatre ans d’Ismail Bedel suite à un contrôle positif au stanozolol et la methyltestosterone, des produits de la famille des anabolisants, a suscité un vif émoi au club de l’Entente Nîmes. Le jeune sprinter avait quitté le club depuis près d’une année au moment de son contrôle positif, pour intégrer le club de Cergy Pontoise. Il tournait ainsi le dos à Victor Bouopda Zock Depeskidoux, son entraîneur à Nîmes, qui l’avait découvert à l’âge de 15 ans, et l’avait amené à un titre de champion de France junior en 2016, et de champion de France en salle espoir en 2018.
Victor Bouopda Zock Depeskidoux a accepté de revenir sur cette triste affaire qui frappe son ancien athlète, avec lequel tous les contacts avaient été coupés depuis qu’il avait fait le choix de rejoindre sa famille en région parisienne. Dès sa carrière terminée en 2010, cet ancien sprinter, qui valait 10’’55 sur 100 mètres, s’est orienté vers l’entraînement. Il y consacre toutes ses soirées sur le stade de Nîmes, et il est également devenu depuis trois ans le président du club de l’Entente Nîmes Athlétisme. Avec un objectif majeur, celui de favoriser l’intégration des jeunes dans la société, et de leur transmettre l’idée du « vivre ensemble ».
Quatre années durant, entre 2014 et 2018, il a ainsi épaulé Ismail Bedel, tant dans le domaine sportif que dans sa vie personnelle, compte tenu de difficultés familiales et de son origine d’un milieu difficile. Il résume d’une formule simple : « J’étais comme un père pour lui. » Autant dire que le choix du jeune homme de quitter cet environnement pour la région parisienne l’a heurté au point de supprimer son téléphone de ses contacts.
Il l’avait ainsi croisé pour la dernière fois en février 2019 lors du France en salle de Miramas où Bedel allait décrocher son deuxième titre de champion de France. Il avait ensuite noté avec surprise son absence lors du France de Saint Etienne en juillet 2019. Il allait ensuite en comprendre la cause en apprenant durant l’hiver 2019-2020 le contrôle positif d’Ismail Bedel.
Le choc a été fort pour lui, et il conclut : « Il avait tout pour réussir. Je lui avais trouvé un travail à Nîmes. Il aurait fallu qu’il soit patient dans sa construction. Il avait du talent. Un talent gâché. Il entraîne tout le monde dans la boue. »
Car Victor Bouopda Zock Depeskidoux s’est senti mis en cause par certains commentaires sur les réseaux sociaux. Et il n’hésite pas à mettre clairement les choses au point : « J’entraîne à titre gracieux. Quel intérêt pour moi de doper un athlète ? » Pour lui, une seule conclusion s’impose : il s’agit d’un dopage « crapuleux », avec l’idée qu’Ismail Bedel serait ainsi devenu la proie de personnes peu scrupuleuses.
Pour sa part, Ismail Bedel n’a pas répondu à ma demande de contact. Pas plus que le président et entraîneur de l’Entente Cergy Pontoise, club où il était licencié jusqu’à l’été 2019, et organisateur du Meeting où il a été contrôlé positif début juin 2019.