Fermin Cacho aurait été préparé médicalement par le docteur Fuentes pour les Jeux Olympiques de 1992, où il décrochait l’or sur 1500 m. Le sulfureux médecin espagnol a profité de son interview à la télévision espagnole pour soutenir également s’être formé au milieu des années 80 aux techniques du dopage dans le bloc des pays de l’Est avec le soutien de la fédération espagnole d’athlétisme. Dès le lendemain, Fermin Cacho a démenti ces accusations.
L’athlétisme espagnol se voit à nouveau souillé avec les déclarations du Docteur Fuentes dans une longue interview accordée à Jordi Evole sur la chaîne espagnole, La Sexta. Un moment très attendu en Espagne, tant la crainte était grande que ce médecin sulfureux fasse des révélations explosives sur ses pratiques dans le football.
Mais les explications qu’il a données semblent pour le moins confuses sur son implication réelle auprès du Real Madrid, FC Barcelone et Real Sociedadet. Et il n’a pas été tellement plus disert sur son rôle dans le cyclisme, même si plusieurs cyclistes de renom lui ont été associés dans le passé, avec à la clef, les suspensions d’Alejandro Valverde, Jan Ullrich, Ivan Basso.
Par contre, le Docteur Fuentes s’est fait très bavard sur son action dans l’athlétisme espagnol. On savait déjà que de grands noms lui avaient été associés, l’on peut citer les suspicions autour de Marta Dominguez (suspendue trois ans en 2014), Abel Anton, Reyes Estevez, Nuria Fernandez. Il s’y ajoute maintenant Fermin Cacho, que le Docteur Fuentes affirme avoir préparé médicalement pour les Jeux Olympiques de Barcelone, où il obtiendra le titre olympique sur 1500 mètres.
C’était en réalité un secret de Polichinelle en Espagne, comme me le confirme Carlos Arribas, journaliste pour El Païs : « Il était bien connu que Enrique Pascual Oliva, l’entraîneur de Cacho, a toujours collaboré avec Eufemiano (Fuentes) dans la préparation. » Enrique Pascual Oliva, également coach d’Abel Anton et Reyes Estevez, fonctionnait ainsi avec les mêmes méthodes que Manuel Pascua, l’autre entraîneur vedette espagnol, qui conseillait, lui, Nuria Fernandez et Alemayehu Bezabeh (suspendu deux ans en 2011).
Et selon les informations divulguées par Fuentes et détaillées par El Païs, ce serait justement Manuel Pascua qui lui aurait ouvert les portes du dopage. En 1984, Fuentes venait d’être nommé médecin par la Fédération Espagnole d’Athlétisme. Avec un mot d’ordre simple : « Nous ne voulons pas de positif, mais nous voulons des résultats. »
C’est alors que Manuel Pascua lui donne tous ses contacts en l’Europe de l’Est, le Docteur Fuentes s’y rend « pour apprendre » les techniques de dopage. Et il soutient que la fédération espagnole était parfaitement informée de sa démarche. La médaille obtenue à Barcelone en 1992 par Fermin Cacho serait ainsi le résultat de ses recherches et surtout du système de transfusion sanguine.
L’Etat se venge de Fuentes car il refuse de préparer l’équipe pour les JO de 2008 ???
Mais Eufeminano Fuentes est allé beaucoup plus loin dans ses accusations à l’encontre des instances sportives espagnoles, en soutenant que l’opération Puerto, son arrestation, son procès, résultaient d’une vengeance de l’Etat. Il affirme ainsi que Fermin Cacho l’aurait contacté en 2004 pour lui demander de préparer à nouveau l’équipe olympique espagnole pour les JO de 2008. Et ce serait son refus qui aurait débouché sur cette fameuse opération Puerto, qui concernait des dizaines de cyclistes, des footballeurs, des tennismen, et des athlètes, dont les noms n’ont jamais pu être officiellement dévoilés pour des raisons juridiques.
Cette théorie d’une vengeance rétroactive semble sans grand fondement si l’on s’en réfère à l’enquête menée par Carlos Arribas, qui n’a pu obtenir aucun élément tangible validant ces accusations. Et comme le conclut Carlos Arribas, le docteur Fuentes « aime salir tout ce qu’il touche, tout ce dont il parle ».
Dès le lendemain de la diffusion de cette interview, Fermin Cacho a vigoureusement démenti les accusations proférées par le docteur Fuentes. Toutefois, le tableau des performances de l’athlète établi par Jean Claude Vollmer, entraîneur et statisticien, démontre l’incohérence de certains chronos, en particulier sur 1500 mètres en 1997.
- Texte : Odile BAUDRIER
- Photo : Gilles Bertrand
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