Wilson Kipsang a été suspendu quatre ans suite à trois contrôles anti-dopage manqués. Pour sa défense, le marathonien, qui compte l’un des plus gros palmarès mondiaux, a eu recours à plusieurs gros mensonges que l’AIU a pu démontrer….
L’art et la manière. Mais dans le pire des sens. C’est ce qui se dégage à la lecture des 64 pages de la décision de suspension de Wilson Kipsang. Car il en ressort que le marathonien kenyan n’a pas hésité à user de toutes les ficelles pour tenter de contrer l’accusation de trois contrôles anti-dopage manqués plus un problème de localisation entre avril 2018 et mai 2019, soit 4 loupés.
Pensait-il que son énorme palmarès, recordman du monde du marathon en 2013, médaillé de bronze aux JO de Londres, double vainqueur à Londres, vainqueur à Berlin, New York, Tokyo… allait inciter l’Athletics Integrity Unit à une certaine mansuétude ? En l’occurrence, que l’AIU allait gober tous ses mensonges ????
La réponse est apportée de manière magistrale dans ce long rapport publié par « Sports Resolution », l’instance britannique mandatée comme tribunal par World Athletics. Tous les détails fourmillent pour se faire une idée de la duplicité de Wilson Kipsang, et de son entourage, prêt à fournir de faux témoignages pour le défendre, mais également des recherches approfondies menées par les enquêteurs de l’AIU pour contrer ces mensonges.
C’est un signal fort ainsi envoyé à tous les tricheurs et tricheuses de tous les pays que les faits avancés peuvent être aisément démontés et lever le voile sur leur état d’esprit malsain.
Une pluie diluvienne inventée pour justifier son retard
La série de Wilson Kipsang a débuté en avril 2018 avec un contrôle manqué. Elle se poursuit en janvier 2019 avec un problème sur sa localisation, mal renseignée dans les bases ADAMS, et se parachève avec deux contrôles successivement ratés, en avril 2019, puis mai 2019.
Trois loupés que Wilson Kipsang justifie par des problèmes liés à la circulation et à la météo, qui ont provoqué son retard lors des visites des préleveurs.
En avril 2018, il soutient ainsi que c’est une pluie diluvienne qui aurait noyé la route, et l’aurait ralenti lors d’un voyage retour vers Iten, et ne lui aurait pas permis de respecter son créneau prévu par sa localisation. Faux, lui rétorque l’enquêteur de l’AIU, qui a obtenu du Ministère de l’Environnement du Kenya les relevés de pluie sur cette zone, qui révèlent une très faible pluie.
En avril 2019, Wilson Kipsang va se battre sur les horaires pour soutenir que c’est la préleveuse qui a tort en affirmant qu’elle n’a pu procéder au prélèvement bien qu’elle ait attendu jusqu’à 23h20, largement autour de l’horaire limite de 23 heures. Mais Wilson Kipsang ne veut pas en démordre, il est arrivé à son domicile à 22h50, comme son épouse, son gardien de sécurité et son chauffeur l’ont attesté, il a tenté de fournir un échantillon d’urine, sans succès. La contrôleuse, Madame Bor Chepchirchir , lui aurait alors expliqué ne plus pouvoir patienter, que ce contrôle ne serait pas compté, et qu’elle reviendrait plus tard. Une explication que la préleveuse conteste complètement, de même que son chauffeur et chaperon, et son responsable danois de la société « Clearidium » chargée du contrôle.
Un faux accident pour justifier son retard
En mai 2019, c’est un accident de la route qu’il invoque pour justifier un nouveau retard lors de la visite d’un préleveur à son domicile à Iten. Et pour appuyer sa défense, il produit en septembre 2019 à l’AIU une photo de cet accident survenu sur la route de Nakuru qui aurait provoqué un énorme bouchon alors que Wilson Kipsang revenait de Nairobi. Mais là encore, les enquêteurs de l’AIU ont fouillé un peu plus pour découvrir que cette fameuse photo représentait en fait un accident qui venait juste de se produire en août 2019, comme l’attestent plusieurs articles parus dans la presse et télé kenyanes…
Trois gros mensonges, qui donnent le ton sur l’état d’esprit de Wilson Kipsang, mais également de son entourage, capable de faux témoignages, ou encore de son manager Volare Sports, qui, à l’annonce de la suspension de 4 ans, n’a pas hésité à soutenir une fois de plus qu’aucun produit interdit n’a été détecté chez le marathonien.
Cela s’appelle jouer sur les mots… Comment trouver un produit interdit quand déjà vous ne pouvez pas trouver l’athlète pour obtenir un échantillon de son urine ???? !!!
Texte : Odile Baudrier
Photo : D.R.