Une nouvelle championne du Monde suspendue pour des problèmes de dopage ! Salwa Eid Naser, sacrée sur 400 mètres l’automne dernier, avec un chrono exceptionnel a été suspendue provisoirement pour des contrôles ratés. Elle ramène à nouveau le Bahrein sur le devant de la scène du dopage…
« J’ai seulement manqué trois contrôles anti-dopage. C’est normal ! Cela peut arriver à tout le monde. » C’est sur Instagram que Salwa Eid Naser a réagi à l’annonce de sa suspension provisoire pour 3 contrôles ratés. Et d’ajouter aussi que jamais elle ne tricherait, et que ce problème sera bientôt résolu.
Des propos provocateurs, qui ont eu une conséquence très inédite : une réaction officielle de l’Athletics Integrity Unit. L’Instance a jeté un pavé dans la mare, avec l’annonce que la jeune sprinteuse a connu un 4ème loupé, en janvier, et que les 3 contrôles ratés datent de la période avant le Championnat du Monde de Doha… Conclusion : c’est une championne du monde plus que douteuse qui a été sacrée en octobre dernier !
Salwa Eid Naser, une sérieuse provocatrice
Surtout se taire. C’est la consigne habituelle donnée aux dopés, et que n’a pas respecté Salwa Eid Naser, qui n’a pu s’empêcher d’enregistrer un Live Vidéo sur Instagram pour se justifier après sa suspension provisoire. Depuis son titre de championne du monde, la jeune sprinteuse de 22 ans multiplie sur les réseaux sociaux des clichés la présentant dans des tenues extravagantes et de luxe, se jouant de de sa superbe plastique dans des postures très éloignées de son credo de départ où elle apparaissait voilée, et si respectueuse des règles religieuses du Bahrein.
A Doha, elle avait marqué les esprits, avec ce chrono de 48’’14, qui la propulsait au 3ème rang mondial de tous les temps, derrière Marita Koch et Jarmila Kratochvilova. Une performance historique obtenue en évitant les contrôles anti-dopage. C’est Salwa Eid Naser, elle-même qui le déclare, et l’Athletics Integrity Unit le confirme. Elle s’est ainsi jetée dans la gueule du loup, et ses explications lèvent le voile sur une morale plus qu’extensible…
Yanko Bratanov et Juan Pineda, les hommes de l’ombre
Ces éléments se situent en contrepoint avec les déclarations Juan Pineda, son manager espagnol. A l’annonce de cette suspension provisoire, celui-ci soutenait avoir été informé par son athlète de deux contrôles ratés en 2019, et d’un troisième en tout début 2020.
Il apparaît ainsi à nouveau très mal informé, comme il l’avait déjà affirmé dans les grosses affaires précédentes de dopage qui ont touché des athlètes de son team, Abraham Kiptum, recordman du monde du semi, Robel Fsiha, champion d’Europe de cross, ou encore Sadik Mikhou.
Le voilà à nouveau associé à un cas plus que trouble, et il aura beau jeu de renouveler son discours de refus de toute responsabilité des managers dans de telles affaires.
D’autant qu’il ne peut ignorer que Salwa Eid Naser a travaillé de longue date avec Yanko Bratanov, un entraîneur bulgare, qui l’avait fait progresser de manière spectaculaire, dès 2015, pour la rendre capable de courir en 51’’50 à 17 ans et l’amener au titre de championne du monde cadette en 2017.
Or la réputation de coach était pour le moins sulfureuse, comme l’avait souligné dès octobre dernier, le journaliste allemand Edmund Willinson, révélant qu’il était accusé par l’athlète Abedelari, de lui avoir injecté à son insu des stéroïdes anabolisants à l’époque où il travaillait pour le compte du Qatar.
Le Bahrein, les podiums olympiques et mondiaux souillés
Salwa Eid Naser ramène ainsi à nouveau sur le devant de la scène le Bahrein, qui certes ne compte que six athlètes suspendus mais affichant de sérieux palmarès : Ruth Jebet, championne olympique du steeple, recordwoman du monde, Eunice Kirwa, vice-championne olympique du marathon, ou encore Kemi Adekoya, champion du monde indoor du 400 m, Albert Rop, 12’53’’ sur 5000 m. Et bien avant eux, le bal avait été lancé par Rachid Ramzi, qui avait perdu ton titre olympique du 1500 mètres de Pékin 2008, après contrôle positif à la Cera.
L’affaire Naser ne pourra qu’avoir que plus de retentissement au Bahrein, car au contraire de ces athlètes, elle n’a pas été recrutée dans un pays étranger, mais est tout simplement de nationalité bahreini par sa naissance d’un père bahreini et d’une mère, ancienne sprinteuse, du Nigéria.
Le record du monde doit être effacé
Une athlète dopée ne réussit que la 3ème performance mondiale de tous les temps. C’est une autre analyse que quelques observateurs ont pointé du doigt. A juste titre. Même sous la probable emprise de produits, Salwa Eid Naser n’a pu descendre sous les 48 secondes, que seules l’Allemande de l’Est, Marita Koch, et la Tchèque, Jarmila Kratochvilova, ont pu gommer en 1985 et 1983, à une époque où le bloc de l’Est était adepte des méthodes lourdes de dopage.
D’où cette conclusion abrupte : un tel chrono s’avère véritablement inaccessible pour toute spécialiste du 400 mètres, et le record du monde doit être définitivement gommé des tablettes….
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : DR