Les contrôles des échantillons prélevés durant les JO de Londres 2012 se poursuivent, et deux nouvelles suspensions ont été prononcées. Mais une fois de plus, ce sont des athlètes de deuxième zone et retraités des pistes qui se voient sanctionnés, alors que les nations dominantes et les médaillés olympiques apparaissent visiblement préservés de cette procédure de retesting. Encore une incohérence à l’actif de l’anti-dopage !
Près de huit ans plus tard, deux nouvelles athlètes sont pointées du doigt pour des échantillons positifs prélevés lors des JO de 2012 ! La moisson s’accroît, avant de se stopper définitivement, à la faveur de la règle des huit années. C’est donc en 2019 qu’ont été effectuées les dernières réanalyses, en utilisant de nouvelles techniques pour détecter des produits interdits.
Mais comme en octobre 2018, lorsqu’avait été annoncé qu’un deuxième round d’analyses avait été lancé, on ne peut qu’être surpris par les noms des athlètes ainsi pointés du doigt, et se demander pourquoi les avoir choisis ?
L’Albanaise Klodiana Shala n’a même pas disputé les séries du 200 mètres, après un forfait sur blessure. La Turque Gulcan Mingir n’a pas fait beaucoup mieux, sortie dès les séries du steeple. Certes l’analyse de leurs performances fait apparaître dans les deux cas une sérieuse incohérence en 2012 : à 33 ans, l’Albanaise Shala descend son record à 23’’27, elle plafonnait à 23’’55 depuis six ans, et c’est ce gros chrono qui lui permet de se qualifier aux JO. La Turque Mingir, elle, réussit encore mieux, à la mi-juin 2012, elle passe de 9’39’’ à 9’13’’, et après avoir été championne d’Europe espoirs 2011, elle devient même fin juin 2012 la championne d’Europe en titre !
Deux progressions chronométriques plus que choquantes et qui ont probablement alors orienté les contrôles anti-dopage sur elles. Mais huit ans plus tard, pourquoi avoir restesté ces deux échantillons d’athlètes complètement inexistantes au niveau des Jeux Olympiques ?? Et qui ont toutes les deux achevé leur carrière dès 2013…
Les petites nations font augmenter les compteurs, les grandes nations sont oubliées
Le CIO se garde bien de commenter ces choix, en dépit des réactions hostiles qui ne manquent pas d’émerger lors de telles annonces. Avec toujours le même leitmotiv, les médaillés olympiques ne sont-ils pas soumis à ces vérifications a posteriori ???
Pour éviter que de grands noms de l’athlétisme passent à la trappe ??!!! C’est bien sûr la très mauvaise idée partagée par un certain nombre d’observateurs de l’anti-dopage. En particulier en Grande Bretagne où l’hostilité affichée de certains à Mo Farah et les questionnements autour du véritable rôle de l’Agence Anti-Dopage Britannique les amènent à réagir pour se questionner sur « l’oubli » du double champion olympique dans ces opérations de retest.
D’une manière plus générale, il est vrai qu’il est surprenant que les athlètes ainsi sanctionnés a posteriori émanent de « petits » pays : l’Albanie, la Turquie, le Kazakhstan, la Biélorussie, la Lettonie. A l’exception bien sûr des athlètes de Russie, plus que ciblés après les révélations sur le dopage étatique, et d’ailleurs surtout retestés sur 2008.
Car comme le souligne dans un tweet « Cleans », un mystérieux acteur de l’anti-dopage : « Pourquoi ne pas nous donner visibilité sur les procédures et nous dire si vous avez retesté les échantillons des athlètes représentant la Grande Bretagne et les USA, qui ensemble, ont remporté 22% des médailles d’or des JO de Pékin 2008 et 25% des médailles d’or des JO de Londres 2012 ? »
Une remarque très pertinente qui demeurera évidemment sans réponse… Mais pendant ce temps-là, les compteurs montent. Ce sont au moins 10% des participants des JO 2012 qui ont subi un contrôle positif entre 2012 et maintenant. A la fin des Jeux de Londres, le chiffre n’était que de 2% !
Texte : Odile BAUDRIER