Mo Farah se retrouve à nouveau au cœur d’une polémique en Grande Bretagne après que l’agence britannique anti-dopage ait annoncé son refus de transmettre les échantillons de l’athlète à l’agence Mondiale Anti-Dopage, dans le cadre de l’enquête menée sur les athlètes entraînés par Alberto Salazar, suspendu depuis septembre. Une attitude qui a suscité beaucoup de réactions négatives d’une presse très dubitative sur les performances du quadruple champion olympique…
« Une preuve crédible ». C’est ce qu’attend de recevoir Nicole Sapstead, la directrice de l’UKAD, l’agence anti-dopage britannique, avant d’accepter de remettre à l’AMA les échantillons de Mo Farah actuellement conservés par son agence.
La formulation est pour le moins maladroite, en révélant que pour la patronne de l’anti-dopage britannique, la démarche de l’agence mondiale de s’attaquer aux « retesting » des échantillons des athlètes du groupe d’entraînement d’Alberto Salazar n’est pas fondée.
L’AMA souhaite ainsi vérifier si les athlètes du coach n’ont pas franchi la ligne rouge alors même que celui-ci a été suspendu quatre ans pour des pratiques dopantes. Avec cette question : « A qui étaient destinés les produits et méthodes illicites bâties par Salazar ??? » Et en filigrane, une réponse toute bête, forcément à ses protégés !!
Immédiatement après l’annonce de la suspension d’Alberto Salazar, le président du CIO, Thomas Bach, avait donné le ton en indiquant qu’il demanderait à l’AMA d’enquêter sur les athlètes. L’AMA n’avait plus qu’à suivre cette direction, et début novembre, son président de l’époque, Sir Craig Reedie, confirmait s’intéresser à Galen Rupp, Safan Hissan, et Mo Farah.
Les échantillons sont exploitables 10 ans seulement
Mais l’anti-dopage britannique ne l’entend pas de cette oreille, avec un argument pour le moins surprenant : celui de préférer conserver les échantillons pour qu’ils soient utilisés dans le cas d’avancées scientifiques futures.
Or d’ores et déjà, pour les échantillons prélevés en 2012, de nouvelles techniques d’investigation existent, et en particulier, le test développé pour la détection de la testostérone synthétique. Il y a donc matière à découvrir d’éventuels dérapages. Et le temps presse, car la durée légale des retests n’est que de 10 ans.
L’attitude de Nicole Sapstead est apparue très arrangeante à l’égard de Mo Farah, suscitant une vague de réactions hostiles d’autant que le quadruple champion olympique a pris quelques largesses avec la réalité de sa collaboration avec Alberto Salazar, comme il l’avait déjà fait dans le passé concernant ses liens avec Jama Aden.
Mo Farah ment sur sa collaboration avec Alberto Salazar
Début janvier, il avait déclaré à la BBC qu’il n’était nullement informé des mauvaises pratiques d’Alberto Salazar et que s’il l’avait été, il aurait de suite quitté le groupe du Nike Oregon Project, et non pas seulement en 2017. Mais cette affirmation ne colle pas avec les faits avérés, Mo Farah ayant été informé dès 2015 par l’équipe de Prorepublica et de la BBC qu’il y avait des questionnements autour du coach américain, sans qu’il n’envisage un instant de le quitter. Et c’est encore sous sa houlette qu’à Rio en 2016, il obtenait un double titre de champion olympique.
Une largesse très mal appréciée en Grande Bretagne, où les détracteurs de Mo Farah, dubitatifs face à sa progression brusque sous la houlette d’Alberto Salazar, sont nombreux et traquent ses mensonges et faits et gestes. Tout récemment, des photos de lui sur la piste de Tambach au Kenya ont ainsi suscité des commentaires très hostiles à l’égard de ses deux partenaires d’entraînement de ce jour-là, Derek Rae, un Ecossais marathonien handisport olympique, et Andrew Butchart, 6ème sur 5000 m aux JO 2016.
Toutes les images de Mo Farah aux côtés d’athlètes sont soigneusement archivées par la presse anglaise et propices à favoriser un futur basching. Prudence donc pour les athlètes français en stage au Kenya…
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand