La date du 20 novembre a été fixée par la Commission des Sanctions de l’AFLD, pour statuer sur le dossier de Clémence Calvin et Samir Dahmani. Les deux athlètes encourent quatre ans de suspension, Clémence Calvin, pour refus de contrôle, Samir Dahmani, pour obstruction au contrôle.
Il aura fallu près de huit mois pour que l’affaire Clémence Calvin aboutisse devant la Commission des Sanctions de l’AFLD, chargée de statuer le 20 novembre sur la suite à donner à cette procédure enclenchée le 27 mars 2019 après que la marathonienne ait été accusée par les contrôleurs de l’Agence Française Anti-Dopage de soustraction au contrôle, et son compagnon, Samir Dahmani, d’obstruction à ce contrôle.
En huit mois, les rebondissements n’ont pas manqué dans ce cas très médiatisé, en raison, à la fois, de la notoriété de Clémence Calvin, sacrée vice-championne d’Europe du marathon à l’été 2018, et des conditions très rocambolesques du contrôle effectué à Marrakech par Damien Ressiot, le Directeur des contrôles à l’AFLD, le docteur Olivier Grondin, l’un des plus anciens et renommés préleveurs de l’agence, et une préleveuse.
Les versions des uns et des autres se sont opposées, avec cette théorie présentée par Clémence Calvin, lors d’une très étonnante conférence de presse conduite le mercredi 10 avril 2019, que ces contrôleurs se seraient présentés comme des policiers français, d’où sa fuite pour leur échapper (???).
Le cas Calvin comporte une multitude d’aspects très inédits. Et surtout bien sûr, celui de l’annulation de sa suspension provisoire prononcée par le Conseil d’Etat, au motif qu’elle n’avait pas eu le temps de se défendre entre sa suspension provisoire prononcée le mercredi 10 avril 2019 et son marathon de Paris prévu le 15 avril 2019 et qui lui avait permis de pouvoir disputer l’épreuve, où elle allait établir un record de France, demeuré en attente de validation.
Ce référé introduit par son avocat Maître Péricard et ce verdict positif n’ont pas manqué de surprendre la communauté de l’anti-dopage, où les sorties expéditives sont la règle. Ainsi le vendredi 26 avril 2019, à deux jours du marathon de Londres, Abraham Kiptum, recordman du monde du semi-marathon, s’était vu interdit de course par l’AIU, et renvoyé immédiatement par le premier avion vers le Kenya.
Toutefois pour le deuxième référé déposé par la marathonienne en juin 2019, le Conseil d’Etat allait se révéler moins clément, et confirmait cette fois la suspension provisoire prononcée le 25 avril 2019 par Madame Laurent, la présidente de l’AFLD.
Clémence Calvin a repris l’entraînement à Font Romeu
Durant ces longs mois de suspension provisoire, Clémence Calvin a d’abord été très présente dans les médias, dans une orchestration bien menée par son avocat, et divers conseillers, qui l’amenait à déployer à tout va sa version des faits, tout en menant une attaque féroce contre Damien Ressiot, et ses deux collègues. Au point que l’AFLD intentait fin juin 2019 une action contre Clémence Calvin en dénonciation calomnieuse, pour contester son accusation d’usurpation d’identité des préleveurs, et également pour diffamation, comme Damien Ressiot le faisait également de son côté.
Depuis le mois d’août, Clémence Calvin a retrouvé les terrains d’entraînement, présente en particulier en août à Font Romeu, durant plusieurs semaines, en même temps que Khalid Aït Omar, un proche du couple, et les nombreux membres de l’Equipe de France en stage de préparation pour le Championnat du Monde de Doha l’ont croisée à de multiples reprises sur les parcours. Tout récemment encore en octobre, Clémence Calvin était vue à l’entraînement à Font Romeu. Entre temps, c’est sur le stade de Martigues qu’elle était aperçue. Et partout, Clémence Calvin soutenait le même discours, elle prépare son retour car son contrôle sera annulé pour vice de forme.
Un point de vue auquel elle n’a jamais dérogé depuis le mois d’avril, persuadée que les témoignages qu’elle aurait obtenus au Maroc lui permettront de prouver que les contrôleurs se sont bien présentés comme des policiers, et que le contrôle n’est donc pas légitime.
La Commission des Sanctions statue de manière indépendante
La Commission des Sanctions devra donc démêler ces éléments. Le cas Calvin est certainement le plus complexe que cette commission ait à statuer depuis qu’elle a été créée, en septembre 2018, afin de garantir la séparation entre les missions de contrôle des athlètes et de leur jugement.
Après un lancement relativement lent, la Commission, formée de 12 membres, mêlant juristes, experts médicaux et sportifs, et qui évolue de manière indépendante par rapport à l’AFLD, s’est réunie plusieurs fois depuis le début de l’année, et a également formulé son avis sur les procédures dites de « composition administrative », dans lesquelles l’AFLD passe un accord avec le sportif positif.
Clémence Calvin et ses avocats, Maître Pericard et Maître Bosselut, ont, eux, refusé en juin la proposition d’une suspension de quatre ans, préférant défendre leur dossier devant la Commission indépendante. Celle-ci devra donc trancher en décidant ou non d’une sanction.
Quelle pourra en être la durée ? Quatre ans, en accord avec la réglementation anti-dopage internationale. Avec une seule possibilité de réduction de deux ans dans le cas d’aveu spontané. Ce qui ne peut évidemment s’appliquer à Clémence Calvin, pas plus qu’à Samir Dahmani.
Une décision qui pourra être contestée auprès du Conseil d’Etat, tant par Clémence Calvin, que par l’AFLD. Sans oublier aussi que l’AIU est également autorisée par la réglementation à former un recours au nom de l’IAAF.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand