La télévision allemande ZDF jette un nouveau pavé dans la mare sur le dopage au Kenya, avec un sujet dévoilant l’utilisation d’EPO par huit athlètes sélectionnés pour le Championnat du Monde de Doha. Et aussi la corruption des instances nationales pour protéger les athlètes dopés.
Les images ont un air de déjà vues. Un médecin injectant de l’EPO à un athlète dans une arrière-boutique, simplement protégée par un rideau. Cette fois, c’est ZDF, l’autre chaîne allemande qui les diffuse. Elles dévoilent que les mauvaises habitudes n’ont pas disparu au Kenya, plusieurs années après que Hajo Seppelt ait diffusé de telles images sur ARD.
Mais alors qu’Hajo Seppelt s’est concentré cette année sur le Maroc dans un sujet qui sera diffusé début octobre, et qui pourrait faire beaucoup de bruit en France, le journaliste Harm Von Markus s’est à nouveau intéressé au Kenya, et aux dérives du dopage.
Et le tableau dressé n’est pas reluisant, avec des informations qui confirment que l’usage de l’EPO demeure répandu. Un médecin, témoignant anonymement, révèle au micro de Von Markus avoir injecté 8 athlètes membres de l’équipe du Kenya en lice pour le championnat du monde de Doha.
Pourtant le gouvernement du Kenya a affiché une position très offensive face au problème du dopage, avec l’interdiction définitive de toute sélection en équipe nationale pour un athlète dopé. De plus, des règles strictes avaient été fixées par la Fédération du Kenya, à savoir que tous les membres de l’équipe nationale devaient avoir effectué 3 tests hors compétition pour obtenir leur qualification finale. Officiellement, seulement deux exceptions ont été faites, pour deux coureurs du 5000 mètres, qui n’avaient pas pu respecter cette règle, faute de temps suffisant entre leur sélection et le début du Mondial.
Mais le sujet de ZDF livre une toute autre version sur les pratiques de la Fédération du Kenya. La corruption serait de mise entre la Fédération et l’Agence Anti-Dopage du Kenya. Un ancien employé d’ADAK a livré à Von Markus un témoignage qui explique que les contrôles positifs de certains athlètes sont dissimulés, en échange d’argent. Une situation peu surprenante dans un pays où la corruption règne avec des élites avides de s’enrichir.
Le directeur de l’Athletics Integrity Unit, Brett Clothier a confirmé à ZRD son inquiétude face à ces allégations, et a brandi la menace d’une suspension définitive du Kenya, comme il l’a été fait pour la Russie.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.