La Russe Ksenya Savina a été suspendue pour 12 ans par l’AIU après un contrôle positif à l’EPO, qu’elle a tenté de justifier en produisant de faux certificats médicaux. Cette athlète de 29 ans, qui valait à peine moins de deux minutes sur 800 mètres, est également suspectée d’avoir couru sous une fausse identité.
Faux certificats médicaux. Faux passeports. Le faux s’avère une deuxième nature pour Ksenya Savina. La jeune athlète de 29 ans n’a pas trouvé mieux pour mener sa petite carrière de spécialiste du 800 mètres.
C’est d’abord sa fausse identité qui a été révélée au grand jour fin avril après que plusieurs médias, notamment le site russe Match, aient découvert que la Russe Ksenya Savina évoluait aussi sous le nom de Galina Sychko, de nationalité ukrainienne.
Pourquoi ce subterfuge ? Parce que Ksenya Savina, originaire de Crimée, était devenue Russe en juin 2014, juste après l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Mais quelques mois plus tard, la Russie se voit suspendue par l’IAAF, et Ksenya Savina interdite de compétitions à l’étranger. C’est à ce moment-là qu’elle trouve un moyen très étrange de poursuivre sa petite carrière, et qu’elle échafaude cet échange d’identité avec Galina Sychko, une amie ukrainienne pratiquement du même âge, et qui a stoppé, elle, la compétition.
Elle poursuit alors deux carrières, sous ses deux identités. La première exclusivement en Russie, où elle pointe en 1’59’’97 en 2017. La deuxième en Europe, où on la retrouve dans une dizaine de compétitions, surtout en Belgique, et elle dispute aussi le meeting en salle d’Eaubonne en février 2017, où elle termine en 7ème position. Mais pour brouiller encore mieux les cartes, son mari, et entraîneur, Alexei Savin l’s’inscrit sous un patronyme déformé, celui de Halyna Syshko, tout en se présentant comme Monsieur Syshko.
12 ans pour une première sanction, les faux documents coûtent cher !
Toutefois ce n’est pas pour cette usurpation d’identité que Ksenya Savina se retrouve suspendue pour 12 ans. Cette fois, c’est son usage d’EPO qui est sanctionné. Un contrôle effectué à Ifrane le 12 mai 2018 l’a trahie. Mais fidèle à leurs habitudes, la jeune athlète et son mari n’ont pas résisté aux mensonges pour se justifier. Ils ont produit un certificat médical attestant des problèmes rénaux de Monsieur Savin, qui l’obligeraient à prendre de l’EPO pour se soigner. Et ils n’ont pas hésité à affirmer que c’est leur femme de ménage d’Ifrane, qui aurait mélangé les comprimés d’EPO de Monsieur et les médicaments contre le mal de dos de Madame…
Mais l’AIU a pris la peine de demander à l’agence anti-dopage russe de vérifier auprès de la clinique de Simferopol en Crimée l’authenticité de ce certificat médical, pour découvrir le pot aux roses. Aucun médecin ne l’avait rédigé !
L’Athletics Integrity Unit a ainsi retenu deux motifs de sanction contre Ksenya Savina, le dopage à l’EPO, et l’altération du contrôle avec ces faux documents, et également l’accusation de complicité contre son mari. Avec à la clef, une sanction de 4 ans pour Monsieur, et de 12 ans pour la jeune femme, une durée très rare pour une première infraction. L’AIU envoie ainsi un signal fort aux adeptes des faux documents…
Texte : Odile Baudrier
Photo : D.R.