Les produits dopants entrent en Algérie par la Tunisie et la situation sur le problème du dopage apparaît très préoccupante dans le pays, où de nombreuses largesses avec les sanctions anti-dopage sont prises. Comme la sanction raccourcie prononcée contre Ali Messaoudi, qui prépare sa reprise, justement en Tunisie…
Le cri d’alerte lancé en fin d’année dernière sur l’étendue du dopage en Algérie se voit à nouveau relayé ce printemps, avec de nouvelles révélations sur les filières d’approvisionnement des produits dopants.
En novembre dernier, c’est Mustapha Berraf, le patron du Comité Olympique Algérien, et Sid Ali Sakhri, entraîneur à la Fédération algérienne d’athlétisme qui avaient dévoilé leur inquiétude sur l’usage très répandu du dopage par des athlètes pour simplement obtenir leur qualification pour des championnats internationaux, garantie de sortie du pays.
Cette fois, le journaliste Chafik Boukabes du très sérieux « El Watan » fait le relais d’informations données par un entraîneur d’athlétisme, qui confie ses inquiétudes à voir des colis de produits dopants arriver en Algérie directement depuis la Tunisie, un pays où les trafics pullulent à la faveur de sa proximité avec la très perturbée Lybie.
Selon cet informateur, ce sont de grandes quantités de produits interdits qui circulent de la sorte pour alimenter le marché algérien, et surtout en EPO, vendue environ 120 euros la boîte. Et des athlètes de niveau intermédiaire seraient les utilisateurs, comme l’a expliqué à Chafik Boukabès, un ancien coureur de l’équipe nationale junior, qui explique que « des athlètes se dopent juste pour s’imposer aux différents championnats nationaux d’athlétisme ou pour réussir les minima ».
Ces accusations se doublent d’une mise en cause de la CNAD, la Commission anti-dopage d’Algérie, accusée d’orienter ses contrôles de manière fallacieuse, et de prendre des décisions peu conformes aux réglementations anti-dopage.
Dernier exemple en date, les nouvelles largesses accordées à Samira Messad, qu’on a retrouvée en compétition fin avril, alors que sa suspension de quatre ans s’achève en juillet 2019. Déjà, l’été dernier, la hurdleuse avait été autorisée dans le championnat national open. Samira Messad enfreint ainsi la sanction affichée par l’Athletics Integrity Unit, avec la bénédiction des autorités sportives algériennes, le Tribunal Arbitral du Sport Algérien ayant, lui raccourci sa sanction de deux ans.
Les dérapages de l’anti-dopage algérien sont fréquents, surtout en athlétisme. Ali Messaoudi n’a été suspendu, lui aussi, que pour deux ans, alors que la sanction aurait dû être quatre ans compte tenu de son recours à stanozolol, anabolisant détecté lors des Jeux de la solidarité islamique à Baku en mai 2017.
Une décision aberrante et passée de toute façon complètement inaperçue au niveau international, l’Athletics Integrity Unit ne l’a toujours pas enregistrée, et l’on pourrait se retrouver dans la situation absurde que la suspension s’achève sans jamais avoir été affichée par l’IAAF…
Après cet arrêt raccourci, Ali Messaoudi, qui n’a que 24 ans, projette d’ailleurs son retour sur les stades. L’athlète qui a évolué en 2016 et 2017 au sein de Lyon Athlétisme a repris l’entraînement sous la houlette de Zahir Oulkadi, entraîneur également bien connu à Lyon, où il vit. Mais c’est sur le stade olympique de Rades dans la banlieue de Tunis qu’à la mi-avril, on a retrouvé Ali Messaoudi et Zahir Oulkadi en pleine séance d’entraînement. Un choix très dérangeant alors qu’apparaissent les informations sur cette filière tunisienne du dopage….
Texte : Odile Baudrier
Photo : D.R.