Othmane el Goumri a retrouvé la compétition après sa suspension de deux ans pour passeport biologique douteux, entre juillet 2016 et juin 2018. Mais ses performances avaient été annulées dès août 2013, provoquant la perte du titre de champion de France par équipe pour le club d’Alès, où il avait été licencié entre 2014 et 2016. Le Marocain de 26 ans évolue maintenant sous les couleurs d’un club espagnol.
C’est désormais du côté de l’Espagne que l’on peut retrouver Othmane El Goumri depuis que sa suspension de deux ans pour passeport biologique irrégulier s’est achevée fin juin 2018. En réalité, c’est d’abord aux Pays Bas que le Marocain a renoué avec la compétition, mi août 2018, lors d’un 10 kilomètres. Mais depuis, on le retrouve sur les compétitions en Espagne, sur de nouvelles distance, le semi-marathon, et le marathon.
Avec un abandon à la clef sur son premier marathon à Valence, début décembre, mais avec une certaine réussite sur semi, puisqu’après une entrée en matière plutôt timide, à Valladolid, le 23 septembre, conclue par un chrono de 1h06’04’’, sa prestation au semi de Valence le 28 octobre l’a vu terminer en 1h01’47’’. En fait, Othmane el Goumri avait déjà tâté de cette distance dans ses très jeunes années, il n’avait alors que 20 ans, et c’est à Argentan dans l’Orne qu’il s’y était immergé pour la première fois, avec un chrono très concluant de 1h05’23’’, il valait aussi 28’44’’ sur 10 km route.
De gros chronos à 21 ans, mais sont-ils fiables ??
L’année suivante, en 2013, El Goumri va se distinguer particulièrement sur la piste, descendant ses records à 3’37’’79 sur 1500 et 13’13’’72 sur 5000 m. Il n’a alors que 21 ans, et son avenir apparaît radieux. Mais on sait maintenant que ces performances réalisées en juin et juillet 2013 ne peuvent qu’être accueillies avec scepticisme, il sera établi par la suite que ses paramètres sanguins apparaissaient irréguliers dès la mi-août 2013…
Le jeune Marocain brille également en cross, en particulier à la faveur de son intégration au sein du club d’Alès Cévennes Athlétisme, qu’il intègre en 2014. Une recrue très intéressante pour le club alésien, il remporte le championnat de France de cross en 2014, et à nouveau en 2016, avec par ricochet, le titre collectif pour le club, sans oublier aussi la victoire à la Coupe d’Europe des cross en 2016.
La rumeur d’un problème autour de son passeport biologique avait circulé dès le printemps 2016, mais il avait fallu attendre début décembre 2016 pour que cette information soit confirmée avec l’annonce d’une suspension de deux ans, entre juillet 2016 et juin 2018. Mais aussi une annulation de toutes ses performances à partir de mi-août 2013, date à laquelle ses taux sanguins avaient dévoilé des anomalies, qu’il n’avait pu expliquer aux experts de l’IAAF.
Une sale affaire pour le club d’Alès
La sanction allait peser lourd pour le club d’Alès, d’abord par la perte du titre 2014, puisque le titre 2016 pouvait finalement lui être conservé. Et surtout en termes d’image, avec une nouvelle affaire de dopage concernant l’un de ses licenciés, après les cas de Khalid Zoubaa (EPO en 2007), de Abraham Kiprotich (EPO en 2013).
Mais ce nouvel épisode allait aussi créer des dissensions énormes au sein du club, le couple Albaladejo rejetant la responsabilité de ce recrutement sur Hassan Lahssini, lui-même en reportant la concrétisation sur Mohamed Moustaoui et Karim Tahri (qui allait plus tard démentir toute implication dans ce dossier).
L’affaire tombait d’autant plus mal que le club avait impulsé un revirement sur sa politique de recrutement de coureurs étrangers de très haut niveau international, s’orientant vers l’intégration de coureurs français, de niveau plus national. Ainsi étaient arrivés des coureurs comme Romain Courcières, Freddy Guimard, les frères Gras. Et pour l’encadrement, Philippe Rémond, chargé de driver le haut niveau. C’est d’ailleurs sous la pression de l’ancien marathonien et de ces nouveaux athlètes que la licence d’Othmane el Goumri n’avait pas été renouvelée par le club d’Alès en juin 2016.
Dans le futur, reverra-t-on Othmane El Goumri évoluer en France ? En tout cas, l’Espagne l’a très bien accueilli, avec cette intégration au sein du club de « Campo Grande » à Valladolid. Sans oublier qu’il n’a encore que 26 ans.
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : Gilles Bertrand